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Critique de hamilcar


Au commencement, il y eut la chair qui monte à la tête, engorgeant les élans du poète, avec comme assertion : « le vice a du génie ». le poète devint ainsi prisonnier, enlacé par le piège de la parole solitaire, tel un vigil veillant sur ses propres émois. le supplice énonciateur est lourd de sens. La faute est à la merci de chacun de nous. le poète s'installe au creux de nos doutes, bien qu'il nous indique constamment la voie, ou plutôt nous éveille face à nos sens assoupis. le parcours est un slalom entre ombre et lumière, à travers une sorte de labyrinthe aux issues en constante mutation. Afin de contenir cette inflation de lumière et d'obscurité, le poète, qui entrevoit de « bien sombres promesses » d'un soleil qui avance à rebours, ruse. Ne rien donner en pâture. Rester précis, concis et acquérir une densité qui s'articule sur la profondeur de l'être. Viendra alors le temps de la rédemption, de l'expiation, comme une énonciation souveraine enracinée dans le désir. Surenchairs, en touches précises, évoque un univers chaotique et contradictoire : « Horizon convulsé / Ciel révulsé / Astres vacillés / Reflets hallucinés / Univers grimacé de ma douleur. » le manque y est un supplice constant, un « Mamelon naissant » à portée de dents. Comment combler un vide qui au fond de l'être humain est de l'ordre du déchirement, alors même (qu') « il ne faut se fier / ni au soleil ni aux étoiles » et que « le Très-Haut est pudique » ? Par la réparation, certes, l'expiation. Il faut donc une plongée au coeur de la chair, et de la mort, surfer sur l'infini, et le temps. Aller vers la réconciliation avec la mémoire. Explorer le moindre recoin de son espace vital. Si l'ignorance peut nous préserver un instant de notre « bien triste raison d'être », la lucidité commande de ne point se fier au désespoir. L'espoir vient de la chair. Une chair qui se doit d'être audacieuse au-delà des interdits, des tabous et des politesses convenues. Une chair comprise et incarnée par la poésie comme un champ infini de possibles inimaginables. L'empreinte de la féminité nous y aide, car elle révèle en chacun de nous le sens réel de l'Univers. Elle doit s'imprégner en rythme vital comme une explosion spirituelle : « Dansent les derviches / au fond de mes pupilles / Vertige à coeur ouvert entre ciel et terre / Vertige / vertige / vertige implacable / qui emporte tout / L'instant et la date / mon univers et ma substance. » Nous sommes des demi-dieux déchus et, surtout, « la seule faille de Dieu », aussi notre salut passe par l'acquisition d'une lucidité tranchante. Nous avons inventé le diable pour justifier notre humanité. Grande faille ontologique. Cette faille est une chance inestimable de reconquête de soi, dans l'adversité quotidienne. le poète pour affronter ses propres désirs use d'ironie : « Ne dites pas que je suis heureux / C'est le malheur qui m'a proscrit. » Face au tragique, surgit donc l'espoir, un espoir qui nous dit que la poésie est avant tout équilibre existentiel dans une parfaite dualité : « Je suis signe terre / ascendant air / Olympe et poussière / désespérément. » Survient l'apaisement. Sans jamais se voiler la face, car si « la mort meurt avec la vie », c'est que chacune d'elles renaît également par la force de l'autre.

Caya Makhélé
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