Janis est folle. C'est ce qui se dit. Mais pour Titouan, son fils de 15 ans, Janis est juste différente, comme leur façon de vivre. du moins au début.
Déscolarisé, sans autre attache réelle que cette mère extravagante, le garçon la suit à chaque recommencement. Car Janis a la bougeotte. Elle fuit, régulièrement, à chaque échec sentimental, elle déménage traînant son garçon dans son sillage déséquilibré. Bouger, toujours bouger, un mouvement permanent sans autre attache que la mère au fils et le fils à la mère.
Jusqu'à ce jour fatal, où un incident les pousse, une fois de plus, sur la route. En cavale, Titouan va voir sa mère sombrer peu à peu, s'enraciner brutalement dans la paranoïa et la dépression, en dépit de ses efforts parfois désespérés pour la ramener à la réalité.
L'auteur nous lance sur les routes de France, façon road-trip, en compagnie de deux personnages marginaux.
La mère et le fils sont touchants dans leurs relations. Pourtant, si l'écriture d'
Olivier Ka est douce, le récit lui, marque à vif. Difficile de rester impassible face à la dégringolade d'un gamin soumis à la personnalité bancale, pour ne pas dire toxique, de sa mère.
Un livre très dérangeant car les relations mère/fils sont faussés. Outre l'attachement fusionnel des personnages, c'est surtout le fait que les rôles soient inversés qui m'a touchée. Ici, l'enfant porte la mère, tente de la rattacher au monde réel. Mais à quel prix ? Comment se construire à travers le prisme de la folie et de l'impuissance ? C'est toute la question de ce récit.
La fin, quant à elle, paraissait-elle inévitable ? le lecteur s'interrogera longtemps encore après avoir tourné la dernière page.
Merci à Babelio et aux Editions du Rouergue pour cette très belle lecture.