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EAN : 9782070444687
192 pages
Gallimard (20/09/2012)
4.43/5   7 notes
Résumé :
« Pour rompre avec les habituels intitulés "chansons", "poèmes" ou "paroles", nous proposons au lecteur français, sous le beau titre La Flûte de l'Infini, les traductions, totalement inédites, par André Gide, de vingt-deux poèmes de Kabîr, plus un tercet non identifié. En regard, leur version anglaise par Rabindranath Tagore. À la suite, nous donnons l'intégralité du recueil des Poèmes de Kabîr, dans l'édition de 1922 et la traduction d'Henriette Mirabaud-Thorens. »... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
André Gide avait traduit et publié en 1913 "L'Offrande lyrique" de Tagore. Il avait aussi traduit des poèmes de Kabîr, un mystique de l'Inde du Nord, né vers 1440 et mort en 1518, à partir des versions anglaises de Tagore. Les traductions de Gide étaient restées longtemps inédites. Elles sont proposées ici en même temps que celles de Tagore et d'Henriette Mirabaud-Thorens publiées en 1922 par Gallimard. Kabîr aurait été un tisserand de Bénarès. Etait-il hindou ou musulman ? Dans les poèmes qu'on lui attribue et qui sont sans doute l'oeuvre de disciples, il cite aussi bien les Védas que le Coran, il semble autant suivre la voie des soufis que des yogis. Sa mystique est universelle, elle ne tient compte ni des dogmes, ni des rites, ni des castes. Kabîr évoque simplement l'ineffable en un langage d'amour. Il sait aussi toucher les sens; les poèmes que nous découvrons ici sont pleins de couleurs, d'images, voire de parfums, d'encens ou de santal, et de mélodies mystérieuses : "La lumière du Soleil, de la Lune et des étoiles brille d'un vif éclat : la mélodie de l'amour monte toujours plus haut et le rythme du pur amour bat la mesure. Jour et nuit le choeur musical remplit les cieux; et Kabîr dit : "Mon unique Bien-Aimé m'éblouit comme l'éclair au ciel." "
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Ouvre tes yeux d'amoureux et contemple-le :

Lui qui règne sur l'Univers ! Considère l'Univers et apprends que c'est là ton pays.
Quand tu auras rencontré le vrai Maître, Il réveillera ton coeur.
Il te dira les secrets de l'amour et du sacrifice et alors tu connaîtras qu'Il surpasse l'Univers.
Ce monde est la cité de la vérité; le labyrinthe de ses chantiers enchante le coeur.
Nous pouvons atteindre le but sans traverser la route; c'est un sport qui ne finit jamais.
Là où le cercle des multiples joies danse autour du Créateur, là sont les jeux de l'Eternelle Félicité.
Quand nous les connaîtrons alors le cycle de toutes nos acceptations et de tous nos renoncements sera achevé.
Alors la flamme de la cupidité ne nous brûlera plus.

Il est le repos ultime et sans limite.

Il a étendu sur le monde entier les formes de son amour.
Du Rayon, qui est Vérité, des ondes de formes nouvelles perpétuellement jaillissent et Il pénètre ces formes.
Tous les jardins, tous les bosquets tous les berceaux de verdure abondent de fleurs et l'air s'y brise en vaguelettes de joie.
Là le cygne joue un jeu merveilleux.
Là les sons de la mystérieuse musique tourbillonnent autour de l'Infinie Unité.
Là brille, au point central, le Trône de Celui qui contient toutes choses ; le Grand Être y est assis.
La lumière de millions de soleils s'évanouit, honteuse, devant la radiance d'un seul cheveu de son corps.
Sur le chemin quelles douces mélodies la harpe fait entendre ! Leurs notes transpercent le coeur !
L'Eternelle Fontaine de vie laisse couler ses flots où se jouent sans fin la naissance et la mort.
Et l'on appelle Néant Celui qui est la Vérité des vérités, Celui en qui toutes les vérités sont contenues !

En Lui se perpétuent la création qui est au-dessus de toute philosophie et que nulle philosophie ne peut concevoir.
Il y a un monde sans fin, ô mon frère, et il y a l'Être sans nom, de qui rien ne peut être dit.
Le monde illimité n'est connu que de celui qui l'atteint. Il est autre que tout ce qui a été dit et entendu.
Ni formes, ni corps, ni étendue, ni souffle n'y existent. Comment pourrais-je te dire quel il est ?
Il est sur le chemin de l'Infini, sur lequel la grâce du Seigneur descend ; il est libéré de la naissance et de la mort celui qui atteint à Lui.
Kabîr dit : "Ces sentiments ne peuvent être exprimés par les mots de la bouche; ils ne peuvent être écrits sur le papier.
Comment les traduirait-on ? Nous sommes des muets qui goûtons à des choses exquises
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XIII

La lumière du soleil, de la lune et des étoiles brille d’un vif éclat : la Mélodie de l’amour monte toujours plus haut et le rythme du pur amour bat la mesure.

Jour et nuit le Chœur musical remplit les cieux ; et Kabir dit : « Mon Unique Bien-Aimé m’éblouit comme l’éclair au ciel. »


Savez-vous comment les instants disent leur adoration ?

Brandissant son cercle de lumières, l’Univers, jour et nuit, chante en adorant.

Là se cachent la bannière et les célestes lambris ;

Là le son des cloches invisibles se fait entendre ;

« Là, dit Kabir, l’adoration ne cesse jamais ; là le Seigneur de l’Univers est assis sur son trône. »

Le monde entier fait son œuvre et commet ses erreurs : mais peu nombreux sont les amoureux qui connaissent le Bien-Aimé.

Comme se mélangent les eaux du Gange et de la Jumna, ainsi se mêlent, dans le cœur du chercheur pieux, les deux courants de l’amour et du sacrifice.

Dans son cœur l’eau Sacrée s’épanche jour et nuit ; et ainsi s’achève le cycle des naissances et des morts.


Voyez quel repos merveilleux est dans l’Esprit Suprême ! Celui-là en jouit qui le cherche.

Tenu par les cordes de l’amour, la balançoire de l’Océan de joie va et vient ; et un son puissant éclate en chansons.

Voyez quel lotus fleurit là sans eau ! et Kabir dit : « L’Abeille de mon cœur boit son nectar. »


Quel merveilleux lotus est celui qui fleurit au cœur du rouet de l’Univers ! Seules quelques âmes pures en connaissent les vrais délices.

La musique résonne partout alentour et le cœur y participe à la joie de la Mer Infinie.

Kabir dit : « Plonge-toi dans cet océan de douceur et laisse s’envoler au loin toutes les erreurs de la vie et de la mort. »

Vois comme, ici, la soif des cinq sens est étanchée ; les trois formes de la misère ne sont plus.

Kabir dit : « C’est le Sport de l’Inaccessible ; regardez en dedans et voyez comme les rayons de lune du Dieu caché brillent en vous ! »


Là bat le rythme de la vie et de la mort.

Là jaillissent les ravissements. Tout l’espace est radiant de lumière.

Là, une musique mystérieuse se fait entendre. C’est la musique de l’amour des trois mondes.

Là brûlent les millions de lampes du soleil et de la lune.

Là le tambour bat et l'amoureux s’amuse sur une escarpolette.

Là les chansons amoureuses résonnent de toutes parts et la lumière pleut en ondées ; et l’adorateur goûte avec ravissement au céleste nectar.

Regardez la vie et la mort : il n’y a plus de séparation entre elles. Telles la main gauche et la main droite sont elles-mêmes et pareilles.

Kabir dit : « L’homme sage restera muet ; car cette vérité ne peut se trouver ni dans les livres ni dans les Védas. »


J’ai pris place dans l’harmonieux équilibre de l’Un.

J’ai bu la coupe de l’ineffable.

J’ai trouvé la clef du mystère.

J’ai atteint la racine de l’Union.

Voyageant sans chemin je suis arrivé au pays sans douleur ; très doucement la grâce du Grand Seigneur est descendue sur moi.

On chante le Dieu infini comme s’il était inaccessible ; mais, moi, dans mes méditations, sans mes yeux, je L’ai vu.

C’est bien le pays sans souffrances et personne ne connaît le chemin qui y mène.

Seul, celui qui est sur ce chemin est allé au delà de la région des douleurs.

Merveilleux est ce pays, dont aucun mérite ne peut être le prix.

C’est le sage qui le voit ; c’est le sage qui le chante.

Ceci est l’ultime parole ; mais comment exprimer sa merveilleuse saveur ? Celui qui l’a une fois savourée, celui-là sait quelle joie elle peut donner.

Kabir dit : « La connaissant, l’ignorant devient sage et le sage devient muet d’adoration silencieuse. »

L’adorateur est totalement enivré.

Sa sagesse et son détachement sont parfaits.

Il boit à la coupe des inspirations et des aspirations de l’amour.

Là tout le ciel s’emplit de sons et la musique se joue sans cordes et sans doigts.

Là le jeu de la joie et de la douleur ne cesse pas.

Kabir dit : « Si tu te plonges dans l’Océan de Vie, tu vivras dans le Pays de la Suprême Félicité. »


Quelle frénésie d’extase il y a dans chaque heure ! L’adorateur exprime et boit l’essence des heures. Il vit de la vie de Brahma.

Je dis la vérité, car j’ai accepté la vérité dans ma vie. Je suis à présent attaché à la vérité ; j’ai balayé loin de moi tous les faux clinquants.

Kabir dit : « Ainsi l’adorateur s’affranchit de toute crainte ; ainsi le quittent toutes pensées erronées sur la vie et sur la mort. »


Là le ciel s’emplit de musique.

Là il pleut du nectar.

Là les cordes de la harpe vibrent et les tambours battent.

Quelle secrète splendeur est là dans ce château du Ciel.

Là il n’est plus question du lever et du coucher du soleil.

Dans l’océan de révélations qu’est la lumière de l’amour, le jour et la nuit ne font qu’un.

Joie à jamais ; ni douleurs, ni luttes.

Là j’ai bu, remplie jusqu’au bord, la coupe de la joie, de la joie parfaite.

Là, il n’y a pas de place pour l’erreur.

Kabir dit : « Là, j’ai été témoin des jeux de l’Unique Félicité. »

J’ai connu en moi-même le jeu de l’Univers ; j’ai échappé à l’erreur de ce monde.

Le dedans et le dehors sont devenus pour moi un seul Ciel. L’infini et le fini se sont unis. Je suis ivre de la vue du Tout.

Ta lumière emplit l’Univers ; elle est la lampe d’amour qui brûle sur le plateau du savoir.

Kabir dit : « Là, aucune erreur ne peut entrer et le conflit de la vie avec la mort n’existe plus. »
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Comment pourrait l'amour entre Vous
et moi prendre fin?
Autant la feuille du lotus a besoin de
l'eau- vous être mon Seigneur, et je suis
votre servant.
Autant l'oiseau de nuit Chakor toute la
nuit devant la lune s'extasie - Vous êtes
mon seigneur et je suis votre servant.
Depuis que le temps a commencé
et jusqu'à ce qu'il finisse, il y a
amour entre Vous et moi; comment
un tel amour mourrait-il?
"Autant le fleuve entre dans l'Océan,
Mon coeur vous touche" dit Kabîr

How could the love between Thee and me server?
As the leaf of the lotus abides on the water: so
Thou art my Lord, and I am Thy servant.
As the night-bird Chakor gazes all night at the
moon: so Thou art my Lord and I am Thy servant.
From the beginning until the ending of time,
there is love between Thee and me; and how
shall such love be extinguished?
Kabîr says: " As the river enters into the ocean, so my heart touches Thee"
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III

Quand Il se révèle à Lui-même, Brahma découvre l’invisible.

Comme la graine est dans la plante, comme l’ombre est dans l’arbre, comme l’espace est dans le ciel, comme une infinité de formes sont dans l’espace.

Ainsi, d’au delà de l’Infini, l’Infini vient ; et l’Infini se prolonge dans le fini :

La créature est dans Brahma et Brahma est dans la créature ; ils sont à jamais distincts et cependant à jamais unis.

Lui-même, Il est l’arbre, la graine et le germe.

Lui-même, Il est la fleur, le fruit et l’ombre.

Il est le soleil, la lumière et tout ce qui s’éclaire.

Il est Brahma, la créature et l’Illusion.

Il est la forme multiple, l’espace infini ;

Il est le souffle, la parole, la pensée.

Il est le limité et l’illimité ; et, par delà le limité et l’illimité, Il est l’Être pur.

Il est l’Esprit immanent dans Brahma et dans la créature,


— L’Âme suprême est vue en dedans de l’âme.

— Le point ultime est vu dans l’Âme suprême.

— Et, dans ce Point, les créations se reflètent encore. Kabir est béni parce qu’il a cette suprême vision.
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VIII

Dis-moi, ô Cygne, ton antique histoire.

De quel pays viens-tu, ô Cygne ? — Vers quel rivage t’envoles-tu ?

Où prendras-tu ton repos, ô Cygne, et que cherches-tu ?


Ce matin même réveille-toi, ô Cygne, lève-toi et suis-moi.

Il est un pays où ni le doute ni la tristesse n’ont d'empire ; où la terreur de la mort n’existe plus.

Là, les bois du printemps sont en fleurs et leur senteur parfumée qui dit: « Il est Moi », est portée sur la brise.

Là, l’abeille du cœur plonge profondément dans la fleur et ne désire plus d’autre joie.
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Vidéo de  Kabir
KABÎR – Une Vie, une Œuvre : le vagabond céleste (France Culture, 1991) Émission "Une Vie, une Œuvre", par Claude Mettra, diffusée le 26 décembre 1991 sur France Culture. Invité : Guy Deleury.
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