'On peut rire de tout', je suis d'accord sur le principe et je suis friande d'humour noir, mais j'ai du mal à m'esclaffer sur certains sujets. Voilà pourquoi '
Le Magasin des Suicides' fait partie des quelques romans de
Jean Teulé que je n'ai jamais eu envie de découvrir. On est censé s'y marrer autour d'un 'suicide-shop' tenu par un couple proposant à des clients au bout du rouleau 1 001 méthodes et accessoires pour se suicider, leur prodiguant des conseils avisés pour ne pas se rater.
Lire l'adaptation BD m'a semblé moins risqué. Je sais à quel point
Teulé est doué pour le trash et j'apprécie ce talent, mais je n'ai pas envie de m'y frotter sur ce sujet.
J'ai avancé un pied timide dans la boutique en ouvrant l'album prudemment, prête à ressortir. Joli graphisme, harmonieux, net et sombre, comme sur la couverture. On entre dans une ambiance qui rappelle agréablement
Tim Burton, La Famille Adams, Zombillenium. L'idée est bonne : une vision en "négatif" de l'obligation du bonheur. Petits clins d'oeil aux sex-shop et aux magasins de farces et attrapes destinés au plaisir et à la rigolade, eux.
La norme est inversée dans cette famille de commerçants qui voue un culte à la déprime et à la mort : c'est leur enfant tout doux, gentil et toujours de bonne humeur qui les inquiète. Rigolo quand il chante à tue-tête 'Big Bisou' et 'Y a d'la Joie'. Parce que ce 'tue-tête' ne donne plus envie de se tuer la tête, justement. de quoi flinguer le business parental si les clients retrouvent sourire et joie de vivre et renoncent à leur projet macabre. Moi je dis 'tant mieux', mais les parents du petit s'en arrachent les cheveux.
Il m'a fallu une seconde lecture pour que les qualités de cet album l'emportent sur les détails dérangeants. J'ai fini par sourire, apprécier le scénario et les idées de génie de
Teulé, parfaitement mis en valeur par le graphisme, notamment par le jeu de couleurs.
Une bonne surprise au final, mais je n'irai pas jusqu'à lire le roman original.