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EAN : 9782266286572
176 pages
Pocket (08/11/2018)
3.7/5   508 notes
Résumé :
A 30 ans, le narrateur de ce livre apprend par son médecin qu'il est condamné. Il ne lui reste plus que quelques semaines à vivre. Aussi lorsque le Diable, cet étonnant visiteur en short, lui propose un marché, n'hésite-t-il pas longtemps. Les clauses du contrat ? Effacer, à chaque jour que Dieu fait, une chose de la surface de la Terre lui vaudra vingt-quatre heures de vie supplémentaires... Les téléphones, les montres : jusqu'ici, c'est à qui perd gagne... Mais lo... >Voir plus
Que lire après Et si les chats disparaissaient du monde... (Deux milliards de battements de coeur)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (111) Voir plus Ajouter une critique
3,7

sur 508 notes

Titre sous lequel j'ai lu ce roman :
"Deux milliards de battements de coeur".

Sept jours... Sept jours c'est le temps qu'il aura fallu à Dieu pour créer la Terre et l'humanité et c'est aussi le temps qu'il aura fallu au narrateur de cette bien étrange histoire pour comprendre... Et si en l'espace de sept jours votre existence prenait un tournant des plus inattendus ? Et si certaines notions fondamentales de l'existence qui vous sont acquises depuis la nuit des temps, à tel point qu'il ne vous viendrait même plus à l'esprit de les contester, vous apparaissaient sous un jour nouveau ?

Aujourd'hui vous êtes là, vous existez, insouciants, les jours passent et se ressemblent, ennuyeux parfois mais vous ne faites rien pour rompre la monotonie bien réglée de votre vie. Peut-être n'avez-vous pas conscience à quel point vous êtes chanceux de respirer l'air qui vous entoure, cet air que vos poumons inspirent et expirent inlassablement sans même que vous vous en rendiez compte, transportant ainsi à votre insu le précieux oxygène dans votre sang pour alimenter la grosse pompe qui vous maintient en vie : Votre Coeur. Boum-boum boum-boum boum-boum... Vous entendez ? Combien de battements par minute ? Soixante-dix ? Quatre-vingts ? Plus ? Combien de battements pour votre vie ? Un milliard ? Deux milliards ? Que vaut votre vie aujourd'hui alors que vous venez d'apprendre comme le narrateur de ce récit que la votre arrive à date échue et que le diable en personne a décidé de vous rancarder pour vous proposer un arrangement à l'amiable dont lui seul a le secret ?

Le narrateur et personnage principal de cette histoire (dont nous ne saurons jamais le nom finalement) est un jeune homme de trente ans, un jeune homme tout ce qu'il y a de plus ordinaire (du moins le pense-t-il), il travaille comme employé de poste et ne semble pas être, au premier abord, le genre de personne qui nourrit de grandes ambitions dans la vie. Célibataire, il partage un petit studio avec son matou "Chou", une vie bien réglée, terne et sans couleurs mais qui toutefois semble lui convenir jusqu'à ce qu'un évènement (et pas des moindres) ne vienne soudainement le sortir de la douce torpeur dans laquelle il vivait puisqu'il apprend que ses jours sont comptés. Abasourdi par la nouvelle mais non sans conserver un certain flegme et un certain humour qui ont forcé mon admiration tout au long de cette lecture, il rentre chez lui et ne semble pas le moins du monde troublé d'y trouver son double qui n'est autre que le diable. Un diable plutôt sympathique je dois le reconnaître, qui a même pris soin de soigner sa tenue vestimentaire en enfilant un combo "short - chemise hawaïenne et lunettes de soleil" ce qui lui vaudra d'être renommé "Aloha" par notre narrateur. Mais pas le temps de faire causette devant un café et un gâteau qu'aussitôt le diable en civil lui propose un bien étrange marché sous forme de troc car rien n'est jamais gratuit avec le diable, rendez-vous n'a pas été pris avec Dieu, il ne suffit pas de confesser ses péchés pour pouvoir filer direct au Paradis. Les modalités du contrat sont claires elles sont même validées par Dieu en personne (et je ne vous en dis pas plus) reste à savoir si notre narrateur parvenu au seuil de son trépas acceptera ou non les modalités dudit contrat...

Alors oui la mort c'est moche, la mort c'est dégueulasse, ça ne devrait pas exister et d'ailleurs il n'y a que dans les livres que l'on peut en rire. La mort n'arrive pas qu'aux autres, elle arrive à tout le monde et qu'on le veuille ou non on y passera tous donc autant lui faire un pied de nez le temps d'une lecture car l'important n'est pas de savoir quand et comment mais plutôt de retenir ce qu'on aura fait de notre existence, comment on aura vécu à travers l'amour de nos proches, de nos amis, car ni vous ni moi ne voudrions partir avec des regrets et finalement le diable ici est un bon petit diable, il pointe du doigt tout ce temps gâché dans notre course effrénée à la consommation d'objets superflus qui nous fait perdre de vue l'essentiel car l'essentiel est ailleurs nous le savons pertinemment , il est dans les petites choses simples de la vie, un sourire, un merci, un "Je t'aime"... Depuis combien de temps n'avez-vous pas pris le temps d'admirer le coucher du soleil ? Depuis combien de temps n'avez-vous pas compté les étoiles à la nuit tombée, cherché celle à laquelle vous avez donné le nom d'un de vos proches ? Et votre vieille tante de quatre-vingt-dix ans qui attend votre visite depuis plus de six mois l'auriez-vous oubliée ?

J'ai aimé ce roman aux allures de conte philosophique et j'ai été tout particulièrement touchée par le duo formé par notre narrateur et son chat atypique atteint de logorrhée chronique qui donne lieu à des dialogues emplis de sagesse et d'humour car dans ce court roman point d'effusions larmoyantes (même si à la page 108 j'ai versé ma larmichette), l'auteur aborde le sujet de la mort de manière enjouée et poétique (il y a de très beaux passages) le tout servi par une réflexion des plus pertinentes, on pourra même y voir une certaine morale et j'avoue qu'à l'issue de cette lecture je ne serais pas contre un rancard avec Aloha un jour prochain, j'y verrais même là comme une aubaine, celle de pouvoir faire un petit recadrage quant à la vie de patachon que j'aurais menée et une chose est certaine c'est que le diable dans ce récit ne s'habille pas en Prada, il porte des chemises à fleurs ce qui nous laisse encore un peu d'espoir...


"Profite du temps qui t'est accordé et émerveille-toi du
monde qui t'entoure avant que la vie ne te rattrape et ne te comble de regrets..."
(J. Laurencin)



* Un grand merci à mon amie Sandrine (HundredDreams) qui a permis cette lecture, je vous invite à lire sa belle chronique si vous ne l'avez pas encore lue.
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J'ai lu ce livre sous le magnifique titre "Deux milliards de battements de coeur" que je préfère nettement à celui-ci. Plus de profondeur, de douceur et de poésie se dégageaient de ce titre. C'est vraiment dommage de l'avoir changé !

Ce petit roman parle de la mort et de ce que l'on laisse derrière soi quand notre vie s'achève.

« On comprend l'importance des choses quand on les perd… »

Que feriez-vous si l'on vous annoncez que vous alliez bientôt mourir ?
Penseriez-vous à cette fameuse liste des dix choses que vous aimeriez faire avant de mourir ?
Le narrateur a eu cette idée et comme lui, j'y ai réfléchi : visiter les pyramides d'Egypte, voir une aurore boréale, faire un safari en Tanzanie, plonger dans les eaux turquoise de la Polynésie française, m'inscrire aux Beaux-arts, écrire un album jeunesse, ...
Mais lorsque l'on relit cette liste, elle apparaît bien futile, vide. Tous ces beaux projets perdent de leur saveur si on ne les vit pas avec ceux que l'on aime. Car ce que l'on désire réellement, c'est partir avec de bons souvenirs, sans trop de regrets, et avec la conviction que l'on a été aimé et qu'on ne nous oubliera pas.

*
« Deux milliards de battements de coeur » est une histoire de perte, d'acceptation, de réconciliation.

« Sans crier gare, le côté droit de mon crâne s'est mis à me lancer violemment. Ma poitrine s'est resserrée, je ne pouvais plus respirer. Des convulsions terribles m'ont secoué. Mes dents s'entrechoquaient.
Alors, je vais vraiment mourir.
Non, je ne veux pas… »

Atteint d'une maladie incurable, un jeune homme d'une trentaine d'années apprend qu'il ne lui reste que peu de temps à vivre. Dévasté par le choc de cette nouvelle, il retourne dans la solitude de son petit appartement qu'il partage avec son chat Chou. Il réfléchit à sa vie, aux personnes avec lesquelles il aimerait renouer, à ce qu'il veut faire de ses derniers jours et dresse une petite liste de dix choses qu'il souhaiterait faire avant de mourir.
C'est alors que le Diable apparaît et lui propose un marché très séduisant pour lui octroyer plus de jours à vivre.

« Pour gagner quelque chose, on doit en perdre une par ailleurs. »

Au fur et à mesure que le récit progresse, le lecteur réalise que le pacte qui lie l'homme au Diable renvoie à des moments significatifs de sa vie.
Par flashbacks, des images et des souvenirs passés surgissent, recomposant la vie du jeune homme.

*
Malgré le thème assez sombre, ce roman prête à sourire, baigné d'une douce lumière. Habillé de manière excentrique, le Diable, double de lui-même, apparaît sympathique, mais manipulateur. Normal, me direz-vous.

Cependant, malgré de très beaux passages, il m'a manqué plus de profondeur.
Le narrateur est un personnage assez commun, je dirai même presque fade. Plutôt égoïste et solitaire, il manque de relief.
Son chat a plus de contours, jouant un rôle important dans la prise de conscience de son maître. Réconfortant et chaleureux, le Diable lui a donné la parole, mais son côté gentleman « so british » ne m'a pas vraiment convaincue.

*
Pourtant, j'ai trouvé que le récit gagnait en profondeur à l'évocation des souvenirs d'enfance du jeune homme.
Certains passages m'ont particulièrement émue, me rappelant certains souvenirs personnels encore éprouvants. Ce passage, en particulier.

« Maman, d'ordinaire si paisible, si gentille, qui m'avait toujours soutenu… C'était mon ancre dans la vie, ma boussole, c'était mon dernier bastion de quiétude. Et elle disparaissait. J'en perdais la raison. »

« On ne se rend compte de la valeur de chaque instant qu'à la minute où ils nous sont comptés. Je croyais sa présence immuable, je n'y accordais pas assez d'attention, et un jour, elle avait disparu. »

La simplicité du récit et de l'écriture cache de belles émotions et des réflexions sur soi-même, notre façon de vivre, les actes de notre vie qui comptent vraiment lorsque l'on en fait le bilan.

« Vivre n'est pas une fin en soi. C'est la façon dont nous vivons qui compte. »

Mais, là encore, l'auteur n'explore aucun thème en détail. Je pense que c'est voulu et c'est sûrement mieux ainsi : c'est au lecteur de faire son propre chemin.
*
Je retiens également quelques idées très intéressantes. Par exemple, l'évocation de la futilité des biens matériels.
En fabriquant des objets comme les téléphones, les hommes créent un réseau artificiel de liens sociaux et une distance qui nous isole physiquement des autres. En fin de compte, la technologie moderne a un véritable impact sur notre vie sociale et nous éloigne de l'essentiel : nous-même et les personnes qui comptent pour nous.

« …les hommes passent leur temps à créer des choses, toujours plus d'objets, dont ils ne savent même plus s'ils en ont besoin ou pas. »

C'est ce que révèle le récit de cet homme, incapable de comprendre, d'écouter et d'échanger .
On comprend à travers l'expérience du jeune homme que le silence, les non-dits sont néfastes, engendrant l'amertume, la rancoeur. Au contraire, la franchise finit par renforcer les liens, à les rendre plus sains ou au moins se libérer d'une relation malsaine qui parasite notre existence.

*
« Deux milliards de battements de coeur » est un petit concentré d'ondes positives.

« … c'est un petit tour de magie ! Lorsque tu es triste, tu peux toujours le refaire, et autant de fois que tu veux. Il suffit de sourire, et de fermer les yeux… »

Court et simple, Genki Kawamura ébauche de nombreuses réflexions très intéressantes autour de l'amour et de la perte. L'auteur souligne l'importance de s'ouvrir aux autres, mais également de donner un sens à sa vie. Elles permettent de réfléchir sur notre propre vie, nos émotions, nos sentiments et nos projets futurs.

« Vivre n'est pas une fin en soi. C'est la façon dont nous vivons qui compte. »

Avec son lot de petits bonheurs, de peines et de tragédies, ce roman a été une petite parenthèse agréable entre deux lectures plus volumineuses.

« Et tout comme l'amour, c'est son impermanence qui la fait briller avec tant d'éclat. »

Je remercie BiblioJoy pour son billet qui m'a donné envie de lire ce petit roman.
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De loin dans la librairie, c'est la petite frimousse de chat tout en alerte qui m'a attirée. Il m'a rappelé le mien quand je l'ai vu la première fois, avec cette fourrure floconneuse autour de lui. le titre du roman, lui, fut un choc. Et si les chats disparaissaient du monde... (soit dit en passant, il colle mieux au titre en japonais que celui utilisé pour l'édition grand format Deux milliards de battements de coeur). Impossible! Ça va pas d'imaginer des hypothèses pareilles? Et là j'en appelle aux nombreux amoureux des chats présents sur Babelio.

C'est ainsi que je me suis retrouvée dans l'incapacité de reposer le volume, ma curiosité mise en éveil (comme le petit chat en illustration, elle est toujours en alerte dès qu'il s'agit de livres).
L'histoire débute par une très mauvaise nouvelle puisque le narrateur, trente ans, postier, apprend qu'il souffre d'une tumeur au cerveau de classe 4 et que ses jours sont comptés. Rude coup de masse pour attaquer la journée, c'est certain. de retour chez lui, déboussolé et n'ayant pas encore pleinement réaliser, il découvre la présence, outre Chou son félin noir et blanc, son sosie qui se présente comme le Diable. Comme tout bon Diable qui se respecte, il lui propose un pacte diabolique : un jour de vie en plus contre la disparition irrémédiable de quelque chose sur Terre. Quand on pense à tout ce qu'on entasse comme bazar superflu (non, pas les livres!!!!), ça pourrait paraître jouable. Sauf que c'est le Diable - Aloha pour les intimes -  qui choisit.  Ça commence avec les téléphones. le narrateur se  dit que oui, sa vie est plus précieuse que tous les téléphones du monde, sans parler de l'esclavagisme des smartphones.

Genki Kawamura propose donc une histoire assez classique au départ de pacte diabolique (son diable, lui, est loin du style classique...). le roman au fil des pages se transforme en réflexion sur la vie, son sens ou son absence, sur la question de ce qu'on est prêt à sacrifier pour la conserver. Avec cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête, le narrateur replonge dans ses souvenirs et découvre des aspects auprès desquels il était totalement passé à côté.

Et si les chats disparaissaient du monde... est un conte philosophique court mais qui remue beaucoup de choses puisqu'il se pose en miroir à nos yeux. Pas besoin de tumeur au cerveau ou autre maladie mortelle pour s'interroger sur des points existentiels. Ce livre est arrivé entre mes mains à un moment où je suis particulièrement sensible à toutes ces questions et le récit est profondément ancré en moi pour m'inciter à réfléchir. D'autres ouvrages ont déjà montré qu'on ne prend conscience de la valeur des choses, des gens ou des instants vécus que lorsqu'il est trop tard. Autant se servir de ce type de récit pour apprendre à mieux apprécier le moment présent et ces éléments parfois presque insignifiants qui forment tous ensemble autant de petits bonheurs dans la vie. Baudelaire nous le rappelait déjà avec ces deux vers extraits de "L'Horloge":
"Les minutes, mortel folâtre, sont des  gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or"
Histoire de ne pas en arriver à la conclusion de ce même poème :
"Meurs, vieux lâche, il est trop tard!".

Alors vivons, lisons et laissons vivre les chats!!! Genki Kawamura dépose au sein de son récit quelques touches humoristiques qui allègent ses propos. L'humour du diable est... à l'image de son idée de l'élégance masculine. J'ai vu qu'une adaptation cinématographique avait été tirée de ce roman, je me demande bien ce que ça peut donner car il s'agit surtout d'introspection et de réflexion.
En tout cas, je ne peux que conseiller la lecture de ce petit livre qui fait mouche et peut s'avérer fort utile.
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Un titre intrigant... et dérangeant ( horreur, plus de chat!) , le petit minou noir mécontent, la queue hérisssée, de la première de couverture, un auteur japonais, il avait tout pour m'attirer, ce livre!

J'avais déjà vu passer de nombreuses critiques enthousiastes, je ne souhaite donc pas m'appesantir sur l'histoire du narrateur en fin de vie à 30 ans, de ses démêlés avec le diable qui semble tout droit sorti de Miami Beach et de la présence si précieuse de son chat Chou.

Ce court récit se présente comme une longue lettre, dont on ne devinera le destinataire qu'à la fin. Sous ses dehors fantastiques et plutôt fantaisistes, il incite à la réflexion, mine de rien, et prend pour moi une dimension métaphysique universelle, nous interrogeant sur nos choix de vie, la notion de temps, le superflu et l'essentiel, les personnes qui comptent, les regrets , les souvenirs fondateurs.

J'ai passé un très bon moment , entre humour et émotion. Rien de révolutionnaire, certes, mais il est toujours bon de se rappeler que la vie est un bien précieux à ne pas gâcher et qu'il faut dire et redire à nos proches combien on les aime...

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Le narrateur est un facteur d'une trentaine d'années. Dès la première page, le contexte est posé : il vient d'apprendre qu'il est atteint d'une tumeur cérébrale. Il n'a plus que quelques mois tout au plus à vivre. A peine a-t-il le temps d'intégrer la nouvelle en ce dramatique lundi que le Diable se manifeste, pour lui proposer un contrat : gagner un jour de vie supplémentaire s'il accepte qu'une chose soit rayée chaque jour de la surface de la Terre. Il accepte. Ce seront d'abord le mardi les téléphones, le mercredi les films, le jeudi les montres…Ce n'est pas simple dans ce monde moderne matérialiste dans lequel on ne prend plus le temps de vivre dans le présent. Ces disparitions successives et l'approche de la mort font revivre dans l'esprit de notre jeune homme condamné des moments de son passé familial et sentimental, avec son ex-petite amie, sa mère décédée, son père avec qui il a coupé les liens. Il prend peu à peu conscience qu'il n'a pas assez savouré ces beaux moments dans l'instant et n'a finalement pas vraiment vécu ces relations humaines qui font l'essence de la vie. Après tout, les objets, même fort utiles, ne sont que des objets…alors lorsque le Diable voudrait supprimer les chats, lui qui a connu le chat Laitue de ses parents, et qui vit seul avec Chou, son propre chat, c'en est trop !

Ce livre m'a laissé un sentiment mitigé. Pour les côtés faibles, un manque complet de crédibilité à l'attaque : non pas sur le sujet lui-même, j'ai évidemment accepté le contexte, sorte de conte philosophico-fantastique, mais sur l'absence de réelle émotion du jeune homme, face à une nouvelle pareille. On lui apprend qu'il va mourir, c'est à peu près comme s'il avait oublié sa liste de courses. Et dans la foulée, l'irruption du Diable en short et chemise hawaïenne est assez étrange…Les dialogues sont raccords, bien trop décontractés, et d'ailleurs d'une assez grande pauvreté stylistique. Bref, une entame assez catastrophique. J'ajoute que pour chaque objet disparu, qui génère un chapitre dédié, j'ai eu du mal à voir dans les souvenirs du jeune homme un rapport avec la disparition de cet objet. Enfin, l'auteur n'évite pas certains clichés, certaines expressions cuites et recuites qu'on pourrait entendre à un comptoir de bistrot, par sa vieille grand-mère (vous savez, les fameux remèdes de grand-mère, oui, ceux qui ne marchent jamais !), ou lire dans les mauvais livres de recettes de bien-être qui inondent nos hypermarchés...

Pourtant, ce livre, qui par la suite souffre encore d'exagérations (il n'a pas versé une larme à l'annonce de son diagnostic, mais ensuite pour un oui pour un non, ce sont des torrents et des rivières qui se mettent à couler sur ses joues), gagne en qualité littéraire, surtout à l'évocation des souvenirs familiaux, où l'émotion affleure davantage. L'auteur tisse peu à peu une réflexion assez intéressante sur le sens de la vie, de nos vies. Que vaut la disparition d'objets du quotidien, même fort utiles, face à la saveur des relations humaines, surtout lorsque les moments passés avec les proches ne reviendront jamais ? C'est peut-être une critique du matérialisme, de cette course folle et permanente qui rabote toujours plus le temps à passer avec soi-même et avec eux. Ressaisissons-nous, la vie est trop courte pour la gaspiller en futilités matérielles !
Notre héros, lui, l'aura bien compris, et tentera de rattraper ses erreurs et le temps perdu, avant l'échéance fatale. Au diable le Diable !
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Citations et extraits (153) Voir plus Ajouter une citation
Dans un monde sans chocolat, les marshmallows et les caramels se disputeraient probablement la vedette. Ou pas : aucun des deux n'est assez puissant pour remplacer les douceurs au cacao. L'être humain n'aurait d'autre choix que de créer une nouvelle sucrerie aux pouvoirs similaires.
Au fil de mes pensées, je me suis rendu compte à quel point nous accordons de l'importance à notre pitance.
Le chat, à côté de moi, croquait les Crousti-Miaou que je lui avais versés ce matin. C'est de la "nourriture pour chats". Nous autres ne nous contentons pas de "nourriture pour humains", nous voulons des repas. Quel autre animal passe autant de temps à confectionner ce qu'il s'apprête à avaler ? À assaisonner, à mélanger, à dresser avec art ? Le chocolat en est un exemple flagrant : on le fourre de noix, on l'enrobe, on en fait des champignons, des escargots, des oursons ou des crottes... Il attise cette soif humaine de s'ingénier à tout complexifier. Poussée par son goût irraisonné et insatiable pour la cuisine, l'humanité n'a cessé de progresser...
Tant pis !
Quel est l'imbécile qui se sacrifierait pour le chocolat ? On m'offre l'opportunité de vivre en échange d'une simple sucrerie : il n'y a pas à hésiter. Même à ce niveau, je peux encore trouver des tas de choses à échanger contre ma vie. J'effacerai de plus en plus de choses, je vivrai de plus en plus longtemps : ça me va !
Je commençais à retrouver l'espoir quand Aloha a pris la parole :
- C'est vraiment bon, ces machins ?
Il ne pouvait détacher ses yeux des deux paquets sur la table.
- Plutôt, oui, ai-je répondu.
- Ah bon...
- Vous n'en avez jamais mangé ?
- Jamais.
- Je vous en prie, essayez.
...
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J'ai laissé dériver mon regard jusqu'à l'océan. Le monde qui se déroulait à mes pieds semblait paisible et infini. J'ai jeté un oeil à la pendule qui trônait habituellement au milieu du parc, mais je n'ai rien vu.
Cette paix que je ressentais, était-elle due à la disparition du corset du temps ? Ou était-elle là depuis toujours ? Dans ce monde sans montres, je me suis senti plus léger, plus libre. Ça commençait à me plaire.
- Tout de même, quelles étranges créatures vous faites, vous, les humains.
Chou avait semble-t-il terminé ses ablutions.
- Ah bon ?
- Pourquoi diable avoir attribué un nom à chaque fleur ?
- Parce qu'il en existe des milliers de variétés. On doit pouvoir les différencier, non ?
- Qu'il y en ait une ou des milliers, une fleur reste une fleur, n'est-ce pas suffisant ?
Que répondre ? En effet, nous autres humains attribuons des noms à tout ce qui nous entoure. Ceci n'est pas tout simplement une fleur. Aux choses, aux couleurs, aux formes, et même aux gens, nous imposons des dénominations. Pourquoi tant d'étiquettes ?
Le soleil se lève, puis il se couche. Nous avons découpé de manière tyrannique un laps de temps délimité par des phénomènes naturels. Année, mois, jour, heure, minute, seconde... Chaque moment porte un nom, et on ne peut y échapper.
Dans le monde de Chou, le temps n'a pas d'étiquettes. Il va sans dire qu'il n'y a pas de montres, et pas d'heures fixes, ni de retards non plus. Il ne se réfère qu'aux mouvements des astres et à son horloge biologique, qui lui indique quand il a faim ou sommeil.
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- Au fait, à quoi ressemblez-vous, en vrai ?
- Ha, ha, tu aimerais bien le savoir, hein ?
- Un peu, oui !
- Eh bien, figure-toi que je n'ai pas d'apparence propre.
- Comment cela ?
- Le Diable... C'est ce qui réside en chacun de vous. Je suis le mal qui sommeille dans tous les coeurs humains, et mes formes sont infinies. Vous les inventez à votre guise. Un jour, je suis noir de suie, dentu et armé d'un trident. Un autre, me voilà devenu dragon. C'est sans limites.
- Je comprends...
- D'ailleurs, si on me demandait mon avis, le trident, c'est pas vraiment pratique à porter tous les jours. C'est quoi le délire avec ce truc ?
- J'avoue que c'est plutôt bizarre.
- Oh, là, là, je vous enverrais tout ce folklore aux oubliettes, moi !
- Vous auriez bien raison !
- Pour résumer, je ressemble à l'idée que tu te fais du Diable. Il faut croire que tu me voyais à ton image...
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L'amour finit toujours. Les gens ont beau le savoir, ils continuent de tomber amoureux.
Quand on y réfléchit, la vie, c'est pareil. On vit tout en sachant qu'un jour, on ne sera plus. Et tout comme l'amour, c'est son impermanence qui la fait briller avec tant d'éclat.
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Il n’est pas difficile de passer à côté de sa vie : il n’y a qu’à se préoccuper uniquement des futilités qui envahissent notre quotidien et nous accaparent tout entiers. Le pire, c’est qu’on n’a même plus conscience de perdre son temps. On a la sensation de ne faire que des choses importantes. Dire qu’il aurait suffi de s’extraire quelques minutes de la ronde infinie des « choses à faire » pour y voir plus clair…
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