Je viens de terminer le gros volume (environ 500 pages) d'une jeune étudiante autrichienne de 24 ans : "
Blasmusikpop" en quelques jours seulement car j'avais beaucoup d'impatience d'en connaître la fin.
Eblouie par la prouesse stylistique de l'écrivaine qui reproduit le patois des villageois dans les paroles qu'ils s'échangent entre eux à Saint-Peter ("- Trois, deux, un, aiktcheun' !" page 471) , je suis encore plus troublée par le travail opéré par
Corinna Gepner, la traductrice ! Les seuls à se démarquer sont Johannes père et Johannes fils, les deux seuls Saint-Petruciens ayant voulu quitter ce plateau surplombant la vallée de Lenk pour étudier. La jeune fille, Simona Novak, venant d'ailleurs avec son père, architecte, habitant une maison en forme de station de remonte-pente, ne s'exprime pas non plus en patois.
J'ai aimé l'optimisme rayonnant de l'auteure qui raconte tout avec beaucoup d'auto-dérision mais qui donne une explication à tout - même si c'est complètement farfelu. En fait, elle intercale un chapitre racontant la vie du village et un très court chapitre reprenant les notes prises par un historiographe sur les barbares des montagnes et en particulier sur le village de Saint-Peter-sur-Anger. En dernière page nous sera révélé le nom de cet historien qui s'est penché sur l'étude de ce coin reculé d'Autriche - mais on l'a deviné depuis longtemps.
Je pense qu'on pourrait diviser ce livres en deux parties :
(1) Avril 1959 : le mariage de Johannes Gerlitzen et Elisabeth Kaunergrat
Puis la naissance d'Ilse, leur fille. le départ de Johannes pour devenir docteur et son retour l'été 1969. En Octobre 1992, Ilse accouche d'un petit garçon qu'elle prénomme Johannes, comme son père. En Mars 2001, le petit garçon âgé de 8 ans et demi a la douleur de perdre son papy. Grâce au remplaçant du curé du village, le père Tobias, Johannes junior obtient une bourse pour entrer à l'école des religieux de Lenk, dans la vallée. le 1er juin 2010, il est recalé au baccalauréat pour une question d'histoire. Très déçu, il se retire dans son village en attendant de repasser l'examen de repêchage le 6 septembre 2010.
(2) La vie de Johannes au village parmi ses camarades d'enfance. Il se lie d'amitié avec Peppi Gippe, le footballeur vedette de Saint-Peter. Il tombe amoureux de Simona, une jeune fille venue d'ailleurs. Il rêve à elle d'une façon très éthérée mais elle préférerait qu'il doit plus direct. Cela ne se passe pas très bien entre eux mais ce sont des amours de jeunes gens pleines de ruptures et de réconciliations. Tout le village se mobilise pour le match du siècle entre eux et le FC St Pauli de Hambourg. Préparation dudit match, le match a lieu et là, j'ai un peu décroché car le football n'est pas ma passion. Environ 100 pages sur la passion de ce noble sport - je cite page 445 : "Rien ne motive autant un coeur de footballeur que la perspective d'un bon match". N'empêche que j'ai lu jusqu'au bout et la fin fut à la hauteur de mes espérances : une bonne fin.
En conclusion, je crois que ce livre peut plaire à un large public car il foisonne d'idées et il est un bon témoignage sur la vie d'un village autrichien de montagne assez isolé et vivant presque en autarcie.
Je remercie les
PRESSES DE LA CITE qui dans le cadre de l'opération "masse critique" de Babelio m'ont fait parvenir cet ouvrage qui fait partie de leur rentrée littéraire. Et je souhaite que
Blasmusikpop soit lu par beaucoup d'adolescents car il est riche d'enseignements et plein d'optimisme dans l'avenir.
Nota : Ne pas oublier qu'on est toujours le "barbare des montagnes" de quelqu'un d'autre.