Un itinéraire didactique à travers le Siècle d'or hollandais, où Madlyn Millner Kahr soulève légèrement, le voile de quelques unes des ces oeuvres remarquables. L'ouvrage est accessible à un public néophyte, si celui-ci est sûr de son goût, et détaille le cheminement de la peinture des Provinces-unies, de la fin du Manièrisme flamand à l'épanouissement de l'Ecole de Delft. L'auteure nous fait découvrir les peintres caravagesques d'Utrecht, les centres artistiques de Leyde, Amsterdam et Haarlem, à travers les grandes figures picturales de l'époque (Rembrant, Frans Hals, Gerrit Dou...) ; ainsi que les thématiques majeures abordées par les artistes: le portrait, la marine, la scène de genre...
À lire avec attention car ce sont les commentaires qui font l'intérêt de ce livre, dont les illustrations sont en niveau de gris. Quelques coquilles pertubantes en début d'ouvrage rapportées ci-dessous pour fluidifier votre lecture:
- p. 25, XVIIe siècle et non XVIe pour la population d'Amsterdam
- p. 60, Abraham Bloemaert (1564 - 1651)
- p. 78, Karel van Mander (1548-1606)
- p. 131, Bartholomeus van der Helst n'est probablement pas inscrit à la guilde de Saint Luc d'Harleem avant le début des années 1630.
Et un ovni :
- p.364, à propos de Pieter de Hooch: "En 1635, il travaillait à Delft", peu probable si l'on considère que sa date de baptème en 1629 est son année de naissance.
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[au XVII] Si la société hollandaise n'est pas égalitaire, les nouvelles circonstances économiques favorables permettent cependant une certaine mobilité sociale. Le prestige sociale ne repose pas tant sur le statut héréditaire, comme ailleurs, que sur la richesse, ce qui explique une fluidité sociale inhabituelle.
La diversité de la peinture hollandaise du XVII siècle tient à ce qu'au lieu de peindre pour répondre aux souhaits des riches et des puissants, les artistes - pour la première fois dans l'histoire de l'art occidental - créent dans un but commercial [...] Les peintures se vendent en très grand nombre, mais il semble que l'offre soit encore plus importante que la demande. Les prix sont donc généralement bas, et les peintres ne s' enrichissent guère.
Ces tableaux nous font penser à un album de famille de la vie en hollande. La grand-mère pose un peu raide pour son portrait. Le père envisage le monde avec confiance. La mère pèle des fruits ou fait de la dentelle pendant que ses enfants jouent à ses pieds. Des groupes discutent tranquillement à l'intérieur d'une église aux murs blanchis, baignée de lumière. Des hommes et des femmes festoient dans des tavernes, jouent, écrivent des lettres, conversent. La vie semble se dérouler sous nos yeux sans la moindre inhibition. Les gens, les moissons et les bois, les cités et les villages, tout est là, dépeint sous les couleurs les plus vives.
Particulièrement dans ses premières œuvres, Hals se fait une sorte de spécialité de la représentation de moments agréables. Même certains de ses portraits de commande communiquent une gaieté et une bonne humeur contagieuses. Ces traits sont des composantes importantes de la séduction qu'exerce Frans Hals.