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EAN : 9782262034832
287 pages
Perrin (19/05/2011)
4.5/5   5 notes
Résumé :
George Patton est assurément le plus célèbre des généraux américains.
Doté d'un sens inné du commandement et d'une incroyable habileté tactique, il combattra sans relâche depuis la Tunisie jusqu'en Allemagne, en passant par la Sicile, la Normandie, la Lorraine et les Ardennes. Maître de la guerre mécanisée, flanqué de ses Colts à crosse d'ivoire et coiffé de son casque lourd, " grande gueule " et gaffeur impénitent, Patton dit ce qu'il pense et fait ce qu'il ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Naitre un 11 novembre (1885) est de bonne augure pour un soldat et George Patton eut ce privilège.

Héritier d'une lignée sudiste patricienne et militaire, son ADN est incontestablement raciste, antisémite et anticommuniste. Formé à West Point, où il dut son admission au piston d'un politicien, il participe aux Jeux Olympiques de 1912 puis se rend à l'Ecole de Cavalerie de Saumur.

En 1915 et 1916, il se distingue lors de troubles sur la frontière mexicaine et réussit en 1917 à faire partie des premiers soldats américains envoyés en France où il est chargé de créer l'école de blindés US. A l'été 1918 il commande les chars qui triomphent à la bataille de Saint-MIhiel puis est blessé le 26 septembre durant l'offensive Meuse-Argonne.

La période de l'entre deux guerres démoralise Patton qui était psychologiquement fragile et doté d'un organe vocal peu viril qu'il essaya de compenser durant toute sa carrière par un langage de charretier qui faisait le bonheur de la presse populaire et contribua à sa renommée.

La seconde guerre mondiale le fit entrer dans l'histoire : campagne de Tunisie, débarquement en Sicile où ses troupes commirent des « bavures », percée en Normandie, libération de la Lorraine, bataille des Ardennes, traversée du Rhin, avant Montgomery, en ayant soin de mobiliser les journalistes pour le voir uriner dans le Rhin, puis entrée en Bavière et mort accidentelle en décembre 1945.

Doué d'un sens inné du commandement, doté d'un caractère aussi exigeant (impitoyable) pour lui que pour ses subordonnés, ce meneur d'homme exceptionnel fut un pionnier de la guerre mécanisée et l'un des artisans de la défaite allemande. Nul en logistique, il fut le complément parfait, car totalement inverse, d'Eisenhower.

Obnubilé par son image et sa place dans les mémoires, Patton mourut accidentellement au sommet de sa gloire et sa fin transforma le héros en mythe américain.

La biographie de Yannis Kadari est un chef d'oeuvre tant sur le fond que sur la forme. Complète, elle alterne les fait d'armes glorieux et les zones d'ombre d'un soldat souvent insubordonné (mais génial et chanceux) et parfois incontrôlable (notamment à l'été 1945). Belle, elle est étayée par une iconographie remarquable et des notes judicieusement placées dans les marges.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Pourtant, Patton est terriblement gêné par le mauvais temps. Le brouillard, le froid, le verglas, la pluie et la neige, qui tombe depuis quelques heures, transforment les forêts ardennaises en un véritable enfer : les véhicules dérapent, les chars se traînent, les hommes grelottent et le ravitaillement est bloqué. Découragé, Patton décide alors de s’adresser... à Dieu ! Il commande spécialement une prière à l'aumônier général de la 3rd Army, le colonel James O'Neill. La voici dans son intégralité :

« Seigneur, ici Patton qui vous parle. Les quatorze derniers jours ont été affreux : de la pluie, de la neige, encore de la pluie, encore de la neige... Je commence à me demander ce qui se passe dans votre QG. De quel côté êtes-vous, en définitive ? Depuis trois ans, vos aumôniers m’expliquent que nous menons une guerre sainte. Ils disent que c’est une croisade, à la seule différence que nous utilisons des chars au lieu de chevaux, et ils insistent pour que nous détruisions l’armée de cet athée d'Hitler. Jusqu'à présent, je les ai suivis, d'autant que vous nous avez aidés sans réserve. Ciel bleu et mer calme en Afrique ont facilité notre débarquement et l’élimination de Rommel. La campagne de Sicile a été relativement facile, et vous nous avez offert une météo idéale pour notre offensive blindée à travers la France, la plus grande victoire que vous m’ayez accordée. Vous m'avez souvent donné d’excellents conseils lorsque j'avais une décision difficile à prendre. Mais voici que vous semblez miser sur un autre cheval et que vous avantagez von Rundstedt. Mes troupes ne sont ni entraînées ni équipées pour mener une guerre d'hiver. Vous le savez, ce temps convient à des Esquimaux, pas à des Sudistes. En fait, Seigneur, je commence à croire que je vous ai offensé d'une manière ou d'une autre ; que vous avez perdu toute sympathie pour notre cause ; que vous êtes de connivence avec ce von Rundstedt et son pantin de chef [Hitler].

(...)
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(Fin de la prière de Patton ... miracle de Bastogne)

« Au diable ces histoires de confiance et de patience ! Vous n'avez qu'à choisir votre camp. Vous devez m’aider, afin que je puisse liquider l'armée allemande au grand complet, et l’offrir en cadeau au Christ. Seigneur, je n’ai jamais été déraisonnable, je ne vous demande pas l'impossible, je ne demande même pas un miracle, je demande juste quatre jours de beau temps. Donnez-moi quatre belles journées, et mes avions pourront attaquer les Boches (en leur administrant une sévère correction) et guider mes artilleurs. Donnez-moi quatre jours ensoleillés pour que la boue sèche, pour que mes chars roulent et pour que munitions et rations puissent enfin parvenir jusqu'à mes troupes affamées. J’ai besoin de quatre jours pour expédier von Rundstedt et son armée d'infidèles au Walhalla. Le massacre inutile de tous ces jeunes Américains me rend malade. En échange de quatre jours de beau temps, je vous fournirai suffisamment de Boches pour occuper vos comptables pendant des mois. Ainsi soit-il ! Amen ! »

Le 23 décembre, Bastogne est de nouveau la cible de violents bombardements, mais Dieu semble avoir entendu la mise en demeure de Patton, car le soleil fait brusquement son apparition au-dessus des Ardennes. Et tandis que des C47 parachutent des tonnes de ravitaillement aux assiégés, les P47 se déchaînent contre l’ennemi, qui n’est plus qu’à quelques kilomètres de Dînant. « Géorgie », lui, s'impatiente : « Nous n’avançons pas assez vite ! Partout, l'ennemi est battu, mais nous nous trainons et nous n’avons pas encore pu atteindre Bastogne. Heureusement, ils ont été ravitaillés par air. » Pour activer le mouvement, Patton va d'unité en unité, actionnant sa corne de brume, arborant sa warface, encourageant ses soldats et sermonnant ses officiers.
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(18/12/1944 : Bastogne)

Il est vrai que la situation est alarmante : les Alliés n’ont pas de réserves à jeter rapidement dans la bataille et les villes ardennaises tombent les unes après les autres. « Monty » faisant savoir qu'il n’est pas en mesure de réagir avant huit jours, il reste Patton, qui est heureusement arrivé à Verdun avec un plan qu'il résume ainsi : « Les Boches ont fourré leur tête dans un hachoir à barbaque, et c'est moi qui vais tourner la manivelle ! »

Eisenhower le questionne : « George, quand seras-tu en mesure d’attaquer ? » Ayant laissé des instructions à son état-major, le général répond sans hésiter : « À l'aube du 21, et avec trois divisions ! »

Patton, qui est au sommet de son art, notera dans ses carnets : « Lorsque j’ai annoncé que je pouvais attaquer dans les quarante-huit heures, une sorte d’agitation s'est brutalement propagée dans l’assemblée : certains étaient médusés mais ravis, d’autres sceptiques et ironiques. Ike m’a répondu qu'il craignait que trois divisions ne suffisent pas, mais je lui ai expliqué que je pouvais battre les Allemands, à condition que je ne perde pas l’effet de surprise. Ce qui risquait fort d'arriver si nous devions attendre plus longtemps pour regrouper nos forces. »
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Suite de la prière dictée par Patton :

« ...(Seigneur) Vous savez que notre situation est désespérée. Evidemment, je dis à mon état-major que tout va bien, mais la 101 Airborne Division est confrontée à de puissantes forces ennemies à Bastogne, et ces tempêtes continuelles nous empêchent de la ravitailler par air. J’ai envoyé Hugh Gaffey, le plus capable de mes généraux, avec la 4th Armored Division, vers ce nœud routier pour briser l'encerclement de la garnison, mais il se débat davantage avec les conditions atmosphériques que vous nous imposez qu’avec les Boches !

« Je n’aime pas me plaindre, mais mes soldats ont vraiment souffert le martyre depuis la Meuse jusqu'à Echternach. Aujourd’hui j’ai encore visité plusieurs hôpitaux remplis de soldats souffrant d’engelures, et nos blessés agonisent dans les champs, faute de pouvoir être évacués... Et ce n est pas le pire, car le manque de visibilité et les pluies continuelles clouent mon aviation au sol. Mon plan repose sur l’emploi des chasseurs-bombardiers : s'ils ne peuvent pas voler, dites-moi comment je dois faire ? Mes appareils de reconnaissance n’ont pas pris l'air depuis quatorze jours, et je n’ai pas la moindre idée de ce qui se passe derrière les lignes allemandes. Seigneur, je ne puis me battre contre une ombre ! Sans votre aide, comment puis-je lancer une contre-attaque efficace ? Tout cela vous paraîtra probablement bizarre, mais je perds patience lorsque j'entends vos prêtres me dire qu'un tel hiver est normal dans les Ardennes, et que je dois garder la foi."


(...)
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Le 21 décembre 1945, comme chaque jour, Béatrice fait la lecture à son mari. Vers 16 heures, il s'assoupit. En fin d'après-midi, sa respiration est relativement régulière, ce qui rassure « Bee », qui part se restaurer en compagnie du professeur Spurling. Peu après son départ, à 17 h 55, « l'enfant terrible » de l’Army perd son ultime bataille : George Smith Patton Jr., troisième du nom, l'homme qui rêvait « d'être tué par la dernière balle de la dernière bataille de la dernière guerre », meurt d’un œdème du poumon ayant entraîné une défaillance cardiaque.

(...)

Le 23 décembre, un service funèbre se tient en la Christuskirche d'Heidelberg ; des représentants des nations alliées sont présents, ainsi que les commandants de toutes les armées américaines statlonnées en Europe. Après une cérémonie militaire mobilisant plus de 5 000 hommes et ponctuée de coups de canon, le cercueil du général gagne le Luxembourg en train. En France, des détachements rendent les honneurs dans chaque gare traversée, tandis que retentit la sonnerie aux morts ; des milliers d’anonymes, civils et militaires, se rassemblent en pleine nuit le long du parcours pour rendre un ultime hommage à l'homme qui était venu deux fois au secours de leur pays.

Le 24 décembre 1945, conformément à ses dernières volontés, « Géorgie » est inhumé au cimetière militaire américain de Hamm, au Luxembourg : « Ce fichu pays, où il pleut tout le temps »... Il y repose toujours, aux côtés des soldats de sa 3rd Army tombés lors de la bataille des Ardennes.
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