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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
" Depuis longtemps, j'avais envie de construire un enfer. Je mesurais pourtant ce qu'avait d'ambitieux et même de chimérique un pareil projet à la suite des anonymes égyptiens, de Virgile, saint Augustin, et surtout Dante... ", a dit Ismaïl Kadaré à propos de ce roman qu'on peut considérer comme son chef-d'oeuvre.
Le récit nous entraîne dans un monde surréaliste qui prend pied dans une réalité géographique et culturelle albanaise. Dans ce monde imaginaire le Sultan règne grâce à un système de renseignements puissant qui se base sur l'interprétation des rêves des citoyens.
Ces rêves, entendus comme des interprétations d'une situation sociale, ou comme des annonces d'un danger imminent, sont manipulables à volonté.
Tâche kafkaïenne que celle de passer au crible ces millions d'allégories et d'énigmes nocturnes, dans la terreur de laisser échapper celle qui permettra de connaître et conjurer les menaces à venir!
Mission dantesque que celle de drainer et centraliser l'inconscient collectif de tout un pays!
Le Palais des rêves ne dépeint pas seulement une administration aux buts absurdes, pour suggérer les travers du communisme bureaucratique.
Il va plus loin.
Dans l'Empire, celui qui tient le Palais des Rêves tient le pouvoir. La coterie familiale albanaise de Mark-Alem l'a bien compris et, dans ses mains, ce dernier n'est qu'un jouet.
Une ambiance de purge plane pourtant,sur le Palais, comme elle plane sur l'Albanie.
Les derniers chapitres, bruissants de rumeurs et de complots, expriment bien cette réalité : la guerre interne du pouvoir fait rage, sans que personne ne parvienne, et surtout pas le narrateur, à l'approcher.
Tout ce que l'on peut constater est qu'elle a lieu. Ses motifs sont aussi obscurs que ses fins. Son résultat, inattendu, demeurera une énigme, même pour son principal bénéficiaire.
L'auteur s'éloigne de la satire noire du communisme, pour creuser plus profondément dans l'insaisissable puissance politique telle qu'elle se manifeste dans une société.
Le fait onirique, tel un fait social, constitue un moyen et non une fin : un moyen de lutte politique, un moyen de compréhension du "réel", un moyen d'expansion du contrôle social.
Bien sûr, si la réalité est susceptible d'être interprétée en termes univoques (et encore), ce n'est pas le cas des manifestations oniriques
Le Palais des rêves d'Ismail Kadaré est le cousin albanais de " 1984 " de Goerges Orwell.

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Mark-Alem, jeune homme d'un vingtaine d'année, issu d'une famille aisée, est embauché au Tabir Sarrail, le palais des rêves. Dans une Albanie dictatoriale, il pose un regard novice sur cette étrange institution : Une institution composée d'un hiérarchie subtile qu'il va connaître peu à peu.

L'état impérial enregistre tous les rêves de tout le monde : on dirait que c'est même la seule activité dans ce pays. Enregistrer les rêves, les interpréter pour déceler tout risque de révolution ou d'atteinte au Souverain. Mark-Alem commence sa carrière au service de la Sélection.

Le travail de Mark-Alem est ennuyeux, toute la journée à lire des rêves et à en rendre compte. Bizarrement, sans qu'il fasse d'éclats ou qu'il apparaisse comme étant très compétent, Mark-Alem est rapidement nommé à d'autres fonctions plus considérées. L'ambiance est assez angoissante et j'ai senti à plusieurs fois qu'il était manipulé sans savoir par qui et dans quel but. La visite des archives des rêves est particulièrement réussie. Chaque semaine, un maître-rêve est élu et son Interprétation communiquée au grand jour. Les rêves faits la veille de grandes batailles sont disséqués, analysés à posteriori pour essayer de trouver les prémisses d'une révolution. Les rêveurs, coupables d'avoir « rêvé » le maître-rêve, sont impitoyablement broyés pour servir d'exemple et asservir la population.

En conclusion : un livre très troublant, qui fait parfois peur tant on suit Mark- Alem dans sa découverte de ce Palais, métaphore de l'Albanie totalitaire d'Enver Hoxha (1908-1985 – dictateur de 1945 à sa mort).
Lien : http://lajumentverte.wordpre..
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L'anxiété est présente tout au long de la lecture du roman.
La dictature possède un outil de contrôle effroyable sur les individus et leur pensée : interpréter les rêves. le rêve est inconscient et échappe à votre contrôle. Il peut vous trahir s'il est jugé subversif et pouvant menacer l'ordre totalitaire. Il faut entretenir la peur au plus profond des hommes.
Le Palais des rêves est comparable au climat angoissant de George Orwell dans 1984.
Ismaïl Kadaré n'a pas réalisé l'adaptation du roman en français.
Le traduction de Jusuf Vrioni de l'albanais vers le français est remarquable… parce que l'on ne la remarque pas ! L'écriture est d'une telle fluidité que le roman semble avoir été écrit en français
Un livre effrayant sur une bureaucratie qui trouve sa comparaison aujourd'hui avec la Russie de Poutine.
Un Palais des rêves cauchemardesque.
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Peut-on imaginer dictature plus oppressante, empire plus totalitaire, que celui dont chacun des sujets est tenu, au matin, de raconter aux fonctionnaires du palais des rêves, le rêve qu'il a fait la nuit précédente ? Et c eci jour après jour, jusqu'à ce que le rêve soit interprété par les experts, et que d'éventuels ennemis soient démasqués. Très fort, n'est-ce pas ? Même Orwell n'y avait pas pensé.
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Il y a une dizaine d'année, j'avais rencontré Kadaré à une séance de dédicaces. Je lui ai dit que ce livre était son meilleur. Il m'a répondu "Monsieur, vous avez raison".
Une fable, un conte oriental mais sous la paranoïa d'un pouvoir totalitaire. le stade suprême de la tyrannie, contrôler vos rêves.
Ce qui est étonnant, c'est que la chute du régime d'Enver Hodja (les orthographes peuvent varier), Kadaré a produit des livres moins intéressants. Tout se passe comme si ce dialogue avec la barbarie lui était nécessaire pour écrire un grand roman.
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Dans un empire immémorial et autoritaire, une institution, le "Palais des rêves", est chargée de collecter, trier, interpréter les songes des sujets qui pourraient annoncer des dangers pour le pouvoir.
Le héro, Mark Allen, gravira tous les échelons du Palais des rêves. Mais son interprétation d'un songe entrainera la chute des siens...

Même face à un pouvoir qui croit tout contrôler (y compris les rêves), ce que le dormeur produit la nuit, a parfois le pouvoir... d'influencer le pouvoir.
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Entre Kafka et Orwell, ce livre imagine comment le pouvoir politique de l'Empire Ottoman, craignant des guerres, révolutions, coups d'état, contrôle ses populations à travers l'interprétation des rêves de ses sujets, petits ou grands.
Un jeune, issu d'une grande famille (albanaise bien sûr, Kadaré oblige), entre dans cette très prestigieuse et crainte institution (le Palais des rêves) et y gravit les échelons sans comprendre pourquoi. Il erre souvent dans les couloirs vides de cet immense palais, s'abîme les yeux et les neurones sur les dossiers dans des journées longues et parfois angoissante, se réjouit de la pause du matin où tous les très nombreux employés se retrouvent sans se connaître pour autant.
Ambiance réussie. C'est indubitablement un grand Kadaré.
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incomparable
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