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3,51

sur 49 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Reconnaissons tout d'abord à ce roman une audace assez originale. En effet, quel jeune auteur choisit, pour son premier roman, un thème aussi incongru que les vers solitaires ? L'autrichienne Vea Kaiser n'a certes pas cédé à la facilité en choisissant de sortir de l'ombre les habitants du village alpin de Saint-Peter-sur-Anger et on peut légitimement s'interroger sur ses motivations. Pour ma part, je vois en "Blasmusikpop" une sorte d'hommage à son peuple, voire à ses origines.

Cet hommage à un terroir, à des traditions et à un pays, je suis d'ordinaire à même de l'apprécier, d'autant plus que j'ai une affection particulière pour la Bavière et le Tyrol et que je rentre tout juste d'un séjour de dix jours là-bas. Hugo me verrait habillée en dirndl que j'aurais sans nul doute droit à l'un de ses délicats compliments ! Ah, vanité des vanités...

Et pourtant, et pourtant, ce roman plutôt costaud ne m'a pas séduite.
Pourquoi ?

Déjà, pour être tout à fait franche, les vers solitaires et le football (les deux thèmes majeurs du roman ; si vous voulez trouver le lien, rendez visite à votre libraire) n'ont rien pour me plaire. Toutefois, le contexte aurait pu faire digérer ce point sans trop de peine si la narration ne s'était présentée sous la forme d'une chronique de village bien trop détaillée pour être exaltante et n'évitant le piège de la monographie que pour se perdre dans un trop grand foisonnement de personnages secondaires. Que de longueurs ! Le souci du détail qui caractérise la plume estudiantine de Vea Kaiser a souvent eu raison de ma patience et a encouragé une lecture en diagonale à plusieurs reprises, ce qui ne m'arrive pour ainsi dire jamais.

Malgré la minutie du récit, aucun personnage ne m'a semblé attachant et il en a résulté que je suis restée très en retrait de l'histoire d'un bout à l'autre du roman. De plus, le fait que l'auteur insère dans son chapitrage des extraits d'étude pseudo socio-anthropologico-historique sur les origines de Saint-Peter-sur-Anger achève, de mon point de vue, d'alourdir l'ensemble.

Je salue toutefois la qualité d'écriture très prometteuse de Vea Kaiser et tiens à distinguer le travail remarquable de la traductrice, Corinna Gepner, notamment au niveau des dialogues souvent mâtinés de patois.


Challenge PAVES 2015 - 2016
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Je remercie Ies éditions Presses de la Cité ainsi que Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération masse critique.

Ce livre est un premier roman. C'est une chronique villageoise sympathique et originale. Elle raconte une épopée qui commence avec le ver solitaire de Johannes. Ce dernier vit dans un bourg niché haut dans des montagnes, et nommé Saint Peter sur Anger. Un historiographe donne un aperçu de l'histoire du village par à coups dans le livre et poussera l'érudition jusqu'à très loin. Tout d'abord, on saura que les villageois de Saint Peter sur Anger sont des Barbares, mais non pas dans l'acception de la sauvagerie du terme. Puis on remontera très loin dans le temps et tout sera analysé.

Johannes, tracassé par son ver solitaire, aime passer des heures à la bibliothèque pour approfondir le sujet. Il voudrait devenir médecin, et d'ailleurs, il suffit qu'il soit fraîchement marié, pour qu'il décide de partir vers la capitale afin d'accomplir son destin, en laissant sa jeune épouse plantée là, au milieu du bourg, en lui promettant son retour. Il reviendra, et sa descendance bénéficiera de sa témérité.

J'ai été très surprise du langage dialectal. Je me suis demandée s'il avait été complètement fabriqué en s'inspirant d'un parler régional particulier, et si oui, lequel ? En tous les cas, je l'ai trouvé à la fois drôle, inventif, mais aussi, je dois l'avouer, parfois pesant, et venant ralentir la lecture.... Pesant comme le sont tous les dialectes, je crois.

Les intrigues entre personnages manquent par moment d'ampleur, et c'est inégal. Cependant, la vie de ce village isolé du reste du monde est bien explorée et cette occasion de se pencher sur les aspects de la vie communautaire se fait de manière tendre et drôle. le club de foot est au coeur de l'activité des intérêts communs, certains autres groupes plus petits se forment selon les intérêts. La vie est comme partout, sujette à des cancans, il y a bien-sûr de l'amour, et aussi Internet qui s'infiltre. C'est un joli roman emprunt d'humanisme.

On vit selon les mêmes schémas aussi haut ou aussi bas que l'on soit perchés finalement. "Barbare" évoqué très souvent n'a pas signifié grand chose ici, à mon sens personnel. Nous sommes tous le barbare de quelqu'un d'autre.



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***Je remercie Babelio et les éditions Presses de la Cité de m'avoir fait parvenir un exemplaire de ce livre à titre gracieux, dans le cadre d'une opération "masse critique"***
La lecture de ce livre a suscité en moi des sentiments mélangés : admiration, amusement mais aussi une certaine répugnance.
Admiration tout d'abord car il s'agit d'un premier roman, sorti par une auteure de 24 ans. On ne peut que s'émerveiller du style, brillant et drôlatique (chapeau en passant à la traductrice, Corinna Gepner, qui a réussi à traduire les nombreux passages en langue dialectale de manière absolument magistrale, évoquant d'ailleurs de nombreux autres dialectes, cela m'a notamment rappelé le... wallon parlé dans mon village natal) et du sens affûté de l'observation de l'auteure, Vea Kaiser.
Amusement car, j'y ai déjà fait allusion, le livre est très drôle. Une comédie montagnarde, évoquant "Clochemerle" ou "La guerre des boutons" version alpine autrichienne. Le héros principal est le jeune Johannes Irrwein, descendant d'une lignée "d'originaux" à savoir des hommes qui ont, à un moment de leur vie, quitté leur village de Saint-Peter-sur-Anger - depuis toujours isolé du reste du monde - pour s'en aller découvrir le vaste monde et, chose effarante à Saint-Peter, é t u d i e r..., pour finalement revenir au village dans des circonstances diverses. Johannes, féru de culture hellénistique classique, fan d'Hérodote dont il entend reprendre le flambeau d'historiographe, observe les petits et grands travers de ses concitoyens avec tout le sérieux que lui impose la mission dont il s'estime investi. Et lui-même bien sûr de tomber dans tous les travers de l'intello maladroit et quelque peu naïf (bon, lorsque nous quittons ce héros, il n'a encore que 17 ans: il a donc quelques "excuses"). Par un concours de circonstances il va se retrouver à devoir organiser un match de foot, sport abhorré par lui mais vénéré des autres villageois, et cette expérience va, pour faire court, rééquilibrer quelque peu sa vision séparant les "civilisés" (dont il fait partie, bien sûr) et les "barbares des montagnes" (dont il finira par réaliser qu'il fait partie, lui aussi).
Toute personne ayant vécu une enfance dans un petit village isolé, pratiquant un dialecte différant de la langue "standard" et qui, ne fut-ce que parce qu'elle lisait beaucoup, a de bonne heure été considérée comme un(e) original(e) se reconnaîtra au moins un peu dans ce livre, et rira de bon cœur à certains passages...
Bon maintenant il y a le côté négatif, à savoir une certaine répugnance, qui m'a accompagnée tout au long de la lecture de ce livre. Celui-ci révèle que, dans les petits villages isolés des Alpes autrichiennes, rien n'a finalement vraiment changé depuis la nuit des temps. Conservatisme extrême : rappelons que l'Autriche fut le berceau du nazisme, n'a d'ailleurs jamais été dénazéifiée, et que les partis d'extrême droite y réalisent régulièrement des scores étonnants. Patriarcat et sexisme : à Saint-Peter-sur-Anger la seule manière pour les femmes de jouir d'un semblant d'influence sur la chose publique consiste à faire partie de "l'assemblée des mères" - ce qui présuppose d'être mère de famille bien sûr : les femmes non mères n'existent pas - et encore: alors accéderont-elles au suprême pouvoir de décider quelles pâtisseries seront servies à l'occasion des matchs de foot hebdomadaires et autres décisions cruciales du genre. Rappelons que l'écrivaine autrichienne féministe, prix Nobel de littérature, Elfriede Jelinek a régulièrement été menacée de mort et a régulièrement vécu en "exil" en Allemagne, à l'instar d'une foultitude d'intellectuels autrichiens se sentant par trop à "l'étroit" en Autriche (pour d'autres raisons parfois, comme le fait d'être juif). Enfin cette société exsude une sorte de violence sourde s'exprimant notamment dans le cadre familial (le bouquin de Vea Kaiser en fournit des exemples qu'elle choisit toutefois de traiter sur un mode léger, léger, léger...).
Par conséquent le fait qu'une jeune femme de 24 ans sorte un bouquin qui, même s'il n'esquive pas la description des travers des villageois qui en sont les héros, semble finalement faire l'apologie de ces micro-communautés repliées sur elles-mêmes, sexistes et racistes, cela me pose question. Bien sûr le livre comporte une fin consensuelle, laissant entendre que le village s'apprête à s'ouvrir au monde et au "progrès" mais tout ceci semble bien invraisemblable, surtout dans le contexte historique actuel, précisément caractérisé par des replis communautaristes tous azimuts...
NB Je trouve dommage que l'éditeur révèle, en quatrième de couverture, l'un des ressorts principaux de l'intrigue. Heureusement que je n'avais pas lu cette quatrième de couverture avant d'être proche de la fin du bouquin !
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J'ai eu du mal à entrer dans la première partie du livre. L'histoire de Johannes, le grand-père, qui atteint d'un ver solitaire dans ce village perdu dans les Alpes autrichiennes doit attendre plusieurs mois pour avoir accès à un vermifuge, ce qui le poussera à quitter son village pour étudier la médecine, est un poil tirée par les cheveux. Elle a au moins le mérite de planter le décor : un petit village, perdu dans la montagne, qui vit un peu beaucoup à l'écart du monde et qui n'a pas changé d'un iota au fil des ans.

Quant à la relation qui va naître entre le petit-fils et le grand-père, elle m'a paru être très proche d'un embrigadement scientifique et culturel, l'envie d'un parent de faire de sa progéniture un "savant". D'ailleurs, l'attachement de Johannes à son grand-père l'empêchera de prime abord de se laisser aller à son penchant pour les sciences humaines et l'histoire, plutôt que les sciences "dures". Mais laissons ce point de côté.

Là où l'histoire a vraiment démarré pour moi, c'est à l'adolescence de Johannes et son entrée au lycée. À partir de là, il quitte le huis-clos du village pour se confronter au monde, aux autres et somme toute à lui-même.

Ensuite, à partir de son échec au baccalauréat, le rythme s'accélère et ce qui aurait dû être une catastrophe devient peut-être une chance. Une chance de changer son regard sur ces gens qu'il cotoie depuis toujours et méprise, auxquels il ne s'est d'ailleurs jamais mêlé. Et puis, un concours de circonstances va faire de lui un personnage clé dans l'événement de l'année, voire du siècle, au village : un match amical entre l'équipe locale amateur de football et une équipe professionnelle d'Hambourg. S'il se voit mêlé à tout cela contre son gré, il découvrira finalement la richesse de ce village : une certaine cohésion sociale, entraide et solidarité à tout épreuve.

Bref, c'est un roman qui aborde tout un tas de sujets, dont chacun se sentira plus ou moins proche et adhérera plus ou moins. Il est assez caricatural, avec ce parler "patois" (chapeau d'ailleurs à la traductrice pour la transcription) omniprésent au village (à part dans la bouche des deux Johannes) mais aussi dans la représentation des personnages et du monde selon Johannes. du moins, dans les quatre premiers cinquièmes du roman.

Si j'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire, en définitive, c'est une lecture assez intéressante et un ovni au milieu de mes lectures habituelles. Il vaut le détour, donc !
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Vea Kaiser se lance le grand défi de décrire un village, celui de ploucs au grand cœur d'où va s'extraire, grâce à un ver solitaire, Johannes. Il deviendra médecin et passera leflambeau de "l'intellectuel" à son petit-fils Johannes (ben oui aussi). L'auteure enchaîne des petites scènes quotidiennes, parfois drôles, parfois touchantes. J'utilise bien le parfois car, comme souvent dans les premiers romans, il y a la tendance à trop en faire et à tirer sur la corde, voire se répéter. Les scènes sont entrecoupées de "chroniques" sur l'Histoire de la région parfois pénibles, elles prennent, à mon avis, leur sens bien trop tard...
Malgré les inégalités, je me suis laissée prendre par ce roman-chronique découvert grâce à Masse Critique. Le texte se lit avec facilité et plaisir (peut-être qu'au lieu de la rentrée littéraire, il aurait eu sa place dans les sélections d'été) et l'auteure est sans doute à suivre.
Ah oui et félicitations à la traductrice pour l'incroyable travail réalisé sur le "patois".
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Pour tout vous dire…

J'ai gagné Blasmusikpop dans le cadre de l'opération Masse Critique de Babelio. En toute logique, je remercie donc vivement Babelio mais également Les éditions Presses de la Cité pour m'avoir permis de découvrir un livre que je n'aurais peut-être pas ouvert sans ce coup de pouce du destin !

Blasmusikpop est gros livre bien dodu écrit par Véa Kaiser, une étudiante autrichienne qui, je crois, avait 24 ans au moment de la publication du livre dans son pays. Ce roman fait partie de la rentrée littéraire des éditions Presses de la Cité et est sorti aux alentours du 19 août, si ma mémoire est bonne.

Dès le départ, je préfère être honnête : Blasmusikpop est un roman dense, original, frais et dont les qualités sont certaines… mais c'est aussi un roman qui n'a pas su toucher la lectrice que je suis. Je n'ai tout simplement pas accroché à l'histoire qui nous est présentée et le style de l'auteure ne m'a pas spécialement plu.

De quoi ça parle ?

Blasmusikpop nous raconte l'histoire du village de Saint-Peter-sur-Anger et plus particulièrement de Johannes, un jeune homme qui a doucement délaissé sa famille et son travail pour étudier à la bibliothèque du village. En effet, alors qu'un bébé grandissait dans le ventre de sa femme, un vers solitaire gambadait dans le sien. Dans un premier temps dégoûté, Johannes s'est finalement passionné pour ce phénomène si étrange et s'est plongé dans les sciences.

Le souci ? Johannes vit dans un village de paysans à moitié attardés. Coupés du monde et de la civilisation, ils considèrent que l'éduction (et lire des livres) est très suspect. Johannes est forcément de plus en plus mal vu… et quand il découvre que son enfant n'est en fait pas le sien (mais celui du voisin), le jeune homme quitte le village et part étudier la médecine en ville. Bien des années plus tard, il revient à Saint-Peter-sur-Anger en tant que médecin. Eclairé, cultivé, il retrouve son village tel qu'il l'a laissé…. Mais léguera son amour des sciences à son petit-fils.

Mon verdict !

D'emblée, j'ai aimé l'originalité de ce roman et la créativité de l'auteur qui a imaginé ce village fictif avec des personnages plus vrais que nature, un dialecte particulier et des anecdotes souvent assez savoureuses. La chronique de ce village est assez vaste puisque nous allons rencontrer trois générations. Nous passons en effet de 1959, avec la jeunesse de Johannes à l'année 2010 avec les tribulations de son petit-fils (qui porte le même prénom).

Dès le début, j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire. Peut-être parce que je ne savais vraiment pas où je tombais ! Il y a 1001 sujets évoqués dans ce livre, la science, le progrès, une réflexion sur les petites communautés, sur l'amour, sur les liens familiaux…. C'est un peu foutraque, on ne sait pas vraiment où l'auteur veut nous amener…. le roman devient plus intéressant dès que Johannes (le petit fils) entre en scène.

Cette vie de village, pittoresque et drôle pour beaucoup de lecteurs, m'a un peu laissée de marbre et là où certains jubilaient à cause du patois employé par les personnages, moi je trainais la patte. Je n'ai pas trouvé les dialogues savoureux et j'ai eu du mal à avoir de la sympathie pour Johannes et sa famille. J'ai aussi eu beaucoup de mal à m'intéresser aux chroniques historiques qui sont insérées entre certains chapitres. Elles ont rendu ma lecture encore plus laborieuse.

Pour conclure :

Vea Kaizer n'a pas à rougir de son livre. Il témoigne d'un vrai talent pour le genre littéraire. Je le trouve plutôt ambitieux pour une fille de 24 ans. Il a petit truc de loufoque, quelque chose en plus qui en fait, à mon sens, un ovni littéraire. Ça plait ou ça ne plait pas ! Dans tous les cas, cette fille a sans doute une belle carrière d'écrivain devant elle. Néanmoins, elle se fera peut être sans moi… à moins que le thème de son prochain roman me touche plus !

Lien : http://cellardoor.fr/critiqu..
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La vie d'un village de montagne autrichien, reclus, où l'on parle encore le patois et vu au travers du prisme de la famille Gerlitzen: du Johannes grand-père ... au Johannes petit-fils..
L'un considéré comme ayant réussi sa "descente chez les civilisés" et l'autre pensant l'avoir raté.
Chronique multiple:
* Des barbares tels les considéraient les grecs anciens
* D'une société patriarcale où le lien social est maintenu par les femmes
* De l'opposition entre "gens des villes" et "gens des champs".
L'accroche de l'éditeur à propos du vers solitaire ne se réfère qu'à un point de détail qui ne mérite pas sa place à l'affiche.
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Tout d'abord je tiens à remercier Babelio et les éditions Presse de la Cité pour m'avoir fait parvenir ce livre que, je dois bien l'avouer, je ne serais probablement pas allée acheter par moi-même. J'ai découvert en Blasmusikpop, dont le titre reste toujours pour moi un mystère, le premier roman d'une jeune auteur autrichienne du nom de Vea Kaiser, dont j'ai apprécié la plume sans pour autant en être enthousiasmée…
L'auteur nous plonge dans la vie d'un petit village de montagne, Saint-Peter-sur-Anger, perdu au coeur des Alpes sporziennes et dont les habitants, totalement isolés du reste du monde, vivent dans l'ignorance et le rejet des civilisés (les péteux) et possèdent leur propre langage, que l'on pourrait qualifier de rural et de sous-développé. Or un évènement a priori insignifiant va bouleverser leur existence paisible : l'un des habitants, Johannes Gerlitzen, ayant attrapé un ver solitaire, se met à étudier avec ardeur les parasites afin de comprendre celui qui est en lui et parvenir à s'en débarrasser. Une fois ce résultat obtenu, il quitte village, femme et enfant en jurant qu'il ne reviendra qu'une fois devenu médecin. A la surprise générale, il finira par se réinstaller à Saint-Peter et transmettra bientôt à son petit-fils Johannes A. Irrwein son goût du savoir, son langage correct et son envie de voir le monde des civilisés.
Celui-ci, après avoir miraculeusement obtenu une bourse pour étudier au lycée de la ville, délaissera les sciences naturelles affectionnées par son grand-père pour se tourner vers les sciences humaines, notamment les langues anciennes et l'historiographie, ce qui l'amènera bientôt à vouer un culte à Hérodote… Mais l'échec subi au baccalauréat le ramènera à Saint-Peter où, au lieu de se morfondre, il se met à observer la population, ces barbares (au sens grec du terme) des montagnes, cherchant à imiter son modèle pour tromper son ennui.
C'est ainsi qu'entre deux passages de l'histoire contemporaine de Johannes sont intercalées des notes historiographiques sur le village, rédigées par le garçon lui-même, ce qui permet au lecteur de se plonger dans l'histoire de Saint-Peter et de comprendre le pourquoi de sa guerre contre les civilisés. En plus de ces passages, on trouve également des extraits de lettres envoyées par Johannes à ses amis civilisés rencontrés au lycée, dans lesquelles il leur fait part de ses observations et déductions. J'ai regretté pour ma part, mais ce n'est qu'un avis, de ne pas pouvoir lire les réponses de ses camarades. Cela aurait apporté davantage d'épaisseur au récit, mais aurait certes demandé un travail bien plus conséquent sur le déroulement de l'histoire externe.
Je pourrais bien sûr m'attacher à vous citer les différents thèmes abordés par la confrontation entre ces deux mondes, mais il ne s'agit que de lieux communs que vous pourrez aisément vous imaginer : importance du collectif contre développement d'une individualité, langage passant uniquement par l'oralité contre importance du bien-parler et de l'écriture, scolarité écourtée contre recherche du savoir et approfondissement… Tout un ensemble de sujets qui certes amènent réflexion, mais qui ne peuvent être traités qu'à travers les observations du personnage de Johannes, incapable, il le reconnaît lui-même, d'adopter un point de vue objectif : il est tout d'abord biaisé par son envie de quitter le village et son rejet de la population, puis par une forme d'attachement qui semble à nouveau le lier à cet endroit…
Je n'ai vraiment été touchée par le roman de Vea Kaiser que sur la fin, peut-être la dernière centaine de pages, qui voient enfin se produire une succession d'évènements sans ellipse temporelle et s'achèvent sur une conclusion optimiste montrant que, même s'il est difficile pour les deux mondes de cohabiter, ils ne peuvent vivre l'un sans l'autre.

J'accorderai enfin une mention spéciale à la traductrice, Corinna Gepner, pour sa transcription en français du patois Saint-Pétrucien, dont j'ai trouvé qu'il sonnait très juste et est resté fidèle à lui-même sur l'ensemble du roman.
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Un premier roman qui a été très bien accueilli outre-Rhin. L'auteur, toute jeune (24 ans à la publication), est autrichienne et passionnée par l'histoire. Elle nous raconte la vie d'un petit village isolé des Alpes. Saint-Peter-sur-Angen est un peu une transposition moderne du village d'Astérix et Obélix. Ces Barbares font tout pour résister aux moeurs et coutumes des Civilisés. Ils conservent d'ailleurs leur idiome, retranscrit dans le roman (un morceau de bravoure pour la traductrice.
Un jour, un des habitants apprend que son intestin est porteur d'un ver. Sa fascination pour cet événement (relatif) le poussera jusqu'à transgresser toutes les lois du village. En effet, délaissant femme et enfant, il reprend ses études pour devenir médecin. Plus tard, installé au village, il inoculera le virus du savoir et des études à son petit-fils, Johannes. Cherchant d'abord à fuir les Barbares, celui-ci va redécouvrir son village d'un autre oeil à la faveur d'un épisode déroutant.

L'auteur ne manque pas d'imagination et d'humour. Comme nous sommes tous les Barbares de quelqu'un, ce livre parlera à beaucoup. Les personnages sont attachants, les situations rocambolesques ! L'originalité de ce roman fait sa force mais peut aussi dérouté. Comme dans toute fable, il suscite cependant des réflexions approfondies et un véritable chemin d'apprentissage pour le personnage principal.
Lien : http://litterature.calice68...
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Le résumé du livre mettait l'eau à la bouche. Une histoire de ver solitaire parvenant à ébranler les traditions désuètes, mais pourtant bien ancrées, d'un village autrichien perdu dans les alpages. Une rencontre entre une certaine ruralité et une idée de ce que la modernité peut, parfois, apporter de beau et de bon. Un choc des cultures entre habitants d'un même pays, d'une même vallée, d'un même flan de montagne. le tout avec, visiblement, une bonne dose d'humour.

Malheureusement, l'enthousiasme est rapidement retombé. Il m'a d'abord été difficile de m'attacher aux personnages. Ceci pour la simple et bonne raison qu'on a l'impression de devoir jouer à un jeu de piste avant de pouvoir trouver le « bon » héros du roman à savoir Johannes deuxième du nom. Celui qui rêve de passer son baccalauréat. Qui ne pense qu'à s'enfuir le plus loin possible de ce village de dégénérés. Il met du temps à apparaitre celui-là. On doit d'abord se coltiner l'histoire du « bon papa » dans ses grandes largeurs. Je suis d'accord pour dire que le contexte est important et que la vie du grand-père est un élément primordial pour comprendre les velléités de Johannes. Mais là où quelques pages auraient sans doute suffit, nous avons droit à de trop nombreux chapitres avec de trop nombreuses longueurs. Je ne parlerai pas de la vie de la maman qui aurait très bien pu ne pas être écrite. Cela n'aurait pas empêché la bonne compréhension de l'intrigue.

Ensuite, ce roman véhicule un nombre impressionnant de clichés tant sur la rustre bonhommie de ces consanguins de villageois que sur la ridicule prétention qui accompagne nécessairement tout érudit. le monde est séparé en deux. D'un côté l'imbécilité de ceux qui refusent le progrès. de l'autre, l'absurdité de ceux qui ne jurent que par l'intellect. Sur la forme, les dialogues sont assez réussis. La traduction a été faite avec talent, on entendrait presque l'accent des villageois en lisant leurs échanges. Ce n'est malheureusement pas suffisant pour faire de ce roman une réussite.

Lien : https://unecertaineculture.w..
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