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3,51

sur 49 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je viens de terminer le gros volume (environ 500 pages) d'une jeune étudiante autrichienne de 24 ans : "Blasmusikpop" en quelques jours seulement car j'avais beaucoup d'impatience d'en connaître la fin.

Eblouie par la prouesse stylistique de l'écrivaine qui reproduit le patois des villageois dans les paroles qu'ils s'échangent entre eux à Saint-Peter ("- Trois, deux, un, aiktcheun' !" page 471) , je suis encore plus troublée par le travail opéré par Corinna Gepner, la traductrice ! Les seuls à se démarquer sont Johannes père et Johannes fils, les deux seuls Saint-Petruciens ayant voulu quitter ce plateau surplombant la vallée de Lenk pour étudier. La jeune fille, Simona Novak, venant d'ailleurs avec son père, architecte, habitant une maison en forme de station de remonte-pente, ne s'exprime pas non plus en patois.

J'ai aimé l'optimisme rayonnant de l'auteure qui raconte tout avec beaucoup d'auto-dérision mais qui donne une explication à tout - même si c'est complètement farfelu. En fait, elle intercale un chapitre racontant la vie du village et un très court chapitre reprenant les notes prises par un historiographe sur les barbares des montagnes et en particulier sur le village de Saint-Peter-sur-Anger. En dernière page nous sera révélé le nom de cet historien qui s'est penché sur l'étude de ce coin reculé d'Autriche - mais on l'a deviné depuis longtemps.

Je pense qu'on pourrait diviser ce livres en deux parties :

(1) Avril 1959 : le mariage de Johannes Gerlitzen et Elisabeth Kaunergrat
Puis la naissance d'Ilse, leur fille. le départ de Johannes pour devenir docteur et son retour l'été 1969. En Octobre 1992, Ilse accouche d'un petit garçon qu'elle prénomme Johannes, comme son père. En Mars 2001, le petit garçon âgé de 8 ans et demi a la douleur de perdre son papy. Grâce au remplaçant du curé du village, le père Tobias, Johannes junior obtient une bourse pour entrer à l'école des religieux de Lenk, dans la vallée. le 1er juin 2010, il est recalé au baccalauréat pour une question d'histoire. Très déçu, il se retire dans son village en attendant de repasser l'examen de repêchage le 6 septembre 2010.

(2) La vie de Johannes au village parmi ses camarades d'enfance. Il se lie d'amitié avec Peppi Gippe, le footballeur vedette de Saint-Peter. Il tombe amoureux de Simona, une jeune fille venue d'ailleurs. Il rêve à elle d'une façon très éthérée mais elle préférerait qu'il doit plus direct. Cela ne se passe pas très bien entre eux mais ce sont des amours de jeunes gens pleines de ruptures et de réconciliations. Tout le village se mobilise pour le match du siècle entre eux et le FC St Pauli de Hambourg. Préparation dudit match, le match a lieu et là, j'ai un peu décroché car le football n'est pas ma passion. Environ 100 pages sur la passion de ce noble sport - je cite page 445 : "Rien ne motive autant un coeur de footballeur que la perspective d'un bon match". N'empêche que j'ai lu jusqu'au bout et la fin fut à la hauteur de mes espérances : une bonne fin.

En conclusion, je crois que ce livre peut plaire à un large public car il foisonne d'idées et il est un bon témoignage sur la vie d'un village autrichien de montagne assez isolé et vivant presque en autarcie.

Je remercie les PRESSES DE LA CITE qui dans le cadre de l'opération "masse critique" de Babelio m'ont fait parvenir cet ouvrage qui fait partie de leur rentrée littéraire. Et je souhaite que Blasmusikpop soit lu par beaucoup d'adolescents car il est riche d'enseignements et plein d'optimisme dans l'avenir.

Nota : Ne pas oublier qu'on est toujours le "barbare des montagnes" de quelqu'un d'autre.
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Merci à Babélio et aux éditions Presse de la Cité pour ce partenariat dans le cadre de la masse critique sur le site de Babélio.

Dans un coin reculé d'Autriche, dans les montagnes, se trouvent Saint Peter sur Anger : la population, vivant quasiment recluse, se protège du monde extérieure par une soif d'appartenance au village, au groupe, très importante.

Un jour, Johannes Gerlitzen se décide à se débarrasser d'un ver solitaire qui lui cause moult soucis physiologiques. Cet évènement est un déclic pour lui et il se décide de quitter sa femme, sa fille venant de naitre et son village pour aller à la ville et étudier la médecine. Cette étape est vécu par le protagoniste comme salutaire et bénéfique pour son village : en effet, il y reviendra quelques années plus tard en tant que médecin, et s'installera dans ce village.

Sa fille grandit, et il souhaite pour elle un mariage heureux, mais pas avec n'importe quel villageois : toutefois le coeur à ses raisons que la raison ignore, elle épousera l'homme dont elle est amoureuse. Naitra alors Johannes : un petit garçon réservé, dont l'éducation sera prise en charge par son grand père.

Docteur Papi, comme l'appelle affectueusement Johannes, tente de lui apporter les clefs pour vivre en "civilisé" : les leçons d'histoire naturelle sont aussi importantes que le vocabulaire : le grand père refuse que son petit fils ne s'exprime qu'en patois, car il n'y a que les barbares qui s'expriment ainsi.

Johannes grandit, avec un sentiment d'incompréhension et de distance entre ce village et lui. Son entrée au Lycée le transporte de joie. Mais lorsqu'il rate son baccalauréat, une flamme s'allume en lui et son historien préféré, Hérodote, devient son mentor.

J'aurais sans doute eu quelques réticences à lire ce livre de moi même en furetant en librairie. Je suis d'ailleurs bien heureuse de m'être aussi bien laissée transporter par la plume de l'auteur. Il ne s'agit pas uniquement d'un livre sur les péripéties d'un village niché en haute montagne, il y a une vraie interrogation sur l'idée d'appartenance, l'identité par rapport au groupe et dans le groupe.

La plume de l'auteur est ici bien différente de ce que j'ai déjà rencontré : parfois haché, on a cette impression d'entendre l'histoire racontée par les villageois, attablés au café, égrenant chacun son tour les souvenirs. le phrasé est riche, parfois un peu trop discontinu et on s'oblige à relire quelques phrases pour être sûr de l'avoir bien comprise. Cependant, cette façon toute scientifique de raconter l'histoire permet en même temps de donner sens à ce que vit le jeune Johannes sur la fin du livre : on lit ce livre comme si nous même étudions les us et coutumes de ce village.

Le petit bémol, mais cela me concernant personnellement, c'est l'énonciation continue des noms de famille et des liens parentaux entre tous les protagonistes. S'y retrouver devient difficile, mais les répétitions aidant, on se repère.

Le sentiment d'appartenance, l'identité sont des thèmes majeurs du livre. Les personnages se posent également cette question : la volonté de Docteur Papi de rester dans son village en tant que médecin n'est aucunement pour montrer sa réussite : mais principalement parce que le village a besoin d'un médecin.

On fait partie d'une famille par un père, une mère, grands parents, oncle tante et ainsi de suite. Ici, on nous démontre que la famille peut être élargit au village entier : les fêtes et rassemblements servent à consolider les liens, ainsi que les différents mariages.

Mais quelle en est la limite? Ne pas s'ouvrir au monde et se rassurer en s'entourant de personnes que nous connaissons et aimons et qui partagent nos idées, cela s'apparente à du communautarisme. J'ai d'ailleurs eu cette impression que cette jeune auteure pointe du doigts ces dangers : on peut être proche de sa famille, de son village, de ses convictions, mais il ne faut pas oublier de s'ouvrir au monde. C'est doute cela la clef du partage, de la connaissance et de la tolérance : il suffit d'une personne pour changer les choses, en bien ou en mal.

Lien : http://lecturedaydora.blogsp..
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Je ne voyais pas bien où l'auteure voulait m'emmener mais j'y suis allée de bon coeur. En Allemand, Blasmusik désigne la musique de fanfare, ce ne pouvait donc pas être un livre trop sérieux…
Dès les premières lignes, j'ai affiché un sourire qui ne m'a pas quittée tout au long de ma lecture. Un peu plus de 500 pages - quand même - qui se tournent avec une facilité déconcertante. L'immersion dans l'histoire est immédiate et très plaisante. En avant la fanfare !

Ce roman est l'oeuvre d'une jeune auteure autrichienne Vea Kaiser– elle n'a pas encore 24 ans au moment où le livre est publié dans son pays. Sorti en 2012, le roman nous arrive traduit en France en cette fin août 2015. le travail de traduction est à souligner car l'inventivité des dialogues n'a pas dû être aisée à retranscrire. le résultat est à la hauteur, le dialecte dont usent les habitants du village fictif de Saint-Peter-sur-Anger est à se tordre !

C'est un roman plein d'esprit, qui relate l'histoire de trois générations qui, outre le lien filial, partagent la passion des vers et du Grec ancien. Y est traitée avec fantaisie et humour la question de la modernité de la ville, pleine de promesses contre les valeurs conservatrices et traditionnelles du monde rural. C'est surtout l'histoire de Johannes, jeune garçon prometteur, né dans un petit village des Alpes autrichiennes habité par une peuplade d'indomptables montagnards dont la volonté d'échapper à toute forme d'évolution est sans limite. La conservation stricte des traditions est le deuxième sport national après le football, incontournable passion de ces montagnards disons… d'une autre époque.

Docteur Papi, le grand-père de Johannes, à l'exact opposé des autres villageois enracinés qui oeuvrent pour que rien n'évolue en leur village, s'en est allé à la ville pour étudier la médecine et plus particulièrement les vers (ayant été lui-même très indisposé par un ver solitaire long de plusieurs mètres, il souhaite en apprendre davantage sur le développement de ces parasites !), puis s'en est revenu exercer au village. C'est cet homme instruit qui éveille notre Johannes à la science, qui lui transmet cette soif d'apprendre et qui l'initie à la passion de l'Histoire et au vieux Grec Hérodote. le jeune Johannes devient plutôt allergique à la vie à Saint-Peter-sur-Anger et nourrit rapidement des ambitions qui s'accompagnent d'envie de s'échapper vers le monde moderne, instruit en bas de la montagne. L'entrée dans un lycée de la ville et son intégration à un club élitiste vont conforter Johannes dans sa détermination à devenir historiographe comme son cher Hérodote qu'il admire. Mais les choses ne se déroulent pas toujours comme on le souhaiterait et les aventures de Johannes vont bientôt prendre une tournure inattendue.

Avec beaucoup de verve et une imagination débordante, l'auteure alterne les chapitres nous contant l'histoire de Johannes et ceux retranscrivant les écrits d'un énigmatique (il ne le restera pas) historien sur les coutumes des barbares des montagnes.

Le résultat est vraiment brillant. Vea Kaiser nous offre un roman jubilatoire ! Pas étonnant qu'il se soit si bien vendu en Autriche.

Mille mercis aux Editions Presse de la Cité et à Babelio pour cette découverte en avant-première d'un roman qui mérite vraiment de faire parler de lui !
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En fermant ce livre, j'ai du mal à savoir si j'ai aimé ou pas.
Je l'ai trouvé très long par moments, et en même temps je ne m'ennuyais pas vraiment. Ayant lu le titre, je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus drôle. Je n'ai lu qu'une chronique d'un petit village alpin retiré du monde et fermé sur lui-même.
J'aurais aimé que l'auteure parte plus loin dans le décalage entre le monde moderne et ce village resté au 19e siècle.
Mais l'écriture est agréable, malgré les phrases un peu lourdes.
En tout cas, tout le long du roman je me suis dit : chapeau la traductrice !
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Voilà un livre particulièrement étonnant, avec un titre que l'on déchiffre avec difficulté "Blas Musik Pop" et un sous-titre à rallonge assez énigmatique "comment un ver solitaire changea le monde". Et tout le récit est à l'avenant ! Nous sommes immergés dès le début dans la vie d'un minuscule village autrichien perdu dans les montagnes et plus particulièrement dans celle de Johannes qui découvre sa grossesse en même temps que sa femme... Un bon gros ver solitaire grandit tranquillement, installé dans son intestin (bon appétit si vous mangez). Johannes se prend de passion pour son hôte (on aime toujours ses enfants, non ?) et décide d'apprendre tout ce qu'il est possible sur les parasites qui infestent l'homme et l'animal (kifkif). Quittant femme et enfant, sans se soucier des cancaneries des villageois, il décide de partir à l'aventure à la grande ville, ce qu'aucun de ses concitoyens n'avaient presque jamais fait, pour devenir médecin, ce que personne n'avait seulement envisagé.

A ce moment de la lecture, vous vous dites que vous avez compris, que Johannes est le personnage principal, chouette. Mais non, grosse ellipse, Johannes est médecin, a vieilli et revient au village pour proposer ses services (ils ont le même problème que nous en Autriche, y a pas beaucoup de médecin à la campagne), il fait ainsi enfin la connaissance de sa fille. Je vous passe les détails, mais cette jeune fille se marie et tombe à son tour enceinte, d'un bébé cette fois (lol) qui se nomme aussi Johannes (je sais, c'est pas évident) mais qui lui, devient le personnage principal et qui, comme son grand-père, a la passion de la science, du grec ancien, de l'apprentissage.

On assiste en fait, à travers trois générations, à l'évolution d'un personnage de plus en plus en décalage avec son environnement proche. Il faut savoir que les habitants de ce village, les Saint-Pétruciens, sont restés bloquer à une certaine époque, les années passent, les Johannes se succèdent, mais leurs moeurs, leurs opinions, leurs façons de faire, leurs mentalités n'évoluent pas, ou peu, ils souffrent de voir quelqu'un s'en démarquer.

Vous l'aurez compris, c'est un ouvrage complètement loufoque, rempli de situations abracadabrantes, avec des personnages haut en couleurs, un patois (très bien rendu par la traductrice d'ailleurs !), on ne s'ennuie pas un seul instant, les péripéties qui secouent (tous les) Johannes s'enchaînent à un rythme effréné et c'est d'une drôlerie ! Mais il serait toutefois dommage de définir BlasMusikPop à sa seule dimension humoristique, c'est aussi un roman initiatique, que ce soit pour Johannes mais aussi pour le reste du village, et un brin "philosophique" et psychologique, avec une vraie réflexion sur la notion de foyer, sur le fait de trouver sa place dans un monde qui peut avoir du mal à vous accepter parce que vous ne lui ressemblez pas tout à fait. Ici, ce sont les intellos, ceux qui veulent et aiment faire des études, apprendre, au lieu de ne pas déroger à la tradition en reprenant l'entreprise de papa (pour les garçons) ou de faire un tas de bébés et rester à la maison pour s'en occuper (pour les filles) mais Vea Kaiser montre que les préjugés sont partagés par les deux côtés et on ne se moque jamais méchamment de "ces barbares" des montages. Car, en fin de compte, la vraie star dans ce premier roman savoureux, c'est le village St Peter-sur-Anger, imperméable au temps qui passe.
C'est donc un vrai coup de coeur pour ce livre complètement fou et je vais donc guetter les prochaines sorties de Vea Kaiser. Ne vous laissez pas intimider par la taille du bouquin ou par le sujet qui semble partir dans tous les sens, ça part effectivement dans tous les sens ! Mais, contrairement à d'autres romans, ça reste cohérent, c'est bien écrit, bien traduit, c'est drôle et émouvant. Il m'a fait penser, toute proportion gardée, au Monde Selon Garp de John Irving, surtout à cause de cette avalanche de détail, de péripétie, de personnages tous plus dingues les uns des autres.
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3.5/5 : Je suis toujours heureuse de découvrir des premiers romans et ce d'autant plus lorsqu'ils font preuve d'audace comme Blasmusikpop !

Vea Kaiser prend un vrai risque avec son premier roman et ce pour plusieurs raisons. D'une part les deux thématiques omniprésentes dans le roman -le football et les vers solitaires- ne plairont pas ou n'intéresseront pas tout le monde : il faudra donc capter l'attention du lecteur autrement. D'autre part, le fait que cela se focalise sur un village, comme une chronique méticuleuse des événements qui ont lieu pourrait amener facilement à l'ennui. Et pourtant : ce sont deux défis lancés et remportés avec les honneurs !

Je peux vous dire que ce n'était pas gagné de me faire accrocher à ce livre mais j'ai sincèrement aimé l'hommage rendu par Vea Kaiser à son pays, sa culture, ses moeurs. C'est un véritable plaidoyer en faveur des traditions ou plus exactement de la rencontre entre la modernité et les traditions, d'une symbiose plutôt qu'une confrontation. Alors malgré quelques longueurs je j'ai apprécié ce quotidien conté par l'auteure.

J'ai aimé Johannes -personnage principal- du fait de sa volonté de vouloir échapper à une vie morne et monotone à l'image des gens de son village. Ce que j'ai encore plus apprécié c'est le message qui transparait du roman : l'espoir et les surprises que la vie nous réserve. Rien n'est joué tant que le mot fin n'est pas écrit, tout est encore à faire, à découvrir, à explorer même au coin de la rue.

En définitive, un premier roman qui a su me convaincre : j'ai hâte de voir ce que cela donne avec des thématiques que j'aime !


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Johannes est un homme tout à fait particulier pour son village. On lui a découvert le ver solitaire, juste après la Première guerre mondiale. Dans le petit village de Saint-Peter-sur-Anger, c'est un fait pas banal du tout. Ce qui arrive ensuite bouleverse encore plus les habitudes des villageois. Pendant que Johannes étudie tous les livres de la petite bibliothèque municipale se rapportant à son problème, son épouse attend un enfant.

Mais les choses se bousculent lorsque Johannes refuse la paternité de cette petite fille et part à la ville pour devenir docteur.

Ce qu'il arrivera à faire, au détriment des liens familiaux. Sa fille grandit, se marie, et a un petit garçon, baptisé lui aussi Johannes. Les deux Johannes se lient profondément, et le grand-père apprend au petit-fils tout ce qu'il lui faut pour qu'il prenne sa relève.

Johannes junior va tracer son destin d'une façon tout à fait particulière….

Un beau pavé de plus de 500 pages, retraçant l'histoire d'un petit village de montagne resté ancré dans les traditions. J'aime beaucoup ce genre d'histoires et le piquant du récit m'a plu au plus haut point.

Les habitudes villageoises et les bouleversements qu'apportent deux hommes dans tout cela apporte un mélange tout à fait détonnant. Entre les choses qui ne changent jamais de génération en génération, voilà qu'il arrive deux êtres qui ont décidé que leur vie ne se passerait pas comme celles des autres.

Les inattendus, les surprises, et les changements d'époque sur trois générations rendent le récit tout à fait réel. Les améliorations du quotidien, les découvertes de l'informatique, des téléphones portables, des télévisions, des autobus, etc, cela donne une idée du temps qui passe, et c'est encore mieux.

J'ai passé un très bon moment en compagnie des Saint-pétruciens et de toutes leurs lubies et leur esprit d'entraide.

Lien : http://au-fil-des-pages477.b..
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Merci Babelio et Presses de la cité, je suis ravie d'avoir reçue ce roman dans le cadre de masse critique.

J'ai été conquise par Blasmusikpop, je trouve que c'est un très bon roman.

Je l'ai trouvé très original.
Nous avons un homme qui à cause (ou grâce ;) à un ver solitaire change de vie, quitte son petit village, et devient médecin.
Quand il revient dans son petit village, il découvre que les choses ont changées, sa fille a grandit.
Quand il a un petit fils, nommé comme lui Johannes, les choses changent de nouveau. Et ce petit garçon adore son grand-père, il aimerait lui aussi devenir médecin.
Ils parlent souvent de Hérodote, dont on a des extraits des histoires d'Hérodote tout au long du roman.
C'est original, c'est bien écrit et j'ai adoré suivre les aventures des deux Johannes.

J'ai pris mon temps pour le lire, je l'ai savouré, et beaucoup apprécié.

Je mets quatre étoiles, j'en enlève une car je n'ai pas toujours accroché aux passages des histoires d'Hérodote, préférant le roman en lui même et les aventures des deux Johannes.

Je le recommande il est pas mal du tout, une découverte que je n'aurais pas forcément lui si on ne me l'avait pas offert, encore merci Babelio :)
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La chronique d'un village perdu dans les Alpes autrichiennes, la tentation du repli sur soi, la difficulté à s'extirper de son milieu, la crainte du progrès et la science, les raisons du développement de l'extrême-droite et du populisme, le combat entre la ville et la campagne : le premier roman de la jeune Autrichienne Vea Kaiser nous offre une belle palette de thèmes et de réflexion. le tout sous couvert d'une histoire de famille contée avec beaucoup d'érudition et de fantaisie.
Dans la version originale, le sous-titre du livre est «Comment la science arriva dans les montagnes». Dans la version française, ce sous-titre se transforme en «Comment un ver solitaire changea le monde». Autrement dit, on peut mettre à la fois l'érudition en avant ou la fantaisie.
Pour incarner ce récit, l'auteur imagine Johannes Gerlitzen, un descendant de cette longue lignée de «barbares des montagnes». Trois événements vont pousser ce sculpteur sur bois à sortir du moule imposé par l'histoire et par la géographie : une blessure qui va l'empêcher de courir les bois, la naissance d'un enfant qui ressemble davantage au voisin et surtout la maladie qui le ronge : un ver solitaire qui s'ébat dans ses entrailles et qu'il parviendra à extraire après seize heures d'un combat douloureux. « Lorsqu'il eut enfin sous les yeux l'animal dûment nettoyé, quatorze mètres quatre-vingts de longueur et presque aussi large que l'annulaire d'Elisabeth, il rayonna de fierté, comme s'il avait réalisé la première ascension du Grand Sporzer.»
Marqué par cette expérience, il décide de se consacrer à l'étude des vers : «J'allons dans la capitale por devegnir docteur. » (Saluons à ce propos le talent de Corinna Gepner, la traductrice de l'ouvrage, qui a su inventer un patois susceptible de rendre le curieux langage des autochtones et qui parsèment le récit de dialogues savoureux).
A force de petits boulots et de persévérance, Johannes parvint à son but et une décennie plus tard put revenir auréolé de gloire dans son village où il accompagna sa femme atteinte d'une maladie incurable et aida sa fille Ilse à grandir. Au printemps 1974 Elisabeth meurt et Ilse entre dans l'âge de la puberté. Un double choc pour Johannes qui se retranche dans ses études et note dans observations dans ses carnets qui mélangent l'analyse scientifique et le journal intime.
C'est a peu près à cette période qu'Alois Irrwein, apprenti charpentier, va s'amouracher d'Ilse. Une liaison qui, à l'instar de celles de nombreux autres jeunes du village, ne peut déboucher que sur un mariage. Si Johannes ne voit pas cette union d'un bon oeil, il y trouvera cependant quelques années plus tard une belle satisfaction : la naissance de son petit-fils Johannes, le vrai héros du livre.
Car ce dernier va pousser plus loin encore sa différence. Suivant les pas de son grand-père, il entend lui aussi s'émanciper en étudiant. Une façon aussi de rendre hommage à son aïeul, qui disparait tragiquement en venant au secours d'un villageois qu'il ne portait pas vraiment dans son coeur.
On va suivre avec délectation les pérégrinations du jeune homme dans la grande ville. Nous sommes en 2002. Au sein du monastère bénédictin où il va poursuivre ses études, il va apprendra bien davantage que les sciences naturelles, la philosophie ou les mathématiques. Sous l'égide d'Hérodote, il a aussi apprendre la compromission, la trahison, l'injustice et le sens du secret. C'est avec ce bagage, et un examen de baccalauréat qui le marquera sans doute à vie, qu'il retourne dans son village. Et découvre que les Saint-Pétruciens méritent toute son attention. «En son temps, docteur Papi (son grand-père) avait étudié leurs corps. Johannes comprenait qu'il devait, lui, se pencher sur leur esprit.»
La dernière partie du livre est sans doute la plus riche et la plus entraînante. Johannes devient un homme, tombe amoureux, va changer les mentalités, devenir une sorte de sauveur et faire entrer son village dans la modernité. Mais il serait dommage de dévoiler ici comment tout cela va arriver. Laissez-vous plutôt emporter par le souffle de ce premier roman étonnant.
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Vea Kaiser nous plonge dans le quotidien hallucinant d'un village de montagne qui se complait dans son autarcie, oubliant le reste du monde (qui commence là où s'arrête la pancarte indiquant « Saint-Peter-sur-Anger ») au profit de traditions ancestrales, d'une pratique de la langue toute particulière et surtout d'un principe fondateur : « cé comme ça ». Avec un souci du détail génial et beaucoup d'humour, l'auteure nous livre un portrait complètement dingue d'une communauté repliée sur elle-même, en décalage d'une bonne trentaine d'année avec le monde extérieur.

Dans ce contexte, c'est d'abord Johannes le grand-père, qui, à la suite d'un ver solitaire, se prend de passion pour les parasites et finit par s'établir médecin au village. Absent lors de l'éducation de sa fille, « Docteur papy » compte bien se rattraper avec son petit-fils et lui transmettre son amour de la langue et des sciences. Nouvelle étrangeté dans la village, Johannes le petit-fils va s'extraire de son village, et devenir un « péteux » aux yeux de ses comparses. Tout l'intérêt du roman vient de la confrontation entre deux mondes : celui du village, immuable, où des traditions ancestrales et un savant dosage de consanguinité n'aident pas à l'intégration des originaux qui ne s'intéressent pas au football et qui ne fréquentent pas l'auberge et l'idéal de Johannes où rien ne compte plus que d'apprendre le latin et de citer Hérodote. Je salue vraiment le travail de la traductrice qui a retranscrit le patois des Saint-Pétruciens avec tellement de justesse… L'un des ressorts comiques majeurs de ce roman !

Avec intelligence et surtout une bienveillance constante, Ava Kaiser nous parle d'abord d'opposition, puis de réunion. Qu'est-ce qui vaut mieux au fond ? Fuir ou contribuer à l'ouverture du village sur le monde ? Johannes va découvrir qu'il ne connait peut-être pas vraiment tous ces gens auprès desquels il a pourtant toujours vécu. L'absurdité des traditions enracinées est pointée du doigt, mais jamais les individus. C'est un message extrêmement positif que véhicule ce roman original, drôle et intelligent. Un vrai bol d'air (pur de la montagne, aux relents de schnaps) que nous offre cette jeune auteure autrichienne.
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