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Pierre Klossowski (Autre)
EAN : 9782743661816
Payot et Rivages (21/02/2024)
4.2/5   169 notes
Résumé :
Nous avons des yeux pour voir
Pour connaître Dieu nous avons notre existence.

Voici le témoignage le plus poignant de toute l'histoire de la littérature. Que devient un homme quand le verbe pénètre en lui, décide de sa vie et lui fait espérer un mystérieux salut ? « Nous avons été chassés du paradis mais le paradis n'a pas été détruit pour cela. » Ce paradis qu'on doit retrouver sera d'autant plus beau qu'on revient de loin. Kafka relate tout... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
4,2

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Le journal de Franz Kafka est assez sombre. L'auteur y révèle un mal être qui sera accentué par la guerre et la maladie. Son quotidien s'avère des plus mornes et il se replie de plus en plus sur lui même et la littérature. Kafka nous plonge également dans ses rêves tortueux où se reflètent son angoisse et son sentiment d'indignité qui imprégneront toute son oeuvre. le judaïsme occupe une place importante dans ce journal. le judaïsme et la situation des juifs à travers l'Europe à cette époque. Il se passionne, par exemple, pour le théâtre Yiddish. Bref, dans ce journal aussi, Kafka s'impose comme un auteur poignant et singulier.
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On ne sort pas indemne du voyage au pays de Franz Kafka. Qu'on se laisse embarquer ou qu'on saute du train en marche, quelque chose en nous est remué du plus profond. Accompagner Franz sur le chemin de sa vie, d'accord, mais sur la pointe des pieds, tout en délicatesse, pour ne pas effaroucher l'extrême sensibilité de cet être humain si particulier, ne pas interrompre ses longs monologues parfois tortueux et parfois d'une simplicité enfantine. C'est aussi assister à l'éclosion de l'écriture comme tentative de survie, survie à la famille assassine, aux conventions sociales meurtrières, aux amours contrariées et impossibles, à l'amitié insuffisante. Entendre la plainte d'un homme en souffrance, en proie à ses cauchemars. En lutte avec le sommeil, antichambre de la mort. Et pourtant... Franz était drôle, faisait rire sa soeur par ses lectures théatrales, ses dessins, sa vision aiguë des choses et des êtres qui l'entouraient. On pourrait penser que, pour citer Georges Perec, Franz Kafka était un être pour lequel "vivre c'est passer d'un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner". L'âme et le corps de Franz étaient remplis d'ecchymoses.

Lien : http://parures-de-petitebijo..
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"Ce journal, c'est tout l'ennui de la vie et le salut qui l'éclaire"

J'abandonne la lecture de ce journal justement parce que je m'y ennuie. Pourtant, par moments, quelques mots viennent percuter cette monotonie.
Des mot qui crient la solitude, le silence, la peur, la douleur, la fragilité.

Il ne vit que pour l'écriture, alors qu'elle le fait souffrir.

Alors peut-être qu'un jour j'y retournerai, en choisissant des passages au hasard, quelques mots par-ci par là, car j'ai conscience qu'ici se cache un grand personnage. Ses oeuvres sont le reflet de ce journal étrange et sombre.
En même temps je me dis, si ce Journal n'était destiné qu'à ses proches et non à être publié, peut-être faut-il lui laisser ses secrets.
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de Kafka, je n'ai lu que La métamorphose....et jeune qui plus est. Ce qui fait que ce livre et son auteur m'ont laissée une drôle d'impression, d'originalité particulièrement. Et en tombant un jour sur son Journal, avec le résumé qui parle d'"un témoignage le plus poignant de l'histoire de la littérature", celui d'un homme "pénétré" du verbe, j'ai pensé: ok ; j'y vais....et en effet, c'est un témoignage bouleversant.Surtout qu'après une suite de lectures frénétiques, épuisantes, j'ai commencé celle ci en me promettant de ralentir la cadence, secrètement persuadée que cette fatigue m'empêcherait d'apprécier à sa juste valeur, une lecture qui semble exigeante. Et bien, non. Dès les premières phrases, dès la préface même, j'ai été happée par un univers, des sensations apparaissant ici et là, fugacement, des flash de conscience (ou d'inconscience) révélant que peut être, les mots étaient autre chose qu'un simple moyen de communication, qu'ils avaient une dimension propres et dont l'observation minutieuse pouvait rendre fou et désespéré. Extrait de la préface, prometteur quant à la suite: "En dépouillant le mot, Kafka le ramène à un stade où le sens propre et le sens figuré ne sont pas dissociés, où toutes les analogies de son et d'images sont possibles." ou encore:" S'il n'apporte rien qui élargisse le domaine propre de l'allemand, il creuse la langue jusqu'aux profondeurs où elle retrouve un pouvoir de communication oubliée. Creusé et rajeuni par un continuel dépouillement, le mot peut alors agir au sein d'une phrase qui, elle, épouse toutes les nuances, toutes les courbes de la pensée." Donc, le Journal sera çà, une recherche perpétuelle de la plus honnête utilisation du mot. Seulement, dans le cas de Kafka, cette recherche est confrontée à plusieurs difficultés. Tout d'abord, le milieu: Kafka est juif dans une société juive qui se cherche, s'isole, se regroupe en communautés, se disloque devant l'avancée de la modernité, tout en restant très attachée à ses valeurs et ses pratiques.La langue ensuite, le Yiddish, l'allemand, le thèque...et un peu de français aussi, et Kafka semble perdu, hésitant entre elles, mais également exigeant envers elles toutes. La famille aussi qui ne comprend rien, qui l'étouffe. Les amis et le travail...ah ce maudit travail et sa "routine". Tout ça dans une époque dite de "transition", de naissance d'un nouveau siècle et des changements géopolitiques qui l'accompagnent. Mais le plus grand obstacle qui se dresse devant l'ambition créatrice de Kafka, est Kafka lui même: c'est un être ultra-sensible, hypocondriaque, pétri de contradictions.Il veut mais ne veut pas se marier,parce qu'il lui absolument nécessaire de se marier, alors qu'il veut être seul , mais a besoin de compagnie pour le soutenir, bien qu'il travaille mieux seul. Il est également sûr de son talent, sauf dans les moments où il se dénigre complétement. Il aime ses amis, mais est très difficile avec eux. Ajoutez à celà les insomnies, les mots de tête, les douleurs diverses et variées, et vous aurez un être tourmenté à souhait, perdu, mais très attachant. Et puis, il ne manque pas d'humour, que ce soit de façon délibérée ou non, exemple: 26 fév; Aujourd'hui, j'écris à Löwy. Je copie ici les lettres que je lui envoie, pare ce que j'espère en tirer quelque chose. 27 féc: cher ami....je n'ai pas le temps de recopier mes lettres." Une phrase comme ça qui tombe entre deux chapitres de réflexions métaphysiques a un certain effet comique. le Journal comporte aussi des esquisses de travaux futures, jetées çà et là, comme pense bête peut être, mais déjà beaux en l'état. Ce Journal est donc une succession de lucidité, d'espoir et de désespoir, d'acharnement et de persévérance, donnant naissance à une lecture bouleversante, qui tient sa promesse.....oui mais....oui mais...là où le bât blesse, c'est qu'au bout de 450 pages pour moi, une répétition de ces états d'âmes , et avec des livres en attentes qui font de l'oeil....ben j'ai été "obligée" de laisser tomber....pour y revenir un autre jour peut être....on ne sait jamais.
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Lire le journal de Kafka, bien que passionnant, fut une véritable épreuve. Je suis en effet entrée dans ses méandres en mai dernier pour n'en sortir qu'il y a peu, préférant lire à un rythme régulier mais peu soutenu pour mieux digérer les 700 pages qui m'attendaient. La lecture de journaux, ou de correspondances d'écrivains, bien que souvent fastidieuse, est en effet, je trouve, riche d'enseignement pour comprendre l'oeuvre qui se dessine avant, pendant, après l'écriture de ces textes plus personnels, bien souvent non prévus à la publication.

Pour Kafka, c'en est un exemple particulièrement frappant, le plus frappant jusqu'à présent dans tous les journaux que j'ai pu lire : l'on retrouve, dans un mélange hétéroclite de pensées déviant souvent en états d'âme, de descriptions de journées plus ou moins banales, d'avis sur des spectacles vus/de textes lus, d'essais littéraires plus ou moins brefs, toute la vie de l'auteur tchèque, mais aussi toute son inspiration ; des déboires sentimentaux, familiaux, et plus encore professionnels, à la maladie qui le ronge et nuit tout autant à sa vie qu'à son écriture, en passant par ses nombreuses difficultés à écrire, lui faisant encore et toujours repousser le moment de prendre la plume, tout est à portée de main pour comprendre ce qui a pu l'inciter à écrire une nouvelle comme La métamorphose ou des romans comme le procès ou L'Amérique. Malgré la richesse de ce journal - ou peut-être à cause de celle-ci -, et son côté très sérieux - l'autodérision ne semblait pas être le fort de Kafka - j'avoue que j'ai parfois tout de même eu du mal à me concentrer sur ma lecture, ce qui explique le temps que j'ai mis à le terminer.

Une lecture qui fut donc rude, mais que je ne regrette pas pour autant : je lirai désormais les oeuvres de Kafka d'un autre oeil !
Lien : https://lartetletreblog.word..
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critiques presse (1)
Actualitte
07 juin 2022
Ces 12 cahiers allant de 1909 à 1923, Kafka les qualifiait parfois de Journal, observations de vie quotidienne, rêves, visions, fulgurations, réflexions et même dessins alternant avec de multiples débuts de récit, certains répétés. Comme s’il s’agissait de réchauffer un moteur narratif refroidi. Dans cette galaxie brille un seul récit achevé, Le verdict, écrit d’une traite une nuit de 1912, devenu pour l’écrivain le modèle du bonheur de raconter.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (154) Voir plus Ajouter une citation
5 février 1912 : Hier, à l'usine. Les jeunes filles dans leurs vêtements défaits et sales d'une saleté en soit insupportable, avec leurs cheveux emmêlés comme si elles venaient de se réveiller, leur expression figée sur le visage par le bruit incessant des transmissions et celui, isolé, des machines qui marchent certes automatiquement, mais s'arrêtent quand on ne le prévoit pas, ces jeunes filles ne sont pas des êtres humains ; on ne les salue pas, on ne s'excuse pas quand on les bouscule, si on leur donne un petit travail à faire, elles l'exécutent, mais se hâtent de revenir à leur machine, on leur montre d'un signe de tête l'endroit où elles doivent engrener, elles sont là, en jupon, livrées à la plus dérisoire des puissances, et n'ont même pas assez de sens rassis pour reconnaître cette puissance et se la concilier par des regards et des courbettes. Mais qu'il soit six heures, qu'elles se le crient, qu'elles ôtent le mouchoir qui couvre leur cou et leur cheveux, qu'elles se débarrassent de la poussière avec une brosse qui fait le tour de la salle et est réclamée par les impatientes, qu'elles arrivent tant bien que mal à se nettoyer les mains, – et ce sont tout de même des femmes, elles peuvent rire en dépit de leur pâleur et de leurs mauvaises dents, elles secouent leur corps engourdi, on ne peut plus les bousculer, les dévisager ou ne plus les voir, on se presse contre les caisses graisseuses pour leur laisser le chemin libre, on garde le chapeau à la main quand elles vous disent bonsoir et si l'une d'elle vous aide à mettre votre pardessus, on ne sait pas comment il faut prendre son geste.

80 – [Le Livre de poche/biblio n° 3001, p. 219
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3 octobre 1911

Même nuit, sauf que j'ai encore eu plus de peine à m'endormir. Au moment de m'endormir, une douleur me traverse verticalement la tête en passant par la racine du nez, comme si elle venait d'un pli de mon front comprimé avec trop de violence. Afin d'être aussi lourd que possible, ce que je tiens pour favorable au sommeil, j'avais croisé les bras et posé les mains sur mes épaules, de sorte que j'étais étendu comme un soldat tout équipé. C'est encore la puissance de mes rêves qui m'a empêché de dormir, car ils brillent déjà dans l'état de veille qui précède le sommeil. Le soir et le matin, ma conscience de mes facultés de créatrices est immense. Je me sens labouré jusqu'au tréfonds de mon être et je puis tirer de moi ce que je veux. Cette manière d'arriver au-dehors des forces qu'on laisse ensuite improductives me rappelle mes relations avec B. Il y a, là aussi, des effusions qui ne sont pas libérées, mais contraintes de s'anéantir elles-mêmes dans le choc du recul, à cette différence près qu'il s'agit ici de forces plus mystérieuses et de mon but ultime.
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16 décembre 1910 : Je ne quitterai plus ce journal. C'est là qu'il me faut être tenace, car je ne puis l'être que là. Comme j'aimerais expliquer le sentiment de bonheur qui m'habite de temps à autre, maintenant par exemple. C'est véritablement quelque chose de mousseux qui me remplit entièrement de tressaillements légers et agréables, et me persuade que je suis doué de capacités dont je peux à tout instant, et même maintenant, me convaincre en toute certitude qu'elles n'existent pas.

206 - [Le Livre de poche/biblio n° 3010, p. 18]
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29 septembre 1911 : Journal de Goethe. Une personne qui ne tient pas de journal est dans une position fausse à l'égard du journal d'un autre. S'il lit, dans le Journal de Goethe par exemple : « 11.1.1797. - Passé toute la journée chez moi à prendre diverses dispositions », il lui semble qu'il ne lui est encore jamais arrivé de faire aussi peu de choses dans une journée.

Réflexions de Goethe sur ses voyages, différents des nôtres parce qu'elles peuvent se développer plus simplement selon les lentes modifications du terrain et être plus aisément poursuivies, même par quelqu'un qui ne connaît pas la contrée. Cela donne naissance à un mode de pensée serein, positivement panoramique. De plus, comme le pays s'offre à l'occupant de la voiture avec son caractère primitif intact et qu'il est coupé de façon beaucoup plus naturelle par les routes que par les chemins de fer - qui sont entre eux dans un rapport analogue à celui des fleuves et des canaux, - il ne fait pas violence au spectateur qui peut, sans grand peine, voir les choses systématiquement. C'est pourquoi il y a peu d'observations instantanées dans ces notes, elles sont généralement limitées aux intérieurs où, aussitôt, des personnages déterminés entrent dans une effervescence infinie sous nos yeux, ce qui est le cas des officiers autrichiens à Heidelberg, par exemple ; en revanche, le passage qui décrit l'homme de Wiesenheim est plus proche du paysage : « Ils portent des habits bleus et des gilets blancs ornés de fleurs ouvrées » (cité de mémoire). Beaucoup de notes sur les chutes du Rhin à Schaffhouse, au beau milieu, en lettres plus grandes, « idées éveillées ».

94 – [Le Livre de poche/biblio n° 3001, p. 57]
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Avais-je un intercesseur, ce n’était pas clair du tout, je ne pus
rien apprendre de précis à ce sujet, tous les visages fuyaient mon
regard, la plupart des gens qui venaient à ma rencontre et que je
retrouvais encore et encore dans les couloirs avaient l’air de grosses
vieilles dames, elles avaient de grands tabliers à rayures bleu-sombre
et blanches qui leur couvraient tout le corps, elles se caressaient le
ventre et se tournaient et se retournaient lourdement. Je ne pus
même pas savoir si nous étions bien dans un immeuble du tribunal.venait de partout, ou, plus exactement, que l’endroit précis où l’on
se trouvait par hasard à cet instant était l’endroit d’origine de ce
bourdonnement, mais c’était bien sûr une illusion, car il venait de
loin. Ces couloirs, étroits, à voûte simple, à lents tournants, avec de
hautes portes à la décoration discrète, semblaient même faits pour
un calme profond, c’étaient les couloirs d’un musée ou d’une bibliothèque. Mais si ce n’était pas un tribunal, pourquoi donc y étaisje en quête d’un intercesseur? Parce que je cherchais partout un
intercesseur, il est nécessaire partout, on en a même moins besoin
au tribunal qu’ailleurs, car le tribunal prononce son verdict d’après
la loi, on doit le supposer, si cela se passait alors de manière injuste
ou peu sérieuse aucune vie ne serait en fait possible, on doit avoir
confiance dans le fait que le tribunal laisse libre cours à la majesté
de la loi, car telle est sa seule tâche, mais dans la loi elle-même
tout est accusation, défense et verdict, l’intervention d’un individu
autonome ne serait que forfaiture. Mais il en va autrement avec
le fait même d’un verdict, celui-ci s’appuie sur des investigations,
des investigations ici et là, dans la parentèle et auprès d’étrangers,
auprès des amis et des ennemis, dans la famille et dans le public, à
la ville et à la campagne, bref, partout. Là il est donc absolument
nécessaire d’avoir des intercesseurs, des intercesseurs en nombre, le
mieux serait qu’ils soient placés serrés l’un contre l’autre, un mur
vivant, car les intercesseurs sont de nature difficiles à mouvoir,
mais les accusateurs eux, ces rusés renards, ces agiles belettes, ces
petites souris invisibles, s’introduisent dans les plus petits interstices, surgissent entre les jambes des intercesseurs. Donc vigilance !
C’est bien pour cela que je suis ici, je collectionne des intercesseurs.
Mais je n’en ai encore trouvé aucun, il n’y a que ces vieilles femmes qui vont et viennent, encore et toujours, si je n’étais pas en quête,
je m’assoupirais. Je ne suis pas au bon endroit, je ne peux hélas pas
repousser l’idée que je ne suis pas au bon endroit. Je devrais être à un
endroit où il y aurait grand concours de gens, de régions différentes,
de toutes les classes sociales, de tous les métiers, de tous âges, je
devrais avoir la possibilité de sélectionner soigneusement à partir
d’une foule les compétents, les bienveillants, ceux qui m’accordent
un regard. Ce qui conviendrait sans doute le mieux ce serait une
grande foire annuelle. Au lieu de cela je me traîne dans ces couloirs
où on ne peut voir que ces vieilles femmes et encore peu d’entre elles
et toujours les mêmes et celles-là, malgré leur lenteur, ne se laissent
pas interpeller, elles m’échappent, flottent comme des nuages de
pluie, sont requises par des occupations inconnues. Pourquoi donc
me suis-je précipité à l’aveugle dans un bâtiment, sans lire l’inscription au-dessus de la porte, me retrouvant aussitôt dans les couloirs,
m’asseyant ici avec une telle obstination que je ne peux plus du tout
me souvenir m’être jamais trouvé devant ce bâtiment, m’être précipité en haut des escaliers. Mais je ne dois pas m’en retourner, il
me serait insupportable de devoir m’avouer avoir gâché mon temps,
m’être ainsi égaré. Comment? En cette vie courte, pressée, sur fond
d’un impatient bourdonnement, se ruer en bas d’un escalier? C’est
impossible. Le temps qui t’est imparti est trop court, si tu perds une
seconde tu as déjà perdu toute ta vie, car elle n’est pas plus longue ;
elle est toujours juste aussi longue que le temps que tu perds.
Donc si tu as commencé à prendre un chemin, continue, en toutes
circonstances, tu ne peux que gagner, tu ne cours aucun danger,
peut-être qu’à la fin tu tomberas, mais si tu avais fait demi-tour dès
les premiers pas et si tu avais dévalé les escaliers, tu serais tombé dès
Certains indices allaient en ce sens, mais beaucoup d’autres allaient
contre. Au-delà de tous les détails ce qui me rappelait le plus un
tribunal c’était un bourdonnement, que l’on entendait sans arrêt
comme venant de loin, on ne pouvait dire de quelle direction, il
remplissait tellement tous les espaces, que l’on pouvait croire qu’il
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RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : « Lettre à Oscar Pollak », in Franz Kafka, Correspondance (1902-1924), traduit de l'allemand (Autriche) et préfacé par Marthe Robert, Paris, Gallimard, 1965, 608 p.
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