Entre ses activités professionnelles et ses responsabilités politiques la vie d 'Alex Kan est bien chargée. Il entrevoit cependant une période plus calme qu'il décide de consacrer à lui seul pour retrouver les sensations passées de la marche et de la solitude.
Il décide de traverser la France à pieds, des Ardennes au Pays Basque. Il le fera seul mais jalonnera son parcours de conférences et alimentera quotidiennement son site internet de photos et de pensées en chemin...
J'ai apprécié les descriptions, les références historiques, et le partage sur les rencontre et la gastronomie locale, les galères sur la route. Outre cela il faut reconnaitre que c'est une belle performance que de parcourir 30 à 40km par jour pendant plusieurs mois d'affilés surtout pour un homme qui a dépassé l'âge de la retraite :)
J'ai par contre moins apprécié les remarques répétées sur le piteux état de l'économie locale et la désertification des campagnes, j'avais parfois l'impression qu'il préparait un thème de campagne éléctorale et ça m'a semblé passablement hors sujet. D'autant plus que traversant la France dans la diagonale du vide, il y avait peu de chance qu'il ait beaucoup de bonnes surprises.
Un bouquin que j'aurai préféré un peu plus détendu mais qui laisse cependant en tête de belles images de la France rurale.
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Du 8 mai au 1er août 2013, Axel Kahn traverse la France à pieds de la frontière belge à la frontière espagnole. Le projet lui tenait à coeur depuis longtemps suite à sa lecture du livre de Jacques Lacarrière « Chemin faisant », paru en 1977. « Aussitôt lu le récit de Jacques Lacarrière, je fis le projet de traverser la France sur ses traces, en une grande diagonale que j'imaginai d'emblée nord-est/sud-ouest mais plus ample que la sienne. »
Sur le trajet qui le mène de Givet, dans les Ardennes, à Ascain, au Pays Basque, alternant plaines, plateaux et vallons, campagnes et petites villes, en évitant soigneusement les grandes villes et en utilisant principalement les chemins de grande randonnée, Axel Kahn se perd parfois, souffre fréquemment de la pluie et du froid, avale occasionnellement un sandwich immangeable car détrempé, mais garde toujours intact son enthousiasme. Il en a ainsi profité pour parcourir la partie française du chemin de Compostelle du Puy en Velay à Saint Jean Pied de Port.
« Pensées en chemin » est une sorte de journal de bord ou le carnet de route dans lequel Axel Kahn fait défiler la diversité des paysages français avec ses hameaux, ses forêts, ses collines, ses plateaux ou ses rivières, mais également ses hommes et ses femmes, qu'en observateur avisé il sait décrire avec beaucoup de sensibilité et de finesse, mais aussi beaucoup d'humour. Un livre à lire tranquillement chez vous ou à emporter si comme moi vous suivez ses pas du Puy à la frontière espagnole.
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J'ai lu ce récit de voyage après le plus récent, dans un ordre chronologique inverse, donc.
Mais j'ai éprouvé le même intérêt pour les deux relations de parcours de la France en diagonale.
L'auteur est un sage de notre temps et son analyse de la société de la France profonde est précise.
Je garde son blog, qui m'a permis de suivre visuellement et pas à pas ses deux pérégrinations, dans mes favoris.
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La marche et la méditation ont inspiré de nombreux auteurs et chercheurs. Axel Kahn cite dans cette interview l'ouvrage de Jacques Lacarrière "Chemin faisant" sorti en 1974 mais on pense plus récemment à Jean-Christophe Rufin est parti sur les chemin de Compostelle. Dans "Immortelle randonnée" il relate son récit émaillé d'humour et d'autodérision.
Lire la critique sur le site : Culturebox
J'observe un désintérêt affiché pour tout ce qui ne concerne pas le local et le quotidien stricts, un rejet du discours raisonnable des puissants, perçu comme mensonger et mortifère. Plusieurs personnages avec qui l'ai pu échanger quelques mots, dans les auberges et estaminets où je me suis arrêté un instant, m'ont fait comprendre ou m'ont affirmé de manière explicite qu'ils ne lisaient aucun journal, ou alors, dans la presse locale, les seules nouvelles de leur commune, au mieux du canton. Ces gens sont en majorité convaincus que le pire est certain, qu'un monde auquel ils sont attachés ou croient l'avoir été s'est effondré ou s'effondrera. Mes interlocuteurs, les gens eux-mêmes ou, plus souvent, les citoyens engagés que je rencontre aux étapes et qui tentent de réagir, me décrivent un sentiment de dépossession des habitants de petites cités ou de villages de toute responsabilité dans la conduite de leurs affaires et l'écriture de leur avenir par « les autres », Paris, l'Etat, Bruxelles, les étrangers, le monde.
Le bistrot propose des menus- entrée-plat-dessert et quart de vin compris-pour treize euros, on est là dans la plus grande simplicité, au demeurant silencieuse, mais la nappe est de soleil, le petit vin gouleyant et réjouissant, et cela change tout. Le bonheur de vivre est palpable et à l'évidence partagé. Cette jubilation-là n'est pas l'apanage de privilégiés, elle est vécue par de petites gens qui savent la trouver dans les choses ordinaires de la vie et témoignent ainsi de leur superbe appétence de l'existence. Une leçon extraordinaire pour moi qui viens de croiser tant de personnes anorexiques de ce point de vue, promptes à assombrir tout ce qu'elles touchent et vivent.
L'orage de la veille a fait place à une belle matinée ensoleillée dont la chaleur croissante fait se lever des prés et des bois une brume odorante dans laquelle je distingue les senteurs d'aubépine, d'ortie, d'herbe coupée et, surtout, de genêt. Plus bas, la floraison de ces arbustes d'or arrive à son terme, mais tel n'est pas le cas en montagne où leur éclat dans la lumière matinale est éblouissant. Dès que l'ardeur solaire a dissipé la fraîcheur de la pluie de la veille et de la nuit, ils exhalent une odeur épicée qui évoque un soupçon de délicieuse amertume ; cette odeur l'emporte alors sur toute autre senteur et imprègne la peau et les vêtements. L'intensité de ces effluves provoque chez moi une légère ivresse ravie, que remarquent peut-être deux jeunes chevreuils si occupés à déguster les herbes délicieuses de l'aube qu'ils ne s'avisent de ma présence que lorsque je n'en suis qu'à une cinquantaine de mètres.
...je quitte l'Aubrac. Les sommets du massif par lequel je passe en ce petit matin transparent, les burons à la toiture rouge sur leur pentes, les Grands Causses qui se découpent à la perfection au sud-est avant que la brume de chaleur ne les estompent, composent un tableau d'une violente beauté.
Inutile de s'appesantir sur mon état d'esprit en débutant la dernière étape de mon long voyage, il est un mélange de celui du condamné à mort fumant sa dernière cigarette et du marin rentrant au port après qu'il a fait un merveilleux voyage dont les multiples images restant gravées dans son esprit.
Le généticien et essayiste Axel Kahn s'est éteint le mardi 6 juillet, des suites d'un cancer. Il avait choisi au jour le jour, de tenir sur son blog ce qu'il appelait "La chronique de l'itinéraire d'une fin de vie". Afin de lui rendre hommage, François Busnel et l'équipe de la Grande Librairie ont décidé de diffuser à nouveau cet entretien exclusif que le scientifique avait donné deux semaines avant sa disparition.
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/