Bien que je ne pratique pas personnellement le yoga (mais plutôt la méditation), j'attendais de ce livre, qui m'a été prêté par un proche, une meilleure compréhension de cette discipline, de cet art, qui restait pour moi un peu mystérieux et je dois l'avouer, un peu suspect, au vu de mon souvenir de la période hippie et du flower power des Années 60-70 .
Je n'ai pas été déçu. Voilà un ouvrage remarquable écrit par une journaliste qui pratique et commence à enseigner le yoga à mi-temps.
Remarquable car le livre explore toutes les facettes du yoga et j'ai appris plein de choses.
Il ne s'agit pas d'un livre pour la pratique du yoga, mais le propos de l'auteure est plutôt de nous faire comprendre ce qu'est le yoga, ou plutôt ce que sont les yogas à l'heure actuelle, son histoire surtout moderne, au 20ème siecle, ses implications politiques, son rôle économique, ses bienfaits pour la santé, etc…
Par ailleurs l'auteure nous fait partager ses interrogations sur sa propre pratique, en nous parlant de ses différentes voyages, en Inde, aux États-Unis ou ailleurs, de ses échanges aussi en France avec d'autres enseignants, pour finalement conclure de façon originale, après nous avoir exposé tout cela, sur son idée personnelle de ce qu'est l'authenticité de la pratique du yoga.
C'est un livre très riche, très « honnête », dont le but n'est pas, à l'évidence, de faire la promotion de cette discipline, et dont l'intérêt est, à mon point de vue, qu'il ne se contente pas d'une revue bibliographique, mais y mêle la relation de l'expérience personnelle de l'auteure.
On y découvre par exemple que le yoga pratiqué nos jours n'est pas cette discipline millénaire que certains, dont le gouvernement actuel de l'Inde, cherchent à nous vendre.
Non, le yoga, dont on retrouve certes des témoignages dans des textes très anciens, a surtout été façonné au 20ème siècle par une série de gourous entreprenants et dynamiques, installés principalement en Californie, et pour beaucoup américains, tout en ayant des racines indiennes, mais pas toujours.
Son expansion formidable dans les années 60 tient, entre autres, au sens des affaires des gourous, et à l'amplification donnée par des vedettes d'Hollywood, et plus généralement du show-biz (ainsi l'exemple célèbre des Beatles). Ainsi se sont constituées des sortes d'entreprises multinationales, avec la tentation pour certaines, de « breveter » leur enseignement, ce qui a échoué.
L'auteure nous apprend aussi qu'il y a deux tendances, ou deux écoles principales, de la pratique du yoga. L'une est essentiellement axée sur l'exercice physique, voire la performance. Ce courant a d'ailleurs cherché à faire reconnaître (sans succès) le yoga comme un sport. L'autre, plus souvent pratiqué en Inde, vise à équilibrer travail physique et psychique, à faire de la pratique un tout, et en cela sans doute plus proche du yoga des temps anciens.
Et puis, parmi les autres chapitres, que je ne commenterais pas tous, j'en ai noté un, très instructif, qui aborde les liens entre yoga et politique, qui rappelle notamment que, dans son histoire, les yogis n'ont pas toujours été des hommes pacifiques, mais au contraire, de terribles guerriers, mais aussi qu'il est actuellement revendiqué comme trésor national par les nationalistes indiens, et le premier d'entre eux, le Premier Ministre Narenda Modi, et en quelque sorte utilisé comme arme d'un « soft power»
Un autre chapitre relate quelques exemples des bienfaits du yoga, à la fois d'expériences le montrant comme moyen de soutien complémentaire dans la guérison de maladies graves, mais aussi dans son pouvoir d'atteindre, pour tout un chacun, un état de bien-être physique et psychique, par un parcours, l'auteure y insiste, difficile et souvent douloureux.
Enfin, l'auteure étant pratiquante et enseignante, elle nous livre au détour de certains chapitres et d'un épilogue passionnant, ses expériences personnelles et son propre point de vue.
En conclusion , un livre passionnant sur le yoga « dans tous ses états ».
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Néanmoins, j'ai découvert aussi lors de cette retraite que le monde du yoga mélange souvent - ce que j'ai vu en Thaïlande, je l'ai vu à nouveau à Paris, à Los Angeles et même en Inde - et sans réserves les pratiques les plus accessibles des sagesses anciennes : mandala indien, "dreamcatchers" amérindiens, alimentation ayurvédique, lecture des taos et philosophie du "moment présent". Une sorte de menu best-of de la spiritualité, qui ne s'encombre jamais de contexte géopolitique, d'histoire, ni de pensée critique. Avec la mondialisation du yoga s'est créé un espace culturel mondialisé, qui emprunte aux autres cultures traditionnelles ce qui l'arrange pour constituer une philosophie hybride, capable de satisfaire le plus grand nombre. Sauf que, pour plaire au plus grand nombre, cet agrégat métaphysique qui n'hésite pas à se présenter comme une science ne s'embarrasse pas toujours de vérité.
Tout l'intérêt du yoga, c'est la respiration. Le souffle ne peut pas ne pas avoir d'effet sur le cerveau. Comme je dis souvent, cela crée de l'optimisme cellulaire. Avec la respiration, on s'adresse à l'organisme profond qui a besoin d'oxygène. C'est ça qui fait la force de l'Inde dans ces pratiques : travailler sur la charnière entre le physique et le spirituel. Et cette charnière-là, c'est l'air qu'on respire (Eva Ruchpaul
Cette philosophie du yoga, même dans ses versions déjà digérées et adaptées aux esprits occidentaux pour être plus séduisante, vient combler un manque : celui de la promesse d'une transcendance. Le yoga sous-entend, même dans ses formes les plus laïques, les plus débarrassées du vocabulaire mystique, la possibilité d'une spiritualité. D'une spiritualité légère, moins encombrante qu'une religion, et personnalisable à l'envi. Le yoga est tellement vaste et protéiforme que l'on réussira toujours à y trouver ce que l'on est venu y chercher.
Savoir d'où vient le yoga, comment et sous quelle forme il nous est parvenu, ce qu'il est mais aussi ce qu'il n'est pas, accepter qu'il n'est pas et n'a jamais été une discipline figée dans le temps et dans l'espace, peut peut-être heurter notre désir de simplification, notre besoin d'un moyen rapide et soulager nos souffrances, notre croyance magique en l'existence d'une philosophie et d'une pratique prête à l'emploi. Pourtant […] cela n’empêchera pas les bienfaits qu'il procure ni ne diminuera sa richesse
La pratique du yoga, c'est aussi avoir la chance d'affronter sa propre solitude avec les autres. Pas besoin de se parler, le yoga est en lui-même un langage.
Le mouvement #MeToo a mis en lumière les difficultés des relations hétérosexuelles, régies par des logiques patriarcales, de violence, d'inégalités et de domination. Depuis, de nouveaux modèles de couple et de famille émergent, désirables, et avec eux l'horizon du célibat et de non-parentalité. La productrice de France Culture, Adila Bennedjaï-Zou, autrice du podcast “Ex-ologie : une vie de célibataire” (Les Pieds sur Terre) et l'essayiste Marie Kock, journaliste autrice de Vieille fille. Une proposition (La Découverte) en discutent.
#metoo #célibat #etmaintenant
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