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Critique de Apikrus


Les jeunes élèves français apprennent que leurs compatriotes mobilisés en août 1914 sont partis au front 'la fleur au fusil', persuadés de revenir rapidement en vainqueurs. Dans ce 'journal de guerre' Ernst Jünger témoigne que les jeunes Allemands partirent dans le même état d'esprit.
Tous déchantèrent vite, en voyant leurs camarades tués à leurs côtés.

Le titre de ce récit autobiographique résume parfaitement son propos.
Balles, grenades, schrapnels (obus à balles inventé par Henry Shrapnel), et obus, firent partie de la vie des soldats affectés en première ligne.
Certains furent tués sur le coup ; les soldats grièvement blessés s'en sortaient rarement ; ceux qui furent plus légèrement touchés avaient une chance de survie s'ils ne restaient pas du mauvais côté de la ligne de front et échappaient aux complications médicales (gangrène) ; certains sombrèrent dans la folie.

L'auteur eut souvent de la chance, il fut blessé plusieurs fois mais n'en garda pas de séquelles majeures, et semble avoir conservé les idées claires, même si ses prises de risques répétées semblent a priori moins compréhensibles que la terreur qui s'emparait de beaucoup.
Jünger évoque peu sa peur, non qu'il veuille se montrer en héros, plutôt parce qu'elle semble s'être effacée dans le feu de l'action, sous le poids de la fatigue physique, ou derrière son engagement patriotique.

Ce témoignage est intéressant même si les nombreux récits de combats deviennent lassants à lire.
Il permet d'appréhender ce conflit autrement qu'à travers les chiffres de ses victimes. Il y eut durant la 'Grande guerre' plus de 9 millions de militaires tués (dont 2 millions d'Allemands représentant 15 % des mobilisé de ce pays, 1.8 millions de Russes, et 1.4 millions de Français - soit 18 % de ceux mobilisés), et plus de 8 millions de civils morts (hors les victimes de la grippe espagnole). Et les blessés, bien sûr...
Il montre aussi le conflit tel qu'il put être perçu du côté allemand.
Les français connaissent bien la bataille de Verdun, avec 53 millions d'obus tirés (plusieurs par mètre carré, mais près d' ¼ était défectueux), une "cote 304" rabotée à 297 mètres d'altitude, environ 135 000 soldats français et 140 000 allemands tués !
Ici, Jünger décrit des combats auxquels il a participé lors de la bataille de la Somme. En quelques mois, 200 000 soldats britanniques, 135 000 français, et 170 000 allemands y furent tués, et une portion de la ligne de front déplacée d'une dizaine de kilomètres vers l'est. Les historiens ne résument cependant pas le bilan de la bataille de la Somme à ces nombres de victimes et à cette faible conquête territoriale. En effet, cette bataille amena le commandement allemand à limiter son engagement à Verdun et à déclarer un blocus maritime qui s'avéra finalement contre-productif puisqu'il incita les américains à entrer dans le conflit.
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