J'ai voulu lire
l'Inattendu parce qu'il y a deux ans, je suis tombée amoureuse de
Charles Juliet en lisant
Lambeaux, qui fait certainement partie de mes ouvrages préférés, et qui m'a secouée, émue et apprit dès les premières phrases.
En commençant
l'Inattendu, j'ai passé peut être les cinquante premières pages à être déçue. Sans doute parce que j'en attendait énormément, je m'attendais à être secouée et emportée dès le départ. Au contraire, ça commence de manière assez simple, on a la description de la vie du petit paysan. En effet, ça a un côté émouvant, mais ça ressemble à la plupart des romans d'initiation qui peuvent se lire. L'écriture est simple, ça se lit très vite, et franchement ça prendre une forme de récit assez banale qui m'a personnellement déçue.
Et puis les différentes parties se succèdent, et d'une partie à l'autre, Juliet change la narration en parlant du "il" au "je". Dans la première partie le personnage principal est constamment appelé "l'enfant", ce qui donne un sentiment étrange mais intriguant. Et puis on plonge dans le "je", et on découvre le personnage de plus en plus près - c'est un effet de narration très intéressant et agréable.
Ce qui a commencé à m'émouvoir au bout d'une cinquantaine de pages, c'est qu'ayant lu
Lambeaux qui est un roman autobiographique, je connais un peu les morceaux d'histoire importants et qui posaient problème dans la vie de Juliet (apprendre que sa mère est en fait sa mère adoptive à la mort de sa mère naturelle, etc). Or dans
L'inattendu, on retrouve ces choses, qui arrivent précisément à l'enfant. C'est cependant évoqué de manière évasive, rapide et timide, et ce que j'ai trouvé beau (mais peut être est-ce mon imagination qui s'emballe), c'est qu'il a écrit
l'Inattendu avant d'écrire
Lambeaux et qu'en lisant la dernière partie de
Lambeaux qui parle de la difficulté déchirante d'écrire, de s'écrire, on peut tout à fait s'imaginer que dans
l'Inattendu, il lutte terriblement parce qu'il a besoin de parler de ça mais qu'il n'y arrive pas parce qu'il n'est pas prêt, pas encore. Je trouve ça sublime, ça a fait renaître en moi ce que
Lambeaux a secoué à l'époque, de voir cet auteur qui se fait pudique à essayer d'explorer à travers une tierce personne ce qu'il ne peut pas encore extérioriser.
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