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Critique de dourvach


Hermann ["Herr Mann" ou "Monsieur L'Homme"] Kafka a brisé les ailes de son fils Franz "le Choucas"...

Oh, sans le vouloir, bien sûr... ni même l'imaginer et — au final — le savoir... Puisque par décision de l'émetteur, cette longue lettre n'est jamais parvenue à son destinataire naturel.

Un témoignage capital et universel nous est ainsi livré.

Par son arrogance et sa foutue "prospérité", sa redoutable inconscience et son mépris des classes sociales inférieures, "Monsieur Père" l'intrusif, boutiquier prospère fier de son élévation sociale, a été jusqu'à s'immiscer dans les affaires sentimentales de son fils : insultant la tendre Julie Wohryzek (rencontrée en février 1919 à la "Pension Stüdl" de Schelesen) qu'il accuse d'avoir séduit son fils "en arborant un corsage recherché"... [Cf. cette "Lettre au Père" ainsi que les informations biographiques du "Kafka" de Klaus WAGENBACH].

Franz ne se rebelle pas. Il intériorise le conflit. Il cède, se soumet, tente de surnager à l'agression caractérisée...

A-t-il assez âprement défendu — devant pareil monstre bienveillant et d'allure si "bonhomme" — l'honneur de sa fiancée Julie ? [hypothèse heureuse et crédible que nous avons pu explorer en bâtissant patiemment le petit récit "Heiraten (Noces)"].

Seulement voilà : Franz ne "s'écrase" pas mais donnera finalement raison à son bourreau...
Franz culpabilise.
Parce que ce fils — comme tant de fils — aime simplement son père.
Et si on l'écrase, si on doit l'écraser, c'est au fond qu'il le mérite...
Ne mérite-t-il pas, d'ailleurs, les mille châtiments que l'avenir lui promet ?

Telle cette monstrueuse maladie qui finira [le 3 juin 1924] par le faire périr de douleur, d'aphonie, d'inanition et d'asphyxie (laryngite tuberculeuse terminale)...

La connerie nazie, elle, viendra à bout de la tendre Julie Wohryzek (assassinée le 26 août 1944 à Auschwitz) et des trois soeurs de Franz, dont la chère Ottilie/"Ottla", tuées dans les mêmes atroces conditions.

Alors, si la soeur de Gregor Samsa broie — au final — cette "misérable vermine" de frère dégénéré, de son habile coup de balai, quoi de plus naturel et, au fond, de presque "compassionnel" ?

Tous les mystères de la psyché de Franz Kafka, ce "fils éternel" [Cf. "Franz Kafka. der Ewige Sohn" de Peter-André ALT, 2005, non encore traduit] en ces quelques pages douloureuses et poignantes.

Pères, futurs pères, ne broyez pas, ne broyez plus vos enfants ! Par simple pitié pour eux...

Et tous n'écriront pas "La Métamorphose" [1915] en humble, immortelle et surprenante thérapie...
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