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EAN : 9782267026115
503 pages
Christian Bourgois Editeur (09/01/2014)
4.42/5   12 notes
Résumé :
Renvoyé dans ses foyers avant la fin de la guerre, Jünger assiste à l'agonie du Troisième Reich dans un vieux presbytère bondé de réfugiés, fuyant les bombardements et l'arrivée des Russes. Les villes allemandes flambent dans le feu du phosphore et quelques fanatiques voudraient voir le monde disparaître avec eux. Jünger ordonne de cesser toute résistance à l'arrivée des premiers chars américains ; ému, à l'exemple du prophète Isaïe, par l'image de la "Cabane dans l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Après tout, le prophète hébreu Isaïe fait partie du patrimoine culturel humain et l'on ne doit pas s'étonner de le voir cité dans ce contexte, dans le titre du volume et lors des lectures que fait le narrateur de la Bible, au moment où l'Allemagne traverse une forme d'apocalypse. Jünger a su, par l'exil intérieur, se distinguer des bouchers et des assassins nazis, dès 1939 et "Sur les falaises de marbre", et si son journal témoigne de la rencontre de la grande Histoire et de son histoire personnelle, il montre aussi, de manière fascinante, quelles peuvent être les stratégies de survie d'un individu libre au milieu de la fin du monde. En ce sens, ce tome ne fait que continuer les précédents du journal de guerre, puisque n'ayant à souffrir rien de ce que les victimes du Reich avaient à subir, Jünger en est néanmoins, lui-même, un témoin désapprouvant ce qu'il voit sans pouvoir le dire, supportant de prêter son nom, son corps et sa personne à la destruction d'un monde qu'il aime.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Kirchhorst, 24 juillet 1945.

Pour consolation, comme toujours, il reste les livres, vaisseaux légers et sûrs en vue des errances à travers le temps et l'espace, voire au-delà d'eux.
Tant qu'on a encore un livre sous la main et le loisir de la lecture, une situation ne peut être désespérée ni tout à fait dépourvue de liberté. Au boqueteau 125, nous étions cernés à droite et à gauche par des Néo-Zélandais, des pluies d'orage crevaient au-dessus de nos trous individuels sur lesquels notre propre artillerie et celle des Anglais concentraient leurs feux. J'étais couché sur des caillebotis au-dessus d'une couche d'eau, et protégé en haut par une simple arcade de tôle ondulée. Mais en même temps, j'étais dans le Berlin de la Belle Époque, car je lisais Errements et tourments de Fontaine. Il me semble même que je me souviens plus vivement du roman que de l'inconfort de ma position. Ce qui dénote la liberté d'esprit qu'on peut puiser dans l'œuvre d'art.
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La pesanteur et le temps sont liés par un rapport profond. Les horloges sont mues par des poids, et c'est même vrai du cadran solaire. Aussi l'effort pour suspendre le cours du temps est-il d'abord dirigé contre la pesanteur; l'esprit veut prendre son essor par-dessus le temps, en se dépouillant de la consciense écrasante de la pesanteur, en se libérant d'elle; dans l'ivresse, dans le songe, dans l'étreinte amoureuse, la méditation, l'extase, et surtout dans la mort qui rejette le corps, support de la pesanteur, et qui anéantit le temps.
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Ernstel est mort, tué à la guerre, mon brave enfant - mort déjà depuis le 29 novembre de l'an dernier ! La nouvelle nous est arrivée hier soir, 11 janvier 1945, peu après sept heures.

Notre cher garçon a trouvé la mort le 29 novembre 1944 ; il avait dix-huit ans. Il a reçu une balle dans la tête au cours d'un engagement entre patrouilles, sur les montagnes de marbre de Carrare, en Italie centrale, et a été tué sur le coup, à ce que disent ses camarades. Ils n'ont pu l'emporter tout de suite, mais sont revenus le chercher peu après avec une auto blindée. C'est au cimetière de Turigiliano, près de Carrare, qu'il a trouvé son ultime repos.
Cher petit. Depuis l'enfance, il s'appliquait à suivre son père. Et voici que, du premier coup, il fait mieux que lui, le dépasse infiniment.
J'ai été aujourd'hui dans sa petite mansarde, que je lui avais cédée, toute pleine encore de son aura. Suis entré sans bruit, comme dans un sanctuaire. Trouvé parmi ses papiers un petit carnet de notes, qui commence par cette maxime : "On va le plus loin quand on ne sait où l'on va."
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Nous nous représentons la liberté et le plaisir comme légers, la douleur comme lourde. La liberté est maîtresse du temps, qui fuit en elle, insensiblement, et qui s'étire dans les moments de captivité. Le plaisir fait que les heures s'envolent; dans la souffrance, elles deviennent interminables.
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Le caractère des types humains sur lesquels reposent les événements historiques, grosso modo, est composé suivant la recette que voici: un quart d'intelligence technique, un quart de bêtise, un quart de bonhomie et un quart de brutalité — si l'on ne connaît pas ce mélange, les contradictions de l'époque restent à jamais incompréhensibles
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Videos de Ernst Jünger (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ernst Jünger
À travers les différents ouvrages que l'auteur a écrit pendant et après ses voyages à travers le monde, la poésie a pris une place importante. Mais pas que ! Sylvain Tesson est venu sur le plateau de la grande librairie avec les livres ont fait de lui l'écrivain qu'il est aujourd'hui, au-delàs de ses voyages. "Ce sont les livres que je consulte tout le temps. Je les lis, je les relis et je les annote" raconte-il à François Busnel. Parmi eux, "Entretiens" de Julien Gracq, un professeur de géographie, "Sur les falaises de marbres" d'Ernst Jünger ou encore, "La Ferme africaine" de Karen Blixen. 
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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