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EAN : 9782710300144
224 pages
La Table ronde (01/04/1980)
3.06/5   8 notes
Résumé :
Ce livre est un roman flamboyant de la fureur et de la passion qui, au XIVe siècle, s'emparent de milliers de jeunes gens d'origine populaire baptisés « pastoureaux » par les contemporains, qui descendent du Nord et de la région parisienne par le Languedoc pour s'embarquer vers la Terre sainte. Les principaux héros : Sac d'enfer, Guillaume, Clotilde et Mathieu le forgeron qui conte leur croisade. hallucinée, sont des personnages de fiction, en qui retentissent tous ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Belle découverte que ce roman, qui entraîne le lecteur sur les routes depuis le nord de la France jusqu'en Camargue au début du XIVème siècle. Ce roman est construit sur des bases historiques, trois des personnages cités ont réellement existé : le roi Philippe V "Le Long", Jean XXII, le "pape blanc" d'Avignon et Jakobus, moine cistercien hongrois en rupture d'abbaye. Jakobus, "Le Maître de Hongrie" subjugue les foules et arrive à séduire des milliers de jeunes gens d'origine populaire, "Les Pastoureaux" qui souhaitent mener une nouvelle croisade et s'embarquer pour la Terre Sainte. A propos de cette épopée, Saint-Denis, écrira dans ses Chroniques : "L'année 1320, dans le Royaume de France éclata un mouvement d'hommes, inattendu et impérieux comme un tourbillon... Ils étaient soulevés par des trufeurs (trompeurs)."... Effectivement, les meneurs étaient-ils honnêtes? Pas forcément, hélas. Souvent aventuriers, beaux-parleurs, malins et assez instruits, ils arrivaient à captiver une population inculte, qui les suivait aveuglément, et commettait viols, pillages, et massacres de "mécréants" ou même de "mauvais curés", au nom de la religion et en chantant des cantiques célébrant La Vierge Marie... Un roman, que j'ai beaucoup apprécié, rédigé en partie avec des mots et expressions moyenâgeuses, mais un livre quand même excessivement violent. Ceci, compte-tenu de l'époque, ne me surprend pas, nos ancêtres du Moyen-Age, ne semblaient pas être des "tendres", et puis il y a aussi ces débordements, cette violence aveugle encouragée par les meneurs, là encore pas encore de grosse surprise, à toutes les époques il y a eu des manipulateurs, et meneurs d'hommes... et il y en a encore, l'actualité ne nous épargne pas en rapportant des faits divers, dont les principaux acteurs sont des gourous, escrocs, mythomanes, hommes politiques parfois qui prennent le pouvoir et conduisent leur pays et surtout leurs sujets à la ruine en les précipitant dans la violence et le malheur... Les mentors du Moyen-Age ont essaimé.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
A Orbec, un nouveau curé nous avait été donné, un jouvenceau, selon ma mère. On me mena chez lui avec quelques autres petiots du village. Lui, m'apprit Dieu et sa forge. La tenaille à empreinte, c'était Satan, le faux rouleau, les pensées viles, la trempe, la foi en Notre-Seigneur Jésus. Seule, la Vierge Marie n'avait pas de nom d'outil. Vit-on jamais de Reine des Cieux descendre dans l'antre d'un forgeron? Je m'épris tant d'elle, que l'abbé me voulut apprendre le latin, assurant que c'est en ce langage savant qu'on converse le mieux avec Marie. La grâce m'avait touché, affirmait-il à mon père. Lui aimait la Vierge. A l'énoncé de son nom, il posait ses tenailles hors de la braise, lavait longuement ses mains grosses et dures, dans l'eau de la cuve. Alors, seulement, il s'agenouillait, yeux ouverts, et disait tout haut son Ave Maria. C'est ainsi que je fus petitement, mais saintement, instruit des Ecritures.
Je disposai, dès lors, de deux catalogues : celui des outils pour être bon forgeron, celui des saints du Paradis pour être bon chrétien...
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Le bruit a commencé à courir la muete alors que nous approchions de l'Agenais. Plus nombreux que jamais, nous avancions dans le soleil. La procession s'ébranlait dès prime, s'arrêtait vers sixte pour manger et boire, et reprenait pour s'achever à vêpres. La nourriture devenait âpre à gagner. Les villageois se défiaient de nous ; à notre venue, ils serraient leur basse-cour, rentraient leur bétail. Même les cantiques à la gloire de la Vierge Marie ne suffisaient plus à faire ouvrir les portes. On se préférait mécréant que pauvre. Nous commencions à souffrir affres de la faim, lorsqu'à Monpazier, passé Sarlat, le Maître de Hongrie sonna le rappel. Depuis le départ de Paris, c'était la première fois qu'il se montrait à nous. Des tréteaux avaient été assemblés. On y allongea des planches. Les étendards, plantés en sol, flottaient. Mon impatience était grande de le voir. Il monta sur l'estrade. Un coup de corne donné par un pastoureau domina le tumulte, et, sitôt, le silence se fit.
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"Bois", m'ordonna-t-il.
J'obéis. Il avala son gobelet entier, puis s'essuya les lèvres. La sueur perlait à son visage.
"La soif, vois-tu, c'est pire tourment, pire, pire..."
Il le répétait sans cesse. "Pire, pire" et je compris qu'il était soûl. Sa parole, pâteuse, l'entraînait :
"Quand Jésus, enfançon, fuyait en Egypte devant les soldats d'Hérode, Joseph et Marie, au coeur du désert, n'eurent plus d'eau à lui bailler. Les lèvres du nouveau-né se craquelaient et il devenait, de corps, mou et flasque, déjà dolent. Il n'y avait nulle source dans le sable. Marie crut que le fils allait périr. Elle s'agenouilla et pria. C'est alors que la plante, petite, à fleur incarnat poussée de vive volonté en ce lieu d'enfer, lui parla, oui, tu entends bien, Mathieu, la plante lui parla..."
Ses yeux étaient étoilés de larmes :
"Elle dit : "Arrache-moi, soigneusement, toute, jusqu'aux plus profondes racines. Presse-les, tu trouveras de l'eau." Marie le fit, Jésus but et fut sauvé.
Il se leva, bouscula gobelet et pichet, attrapa sa bourse, et, d'un pas chancelant, se dirigea vers le jardin.
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La pensée que le Maître fût un trufeur, désormais, m'était nuisance. Je ne la supportais plus. Clotilde perdue, il ne me restait rien à quoi accorder créance. Je marchais sur le chemin vers le village surmonté du château. Je respirais l'odeur amère des cyprès, en garde-bien, dans la nuit. Je tenais contre moi ma dextre serrée. Je savais ce que bientôt, j'allais lui faire, l'enoschier, la percer, la meurtrir au plus profond de la viande, la voir, sous mes yeux, se crisper, se clore, comme le font les araignées lorsqu'on les pique d'un poinçon. Ainsi, seulement, la vérité me serait donnée. Jakobus serait menteur si ma main devenait poing fermé à la semblance de la sienne. Dès lors, à quoi servait d'aller par les chemins, sur les pas d'un vagabond de fausseté?
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On dit que ce sont les fols qui vont ainsi, besace balançant au bout de la houlette, au long des routes. Peu me chaut. Je vais. Voici des jours et des nuits, des lieues et des lieues que je marche, m'arrêtant pour interroger, houspiller :
"Sont-ils passés? Où donc s'en sont-ils repartis?
- Qui avez-vous dit?
- Le Maître de Hongrie et ses pastoureaux."
Souvent, on me regarde sans me répondre. Les gens des bourgs les tiennent pour des gueux, des malquérants, emmenés par un démon. Je vais. En ces temps maudits, qui chez lui demeure, consent. Si nous ne bougeons pas, nous autres, les petits, les humbles, nous qui avons des mains à outil, nous finirons dociles comme les clercs. L'époque nous jette sur les chemins. Je vais.
Vers le beau sud solaire où ils se rendent, vers Jérusalem. Là-bas, où ils disent, quand la chance est avec eux : "J'ai mon olivier courant!"
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Video de Marcel Jullian (45) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marcel Jullian
Avec Katerina Fotinaki (arrangements et guitares), Henri Agnel (percussions, cistre et cordes) et l'aimable collaboration de Ninon Valder (flûte, bandonéon) Soirée proposée par Martina A. Catella & les Glotte-Trotters
« Privée de mon pays, j'ai compris tôt que ma vraie patrie, la seule qu'on ne pouvait me prendre, c'était ma langue. »
Par ces mots, et à travers ses chants, Angélique Ionatos nous a offert le plus précieux d'elle-même : sa langue grecque. Guidés par l'oreille implacable de Katerina Fotinaki qui est aussi philologue, nous avons abordé les rivages de la poésie, passant de Sapho de Mytilène (VIIe siècle avant J.C.) aux auteurs contemporains comme Lina Nikolakopoulou ou Odysséas Elýtis, une poésie portée par la tradition populaire dans ses somptueuses polyphonies (encore un mot grec) et par des compositeurs tels que Manos Hadjidakis, Mikis Théodorakis, Nikos Kypourgos, Lena Platonos et bien sûr Angélique Ionatos à qui nous rendons un hommage plein de tendresse et de gratitude en ce 22 juin, jour de sa naissance.
Avec les voix de : Agathe Warlouze, Christine Thiollet, Fiona Sanjabi, Isabelle Favier, Jehanne Pollosson, Julie Lenormand et Amalia, Laura Clauzel, Léa Pointelin, Lena Petrossian, Lila Tamazit, Marylin Guerreiro, Mia Livolsi, Michèle Franza, Ninon Valder, Noé Forissier, Roxane Terramorsi, Yacine Fall Solbes.
À lire – Odysséas Elýtis, le soleil sait, trad. du grec par Angélique Ionatos, coll. « D'une voix l'autre », Cheyne Éditeur, 2015.
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