A une petite laveuse blonde, Stéphane Mallarmé - 1861
Ô laveuse blonde et mignonne
Quand, sous ton grand chapeau de joncs
Un rayon égaré frissonne
Et se joue en tes cheveux blonds,
Quand, sous l'eau claire où tu t'inclines
Pour laver (et non pour te voir),
Vole la touffe d'églantines
Qui parfumait ton blanc peignoir,
Quand, suspendant ton linge au saule
Que rase un bleu martin-pêcheur,
Au vent qui rougit ton épaule
Tu vas gazouillant ta fraîcheur,
Ô laveuse aux mignardes poses,
Qui sur ta lèvre où rit ton cœur
Ou le sang embaumé des roses,
Au pied d'enfant, à l'œil moqueur,
(...)
Tandis qu'en ce siècle barbare,
Sans songer que ton corps si beau
Pût s'épanouir en Carrare,
A genoux et les bras dans l'eau
Tu ris au soleil du rivage
Qui d'un traître rayon brunit
Ta gorge entr'ouvrant son corsage
Comme un ramier sort de son nid.
2077 - [Librio n° 431, p. 85-87]
...Je rougis...je pourrais rien dire...je l'écoute elle...son babillage...c'est de l'oiseau anglais...je comprends pas tout...Quelle gaieté ! Quels bleus reflets clairs et puis mauve...ses yeux me prennent tout...c'est vite fait ! j'oublie je ne vois plus rien...elle est trop agréable fleur ! oui fleur...je respire...bleuet ! ...oiseau j'ai dit...j'aime mieux oiseaux...tant pis ! Je suis ensorcelé...bleuets ses yeux...une fillette...et ces jupes courtes !...Ah c'est trop d'attirance cochon...Les cheveux blonds éparpillés...quand elle bondit, illumine l'air...Ah ! c'est top beau ! ...je vais défaillir...c'est adorable...Ah je me tranquillise !...merde tant pis !...Je devrais pas...Il nous laisse seuls l'autre biscornu !...Puisqu'on est là tous les deux !...Ah ! je trouve trop bien dans ce fauteuil...ça me fait un bien effrayant...je palpite ! je palpite ! Ah ! qu'elle est belle cette petite môme !...ah ! que je l'adore !... la croquerais...Quel âge elle a ? "Virginia ?...You Virginia ?" -" Yes ! Yes !..."
CELINE, Guignol's band,p275
"Nana grandissait, devenait garce. A quinze ans, elle avait poussé comme un veau, très blanche de chair, très grasse, si dodue même qu'on aurait dit une pelote. Oui, c'était ça, quinze ans, toutes ses dents et pas de corset."
Zola
p 55
" Elle disait de moi: C'est un enfant!
Je l'appelais mademoiselle Lise.
Pour lui traduire un psaume, bien souvent,
Je me penchais sur son livre à l'église;
Si bien qu'un jour, vous le vîtes, mon Dieu!
Sa joue en fleur toucha ma lèvre en feu."
Victor Hugo
p 27