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EAN : 9782823605327
176 pages
Editions de l'Olivier (08/01/2015)
3.19/5   8 notes
Résumé :
Enfant, elle grandit entre sa grand-mère et sa mère, entre désordre et mélancolie, dans un véritable capharnaüm. De temps en temps, un homme séduisant qui l’impressionne et la rend muette l’emmène dîner dans une boîte de nuit. Cet homme est son père, Maurice Girodias, don Juan et dandy,
éditeur de Lolita, Miller et Burroughs, héros de la lutte contre la censure pour certains, aventurier sans scrupules pour d’autres. L’enfant devient adolescente, et comprend ... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Cette fille du titre, c'est l'auteur elle même, Juliette Kahane qui retrace dans son nouveau roman les vies de son grand père, celle de son père, et la sienne, étroitement liées et mélées.

Petite fille, Juliette estéblouie par son père, éditeur du Lolita de Nabokov, mais tombé en disgrace pour avoir publié d'autres romans scandaleux.

Ce père, qui mène une vie de dandy sans scrupueles, alors que Juliette mène une vie à l'opposé, sans joie avec ses figures maternelles que sont sa mère, grand mère et sa soeur.

Les évenements de mai 68 feront de Juliette une gauchiste engagée et lui donneront la force de se plonger pendant les actes troubles commis par son père pendant la guerre.

Une fille décrit avec justesse et émotion des évenements autobiographiques avec une sensibilité et une empathie plutôt touchante.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dans ce roman autobiographique Juliette Kahane, au travers de ses souvenirs d'enfance et d'adolescence entre les années 60 et 70, se penche sur ses relations avec celui qui fut son père.
Sa plume sobre et élégante esquisse le portrait d'un homme qui fut un éditeur audacieux mais aussi un mari volage et un père particulièrement absent. Peu fait pour la vie de famille, il a déserté le domicile conjugal et Juliette ne connaît que peu cet homme qui n'aime pas que sa fille l'appelle "papa". Il l'intimide tant qu'elle ne peut que rester silencieuse en sa présence. "Le mystère de son père, c'est quelque chose qui la sidère, qui la rend muette."
Pour Juliette, être fille et petite fille d'éditeur est un héritage d'autant plus lourd à porter qu'il ne semble pas avoir de réalité. Elle va chercher à connaître son géniteur bien après la mort de celui-ci en se plongeant dans sa correspondance et sa biographie.
J'ai dévoré la première moitié du livre qui est écrite comme un roman puis, quand arrive mai 68 et que l'auteur passe du "elle" au "je", le texte a subitement perdu tout intérêt à mes yeux. Je n'ai fait que survoler la partie consacrée à son éveil politique et personnel, aux sombres magouilles éditoriales pendant les années d'occupation qui, je l'avoue, m'ont barbée. Je n'en éprouve aucun regret car les 120 et quelques premières pages ( sur 172) ont largement su me passionner.
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J'ai bien failli passer à côté de ce livre : entraperçu dans l'arrivage plutôt massif de janvier, je l'ai vite oublié et c'est grâce à la chronique d'Éric Chevillard dans le journal le Monde que je me suis intéressé à ce livre. Juliette Kahane est La Fille de Maurice Girodias, que je ne connaissais pas jusqu'alors, et qui est pourtant le premier éditeur de l'édition originale de Lolita - de Nabokov - en 1955, livre sulfureux refusé par tous les éditeurs américains de cette époque. Il est bon de se remémorer le fait que la censure française pour les textes accusés de pornographie s'applique à la langue française uniquement - Girodias put ainsi contourner la loi en publiant ce livre en France, certes - mais en langue anglaise. Devenu best-seller mondial, Girodias profite des retombées financières pour ouvrir un restaurant à Paris, pour mener la vie d'éditeur flamboyant et de playboy flambeur, entouré d'une petite cour de fidèles, tout ça plutôt que de payer Nabokov qui ira très vite voir ailleurs si l'herbe est plus verte (et dans ce cas : elle l'est). Mais ce livre de Juliette Kahane est avant tout le portrait autobiographique d'une jeune femme qui peine à devenir adulte, à se débarrasser de la chrysalide pour devenir papillon. Mais c'est aussi un biais évident pour se pencher sur son passé familial, chaotique et fascinant, principalement celui du père, bien sûr ; d'ailleurs Éric Chevillard le résume bien dans sa chronique en disant : "Tout récit d'enfance est un récit posthume et les chahuts du garnement nous renseignent surtout sur les manifestations éprouvantes de la démence sénile".


La Fille est un livre épatant, tant au niveau de l'écriture, subtile et rythmée, que pour son contenu, puisque la jeunesse de Juliette Kahane passe par l'Amérique des sixties, mai 68, la complicité d'une grande fille tout en noir qui lit Jean Genet (Le Journal d'un voleur), Georges Bataille (Madame Edwarda) et se passionne pour l'oeuvre de Sade, par des rencontres fugaces (Valérie Solanas par exemple, auteure du manifeste SCUM et qui s'illustrera en essayant de tuer Warhol - publiée par... Girodias évidemment!), etc. Livre sur l'adolescence, l'amour, le sexe, l'édition, la littérature, le passé, la mémoire, ou plutôt les mémoires, la sienne et celle de son père, différentes mais qui se rencontrent dans ce beau récit renversant.
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J'aime les autobiographies. le ton est de publier des livres qui racontent une vie, avec une photo révélatrice sur la couverture, pour donner de suite l'ambiance. On découvre Juliette, sa vie de petite fille et adolescente qui ne parvenait pas à s'imposer sur le plan figuré, sur le plan physique non plus d'ailleurs, les quantités de nourriture ne changeant rien à sa silhouette rachitique. Dans ce livre, on s'aventure dans une maison folle, où les pièces sont submergées par le bazar, et où tout semble sur le point d'exploser. le père charismatique, dandy, sombre survient, de temps à autre, presque comme une étoile filante. On suit Juliette Kahane, de bébé devenu fille devenue femme. Mention spéciale à la note psychanalytique du récit, dans la comparaison de l'auteur entre sa vie passée, confinée et sous l'ordre du père, et sa vie dans les années 68, où, croyant vivre la libération à son paroxysme, elle était là encore assez confinée et sous les ordres d'un gourou lui disant comment vivre sa vie. L'auteur fait preuve d'un véritable recul et on ressent ce que cela a eu de libérateur pour elle de se pencher sur son passé, lire les carnets de son père, ses livres aussi. Son père ne manquait pas de secrets, et en tant que lecteur on est surpris devant l'abîme séparant ce qu'elle a ressenti et vu durant son enfance de ce qu'elle en sait aujourd'hui, avec ses yeux d'adulte. Je recommande chaudement cette lecture.
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critiques presse (1)
Lexpress
19 janvier 2015
"Mon père est un faussaire, un truqueur", écrit Juliette Kahane, dont la (re)naissance en mai 1968 a libéré le "je" narratif, et qui, au terme du récit et au soir de la vie de Girodias, devenu "une sorte d'ami" (mort d'une crise cardiaque en 1990), se dit enfin apaisée.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
"De ce moment date sa manie. Du jour où elle a vu le film Nuit et Brouillard, elle qui est née après la guerre et dont aucun membre de la famille proche n'a été déporté, en tout cas pas parce que juif. De ce jour, chaque fois qu'elle se trouve, chaque fois que je me trouve dans une situation d'entassement, de foule comprimée, emprisonnée - dans le métro aux heures de bousculade par exemple : observer des visages, les gestes. Essayer de pressentir laquelle, lequel aurait été prêt à marcher sur les têtes et les corps pour respirer un peu d'air, à se battre pour voler un peu d'eau ; qui se serait mis à hurler, à donner des coups, qui aurait fermé les yeux en priant, qui serait tombé en premier, aurait renoncé ; qui aurait essayé d'organiser, de calmer, de retarder le moment où on devient animal, schwein. Ou dans les files d'attente, les queues. Les resquilleurs, les passifs, les amuseurs, les analystes. Parce que je vois bien l'absurdité (voire l'obscénité) de prétendre superposer imaginairement les deux situations, l'impossibilité de deviner qui dans cette foule serait victime et qui bourreau, comment, déportée dans un camp nazi, je me serais comportée - je n'ai jamais parlé à qui que ce soit de cette enquête perpétuelle. Ce qui fait que je n'ai jamais su jusqu'à quel point cette manie était répandue parmi ceux qui ont vu ce film ou d'autres documents d'archives, qui sont parmi les armes les plus puissantes de l'abjection.
De ce moment date aussi la question de ce qu'est un Juif, et cette autre question : qu'est-ce que c'est, porter un nom juif ? Pourtant Nuit et Brouillard ne parle pas de l'antisémitisme nazi, il n'en dit pas un mot. Une seule fois le mot juif est prononcé. Au fil d'une énumération de déportés, on entend "Stern, étudiant juif d'Amsterdam", comme si cette particularité de Stern, être juif, n'avait qu'un rapport accidentel avec son arrestation puis sa déportation. Comme s'il représentait une minorité juive parmi, cette curieuse phrase, "la foule des pris sur le fait, des pris par erreur, des pris par hasard". Une minorité au sein des exterminés. La seule distinction évoquée parmi les prisonniers des camps nazis est celle qui sépare les kapos, presque toujours des droit-commun, des autres déportés. Les noms des camps sont prononcés, sans qu'aucune différence soit faite entre camps de concentration et camps d'extermination. Rien sur le sort particulier des Juifs, des Tsiganes, des homosexuels, des Slaves. Il faut remarquer les étoiles jaunes sur les habits des raflés qui montent dans les wagons à Pithiviers, à Varsovie. Il faut déjà savoir sur quoi s'est concentrée la haine nazie. Ce silence sur le génocide des Juifs par l'Allemagne nazie, c'est maintenant, tandis que j'écris ces lignes, que revoyant le film j'en suis frappée. Je ne crois pas que la fille qui a vu Nuit et brouillard au début des années soixante y ait pensé."
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Quelque chose, dans leurs yeux, venait de dérailler.
Ils les regardaient approcher de la table, les regardaient du coin de l'œil lui et ce qui arrivait avec lui, Tiens Girodias sort une de ses filles ce soir, sans cesser de parler entre eux – une petite bande de malfaiteurs élégants. Trois chevaliers du sexe et du livre enregistraient sa présence peu notable, à peine gênante, dans le sillage de leur frère, de leur ami, et aux positions détendues de leurs corps sur les banquettes – devant eux un serveur faisait flamber des chachliks -, elle devinait les sourires tournés vers cet homme qu'elle appelle Papa, quelle ne peut malgré les désagréments qu'il en éprouve appeler autrement que Papa."
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Videos de Juliette Kahane (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Juliette Kahane
Juliette Kahane - Une fille .Juliette Kahane vous présente son ouvrage "Une fille" aux éditions de l'Olivier. Rentrée littéraire janvier 2015. http://www.mollat.com/livres/kahane-juliette-une-fille-9782823605327.html Notes de Musique : ?The Father, The Son, and The Harold Rubin? (by Ehran Elisha, Harold Rubin and Haim Elisha). Free Music Archive.
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