AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782749814216
97 pages
L'Avant-scène (11/07/2018)
4.17/5   6 notes
Résumé :
Dans une maison d’arrêt, des femmes sacrifient souvent leur promenade quotidienne pour quelques heures à la bibliothèque. Autour de la bibliothécaire, Barbara, se retrouvent, tous les jours, Rosa, Marylou, Zélie et Lily.

Elles évoquent, dans la passion ou la querelle, leur quotidien, leur travail, leurs amours, leurs rêves ou leurs enfances. Un soir de Noël, elles ont quartier libre. Elles préparent la fête et les cadeaux qu’elles doivent envoyer à le... >Voir plus
Que lire après L'avant-scène théâtre : Tous mes rêves partent de gare d'AusterlitzVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Soir de Noël et permission de minuit dans la bibliothèque d'une prison.
Entre deux étagères meublées de quelques livres, elles sont cinq femmes à entrer, sortir, parler, crier, rire, pleurer.
En cette soirée spéciale, elles échangent sur leur blues, leurs rêves, leurs désillusions, et un peu sur ce qui les a conduites là, aussi. Mais très peu. Seulement quand ça les hante trop ; c'est alors un monologue, comme un cauchemar éveillé, et les autres se taisent, s'effacent.
• « Faut que tu fasses gaffe, Frida, tu poses jamais cette question à une fille... Jamais... Si elle se livre à toi, tant mieux. Si elle dit rien, tu cherches pas à savoir. La vie des autres, c'est pas tes oignons. »
Ici, on ne reçoit pas de visites, on s'évade grâce aux autres détenues, à la solidarité, la tendresse et aux délires partagés avec les compagnes d'infortune, mais aussi grâce aux livres et même au théâtre.

Excellent texte qui n'en finit pas de surprendre, malgré le huis clos imposé par la situation.
L'auteur s'est inspiré de paroles de détenues, recueillies lors d'ateliers d'écriture qu'il a précisément animés en période de 'fêtes' de fin d'année.
En se rendant à Fleury-Mérogis, en prenant le bus pour y aller, il a pu constater l'isolement des femmes, l'absence de visites : 'Les femmes sont deux fois recluses'.
Double peine, pour elles.
Un monde bien différent de celui de l'univers carcéral masculin, à plusieurs égards.

Ce témoignage est sublime, qui rend compte du pouvoir de la solidarité et de l'imaginaire pour survivre en captivité.
J'espère que les femmes que l'auteur a côtoyées ne se sentent pas trahies ? ne trouvent pas qu'il a enjolivé les choses ?
La cruauté des conditions de détention et la douleur de ces femmes, de ces mères, suintent derrière les moments de réconfort entre détenues.
Commenter  J’apprécie          410
Tous mes rêves partent de gare d'Austerlitz..... Et il y en a bien besoin de rêves lorsque l'on se retrouve incarcérée. Elles sont cinq qui se retrouvent un soir de Noël à délirer autour d'un faux festin. Lorsque Frida les " rejoint", elle qui arrive, c'est un peu l'incompréhension devant le délire de ces femmes, qui sauront la "porter pour lui faire accepter l'impensable.
Un huit-clos où les phrases font mouches. L'écriture est au plus près des sentiments et du vécu de ses femmes si différentes. Je me suis vraiment régalée des dialogues qui font mouches, entre rires et larmes....
Je n'ai pas vu la pièce, juste lu. Cela est surement moins fort et j'ai eu un peu de mal à me repérer parmi ses femmes. Au milieu de la pièce j'ai été lire les annexes et commentaires qui présentent les personnages, leurs caractères et les failles qui les ont emmener dans cet univers si froid, si terrible..
" T'en as pas marre de ce bruit?
C'est les corbeaux."
J'ai aimé qu'une des détenues s'occupe de la bibliothèque ce qui donne quelques répliques assez savoureuses, j'ai été surprise de certains délires , j'ai rencontré Musset ( il y avait longtemps...), j'ai eu de la peine pour ses femmes si isolées. Coupables mais aussi victimes dont les mots sur scène montrent tout le désespoir mais aussi la force par la dérision, Mohamed Kacimi nous fait découvrir ce monde avec beaucoup d'humanité.
Fort et poignant.
Merci Z pour cet envoi surprise.
Commenter  J’apprécie          220
Un soir de Noël dans une prison pour femmes. Barbara tient la bibliothèque. Zelie, Rosa, Lily et Marylou entrent et sortent, traînant leur mal-être dans ce lieu qui va se révéler être leur seul espace de liberté. Et si ce soir le coeur n'est pas à la fête, elles vont faire ce qu'elles font tous les jours : jouer, jouer à faire comme si, jouer à être libres. Ce réveillon sera comme les précédents : elles vont manger et boire un repas imaginaire.

Arrive une nouvelle, Frida, emprisonnée pour la 1re fois. Elle est perdue, ne comprend pas ces femmes qui semblent nier l'enfermement, comme en plein délire. Les 5 « anciennes » vont prendre Frida sous leurs ailes, lui donner les codes pour survivre. Au fil de leurs échanges elles exposent avec pudeur ou colère leur quotidien et ses manques, leurs peurs et leurs espoirs. Parfois l'une d'elles va briser sa carapace et lâcher quelques mots sur son histoire.

Avec pudeur et sensibilité Mohamed Kacimi rend ici hommage à celles qu'il a rencontrées lors de ses ateliers d'écriture à Fleury Merogis. Prenant prétexte d'une scène de « On ne badine pas avec l'amour » d'Alfred de Musset que les détenues vont jouer au cours de cette soirée spéciale, il permet aux 6 protagonistes de délivrer la parole de ces femmes en prison, sans jamais aucun jugement sur les raisons qui les ont menées là. de cette expérience le dramaturge tire un texte puissant, entre comédie et tragédie, porté par des personnages forts et émouvants.

On retrouve ici ce qui fait la qualité d'écriture du dramaturge. Avec peu de mots, tout en subtilité et sensibilité, il transmet des émotions fortes, des vérités dérangeantes. Ses 6 personnages ont transcendé le dépouillement dans lequel la prison les a mis, dépouillement matériel, dépouillement de soi, pour construire au coeur de l'environnement hostile et violent qu'est la prison, un havre de solidarité et d'espoir. En s'emparant du texte De Musset elles finissent par réaliser combien il fait écho à leur vie, à leur parcours. En faisant exploser les codes du théâtre elles vont se frotter à leur réalité, passer par toutes les émotions, avancer. Au final loin de l'abattement ou de la fatalité ce qui ressort est un bouillonnement d'énergie, de joie et d'espoir.

Comme j'aurait aimé voir ce texte lors de sa création sur scène !
Commenter  J’apprécie          120

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
[ prison pour femmes ]
- C'est quoi ces cris de bébés ?
- C'est la maternité.
- Y a des bébés avec nous ?
- En pagaille.
- Ils sont où, les bébés ?
- A l'entrée du bâtiment. […] C'est des bébés de toutes les couleurs. T'as de tout : des Russes, des Arabes, des Roumains, des Bulgares, des Colombiens, des Africains et même des Tamouls.
- Ils sont derrière les barreaux, les bébés ?
- Ils sont à la nurserie.
- Et ils restent là ?
- Un peu. A 18 mois le bébé est enlevé à sa mère par la justice et confié à une famille…
- Qu'est-ce qu'elles font, après, les mamans ?
- La grosse Bertha [infirmière] leur donnera du Xanax à la place du bébé.
Commenter  J’apprécie          170
- Qui étaient les femmes avec lesquelles vous avez travaillé ?
- Des femmes condamnées à des peines très lourdes, des destins exceptionnels. Parfois de très grandes criminelles, mais est-ce une raison pour les traiter ainsi qu'elles sont traitées ? Elles sont exploitées lorsqu'elles travaillent : 50 euros pour 70h de travail. Pas de retraite. Le pire scandale concerne les mères : une femme enceinte, prête à accoucher, est conduite menottée et accouche menottée. Quand l'enfant a 18 mois, il lui est enlevé. On entend les enfants hurler dans la nurserie, dans ma pièce ['Tous mes rêves...'] mais c'est aussi tiré directement du réel obsédant.

(p. 69 - postface, propos recueillis par Armelle Héliot)
___

• extrait d'un article de Libé :
Une fiche de paie : 56 heures effectives de travail… Et tout en bas, dans la case « salaire » : 78 euros net.
Cette personne travaille bien en France de manière légale, elle cotise même si elle n’aura pas de retraite, ni droit au chômage, vu ses faibles revenus.
Cherchez l’erreur.
Elle bosse, oui, mais en prison. Le droit du travail en milieu carcéral est quasi inexistant.

>> https://www.liberation.fr/france/2015/09/25/travail-en-prison-que-font-les-detenus-et-combien-gagnent-ils_1389920
Commenter  J’apprécie          60
[ à une nouvelle détenue ]
- Tu fumes ?
- J'essaie d'arrêter.
- Donc tu fumes... (Elle sort un paquet de cigarettes.) Tiens, je partage avec toi mon paquet.
- C'est gentil... Faut pas... Je peux pas te payer... Ils m'ont pris tous mes sous.
- C'est le règlement, ils nous dévalisent. Tu me les rendras plus tard... Tu veux une petite ligne ? Ça remonte le moral.
- Une ligne de quoi ? Ils m'ont pris mes stylos.
- Elle est drôle ! Mais qu'est-ce qu'elle est drôle !
(p. 37)
Commenter  J’apprécie          131
[ en prison, six femmes ]
- Bonsoir !
- C'est qui ?
- Elle sort d'où celle-là ?
- On la connaît pas !
- Ah non, c'est la première fois.
- Sa tête me dit rien.
- Je sais pas si je suis vraiment en pris...
- Nan !
- Y a des mots qu'on prononce pas, ici !
- On dit jamais qu'on est en p... ?
- NAN !!! C'est pas la peine ! Faut pas en rajouter.
- Ça se voit pas mais on est pudiques.
- Très pudiques.
- On ne parle pas des choses qui nous rendent tristes.
Commenter  J’apprécie          120
[ bibliothèque d'une prison ]
- Putain... Où j'ai mis les médocs... Ils sont là... Un Temesta, un Xanax, un Lexomil... Je secoue le cocktail.
[...]
- Pourquoi tu prends tous ces médocs ?
- J'ai fait un malaise à l'atelier... J'ai été à l'infirmerie, j'ai demandé de la vitamine C, l'infirmière m'a dit qu'on ne donnait que des médicaments remboursés, elle m'a refilé tout ça.
- T'es tombée sur qui ?
- Sur la grosse Bertha.
- Mais la grosse Bertha, elle donne du Valium même pour les hémorroïdes...
Commenter  J’apprécie          70

Videos de Mohamed Kacimi (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mohamed Kacimi
Mohamed Kacimi présente "Des roses et du jasmin", écrit et mis en scène par Adel Hakim.
autres livres classés : théâtreVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (11) Voir plus



Quiz Voir plus

Titres d'oeuvres célèbres à compléter

Ce conte philosophique de Voltaire, paru à Genève en 1759, s'intitule : "Candide ou --------"

L'Ardeur
L'Optimisme

10 questions
1290 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature française , roman , culture générale , théâtre , littérature , livresCréer un quiz sur ce livre

{* *}