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Savoir vivre » mêle avec virtuosité fiction et faits réels. Max journaliste français et Léna cantatrice américaine font la connaissance du colonel Struther, un héros de la bataille de Mons. Gladys, qui durant la grande guerre a travaillé en usine, est employée de maison. L'Histoire a mis à mal les identités et a mêlé inextricablement, comme on l'apprendra à la fin du livre, les destins de ce militaire et de cette jeune anglaise. Gladys est sommée de reprendre sa place d'épouse dans la société corsetée des années 1920 ; tandis que Struther, fidèle à l'image qu'on a de lui, s'active dans le milieu fasciste anglais.
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Savoir vivre » est un roman très british, aussi anglais que «
Waltenberg » était allemand.
Hedi Kaddour a véritablement une très belle plume. Dans des chapitres courts, il donne à voir, à ressentir. Dans ce livre en effet pas d'abstraction, de discours mais des scènes de vie où sont dépeints des femmes, des hommes qui souffrent, qui aiment. L'auteur dit la difficulté d'être une femme seule après le grand carnage des tranchées, il restitue avec beaucoup de finesse les années de l'entre deux guerre sur les rives de la Tamise. le titre de cet ouvrage, «
Savoir vivre », ne renvoie-t-il pas autant aux codes d'une société anglaise pleine de conventions qu'à la nécessité de devoir survivre dans ce monde d'hommes ?
« Quatuors, trios, quintettes, Schubert, Schuman, musique de chambre : chaque fois que j'en écoute, je me retrouve à faire des coupes claires dans mes fragments les plus polémiques. Cette musique n'attaque personne, mais elle ne passe aucun compromis. Je rêve d'écrire comme ça, de façon involontairement impitoyable ». C'est en effet ce que vous réussissait parfaitement à faire Monsieur
Hedi Kaddour notamment dans une très virtuose scène de répétition de Léna où se mêlent musique, interprétations et sentiments amoureux.