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Citations sur Abeilles de verre (15)

incipit :
Quand nous étions à la côte, Twinnings nous servait de Providence. J'étais assis dans son bureau. Cette fois, je n'avais que trop tardé ; j'aurais dû depuis longtemps me décider à lui rendre visite, mais la misère brise en nous toute volonté. On s'incruste dans les cafés, tant qu'on a de la petite monnaie en poche, on use ses fonds de culotte et on baye aux corneilles.
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Une oeuvre d'art meurt, pâlit dans les pièces ou elle a un prix, mais non une valeur. Elle ne peut luire qu'entourée d'amour. Elle est condamnée à dépérir dans un monde où les riches n'ont pas de temps, ni les amateurs éclairés n'ont d'argent. Mais jamais elle ne se livre à la grandeur empruntée.
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On est captif, dès qu'on se met à rêver d'autrui, que ce soit en bien ou en mal. D'un bon auteur, il faut exiger qu'on rêve de lui. C'est le commencement de son règne.
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Excellence humaine et perfection technique sont irréconciliables. Nous sommes contraints, si nous tendons vers l'une, de sacrifier l'autre ; c'est de ce dilemme que divergent les voies. Le reconnaître, c'est travailler plus honnêtement, dans un sens ou dans l'autre.
La perfection vise au mesurable, et l'excellence à l'incommensurable. C'est pourquoi les mécanismes parfaits sont nimbés d'une gloire sinistre, mais fascinante. Ils provoquent la crainte, mais aussi un orgueil de Titans, que seule peut fléchir, non l'intelligence, mais la catastrophe.
La crainte, mais aussi l'enthousiasme que nous inspire l'aspect de mécanismes parfaits est en tout point l'inverse du bien-être dont nous comble l'aspect du chef d'oeuvre excellent. Nous ressentons l'attentons contre notre intégrité, notre harmonie. Que nos bras et nos jambes soient en péril, ce n'est pas là le pire.
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Un nom qu'on ne fait que chuchoter a plus de pouvoir que celui qu'on crie sur les toits.
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Les gouvernements changent, les dossiers sont inébranlables.
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Rien ne diffère plus d'une tête lourde et douloureuse, le matin, que son joyeux sosie de la veille au soir. Et pourtant, c'est la même tête. On disait que nous avions été ici ou là, que nous avions fait telle ou telle chose – c'était comme si on nous parlait d'un tiers. Il était impossible, inadmissible que ce fût vrai.
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Aux temps anciens, tout était plus simple. On jouissait sans doute d’un confort moindre, mais on avait bonne conscience quand on allongeait ses jambes sous sa propre table. C’est justement cette impression que j’éprouvais chez Zapparoni : qu’ici encore charbonnier était maître chez lui. J’aurais parié qu’il n’y avait ici ni compteur ni raccordement – du moins pas un seul qui rattachât la maison au monde du dehors. Il est probable que Zapparoni avait adapté à sa vie domestique le modèle de l’État commercial fermé, conçu par d’autres époques, et que ses automates lui en avaient donné le pouvoir. Dans les automates, c’est l’énergie abstraite qui se rend concrète, qui retourne à l’objet. Cependant, je ne voyais ici rien de pareil : il s’agirait plutôt de la conscience d’une atmosphère. La table portait même des bougies, et la cheminée un tablier.
Ici vivait, de toute évidence, non un rentier, mais bien plutôt un distributeur de rentes. Ici, la police ne pouvait pénétrer, quels que fussent son mandat ou son prétexte. Zapparoni ne se contentait pas d’entretenir sa propre police, chargée d’exécuter ses instructions, et elles seules. Ses chantiers et les chemins qui les reliaient étaient en outre surveillés par des agents et des ingénieurs de l’État ou de l’armée qui, aux termes de leur ordre de mission, devaient travailler « en bonne intelligence » avec lui, mais qui, en fait, ne pouvaient avoir d’autre opinion que la sienne.
La question se pose naturellement de savoir pourquoi un homme d’une telle puissance était contraint de recourir à un pauvre hère qui avait le couteau sous la gorge. C’est justement là que réside le mystère dont j’ai touché un mot. Fait curieux, et qui doit avoir de profondes racines, un être humain, si nombreux que soient les moyens légaux dont il dispose, ne peut mener à bien ses plans sans portes dérobées. Le domaine du droit, qu’il soit étroit ou vaste, confine toujours à l’illégalité. La frontière s’allonge en même temps que les droits reconnus. Nous trouvons plus de transgressions chez de grands seigneurs que chez l’homme quelconque. Quand les pouvoirs deviennent absolus, on aboutit à une situation telle que les frontières risquent de s’effacer, et que le juste et l’injuste sont presque indiscernables. Il vous faut alors des gens avec qui l’on puisse voler des chevaux.
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Comment définir, par exemple, la paternité de l'invention ? Elle était bien plutôt l'éclat répandu par une élite collective qu'un mérite personnel, et l'on ne pouvait simplement la décrocher du mur pour l'emporter. Et la même objection valait pour l'adresse acquise en trente ou quarante ans, avec l'assistance et aux frais de l'usine. Il y avait là plus qu'une propriété personnelle.
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Les chevaux flairaient l'avenir. Depuis lors, le monde a chaviré.
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