Citations sur Psychologie de l'inconscient (37)
Le terme de libido signifie pour moi : énergie psychique, ce qui lui permet de désigner l’intensité dont sont chargés les contenus psychiques. Freud identifie libido et Eros, conformément à ses hypothèses théoriques, et souligne qu’il distingue la libido de l’énergie psychique en général. C’est ainsi qu’il dit (Gesammelte Schriften, tome V, p.92) : « Nous avons établi la notion de libido en tant que force quantitativement variable et susceptible de mesurer les processus et les échanges dans le domaine de l’excitation sexuelle. Cette libido, nous la différencions de l’énergie qu’il faut supposer, en toute généralité, à la base des processus psychiques… » Dans un autre passage, Freud dit que, pour ce qui est de l’instinct de destruction, « un terme analogue à celui de libido lui fait défaut ». Comme le prétendu instinct de destruction est aussi un phénomène énergétique, il me semble plus simple et préférable de définir la libido comme signifiant de façon générale des intensités psychiques, c’est-à-dire de faire du terme de libido un synonyme de l’énergie psychique en toute généralité.
L’œuvre civilisatrice est une sublimation d’énergies libres opportunément voulue et concertée.
J’ai connu de nombreux cas où un individu était redevable à sa névrose de toute l’utilité dont il fit preuve et de toutes les valeurs qui, à ses yeux, justifiaient l’existence ; car sa névrose avait mis obstacle, aux moments décisifs, aux bêtises qu’il allait commettre et l’avait contraint à suivre une ligne de conduite l’obligeant à développer les possibilités précieuses de son être ; ces germes auraient tous été étouffés, si la névrose, avec ses griffes d’acier, ne l’avait pas mis de force à la place qu’il devait occuper.
Souffrir d’une névrose, à quoi cela peut-il donc servir ? Sans doute, comme servent les mouches et toutes les autres vermines que le bon Dieu a créées, à exercer l’homme à l’utile vertu de patience.
Car les symptômes de la névrose ne se bornent pas à être les conséquences de causes ayant un jour existé, « sexualité infantile » ou « instinct infantile de puissance » ; ils constituent en même temps des tentatives de parvenir dans l’existence à une nouvelle synthèse – tentatives avortées, faut-il ajouter tout de suite, mais qui n’en sont pas moins des essais, contenant un noyau de valeur et de sens.
Chez Adler, l’accent porte sur un sujet qui cherche à se mettre en sécurité et à dominer les objets et les choses, quels qu’ils soient ; chez Freud, au contraire, l’accent porte entièrement sur les objets qui, à cause de leurs propriétés spécifiques et précises, sont favorables ou défavorables aux aspirations hédoniques du sujet.
En réalité, la nature humaine est en proie à un combat cruel et sans fin entre le principe du moi et le principe de l’instinct ; entre le moi, qui est structure et limitation, et l’instinct, protéiforme et sans limites, ces deux instances étant, en outre, à égalité de puissance.
A mon avis, rien ne nous permet de supposer que l’Eros est originel et que la volonté de puissance ne l’est point. Il est certain que la volonté de puissance est au cœur de l’homme un démon tout aussi grand que l’Eros, et qu’il est aussi vieux et aussi originel que ce dernier.
La morale ne vient pas du dehors et n’a pas été imposée par la force : chacun, en dernière analyse, la porte a priori en lui-même, non pas sous forme de lois, mais sous forme de fibres de nature morale, sans lesquelles la vie en société de la communauté humaine serait impossible.
Il est exact que la psychanalyse rend conscientes les impulsions animales, non pas – comme l’interprétation de quelques-uns l’indique – pour les abandonner directement à une liberté sans frein, mais au contraire pour les hiérarchiser et les intégrer au sein d’un ensemble plein de sens.