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Critique de kielosa
Les héros de cet auteur américain sont bien Français : la famille Boulloche dont un membre a même été maire, député et ministre, André Boulloche (1915-1978).
La famille de Jacques Boulloche (1888-1945), polytechnicien et directeur des routes de France, et Hélène Chaperon (1888-1944) compte 4 enfants dont 3 seront actifs dans la Résistance, le 4e, le fils aîné, Robert, se contenta de passer des informations au maquis. Mais André, Jacqueline Katlama-Boulloche (1918-1990) et Christiane Audibert-Boulloche (1923-2016) sont des résistants de la première heure. Christiane Audibert-Boulloche est ensemble avec Françoise de Boissieu et Françoise Dupont d'ailleurs l'auteure de "Femmes dans la guerre, 1940-1945" de 2004.
D'abord un mot sur l'auteur. Charles Kaiser, né en 1950 et fils de diplomate et a été un journaliste influent à des journaux prestigieux comme le New York Times, le Wall Street Journal, le Washington Post etc. Il avait un oncle, Henry Kaiser, qui en tant que soldat de l'armée américaine fut hébergé clandestinement par les Boulloche pendant la 2ème Guerre mondiale. En tant que môme, il a été fasciné par les récits de son oncle sur les aventures et le courage de la famille Boulloche. Tellement fasciné qu'il a passé 2 ans et demi en France à se documenter et éplucher les archives afin de savoir le maximum sur cette famille qu'il admire profondément et avec laquelle il est dans des excellents termes.
Son ouvrage "The Cost of Courage", publié aux États-Unis en 2015, s'est révélé tout de suite un best-seller. Il existe une photo émouvante sur laquelle on voit l'auteur, tout fier, remettre le premier exemplaire de son "Le prix du courage - Une famille dans la Résistance" à son héroïne, Christiane Audibert-Boulloche.
À travers la famille Boulloche, Charles Kaiser nous fait un résumé chronologique de la dernière guerre mondiale du point de vue français en partant de la drôle de guerre et en mettant en relief les épisodes les plus importants : l'occupation du pays, Vichy et Pétain, l'appel du général De Gaulle, les troubles en Afrique du Nord, l'organisation et les revers de la lutte clandestine, le débarquement en Normandie, la libération de Paris et la victoire finale des Alliés. Un résumé assez circonstancié, puisque l'ouvrage compte 303 pages (y compris des notes - 30 pages - plus bibliographie) et offre surtout aux jeunes lectrices et lecteurs un aperçu équilibré de ces sombres années. Mais aussi celles et ceux assez familier avec cette page noire de notre histoire y trouveront détails et anecdotes peu connus. Par exemple qu'à Paris au début 1944 seules 7000 voitures y circulent contre 2 millions de bicyclettes, que le prix d'un vélo est presque le même qu'une bagnole de juste avant la guerre et que les "vélotaxis les plus rapides sont conduits par des anciens cyclistes du Tour de France"
Lorsqu'en mai 1940, les nazis envahirent le Benelux et la France l'attitude d'André Boulloche se résumait en une phrase : "La dignité est incompatible avec la soumission". Il en était de même pour ses 2 soeurs. Une constatation à laquelle le jeune homme de 25 ans ajouta : "Je suis un homme qui ressent le besoin de m'engager".
Déjà fin juin, il part pour l'Afrique du Nord pour continuer le combat, mais arrivé à Oran il lui est impossible de s'embarquer pour l'Angleterre. C'est grâce à André Postel-Vinay (1911-2007) qu'André Boulloche entre dans la Résistance dès la fin de 1940, ce qui était très peu courant à cette date. Il combine ses activités clandestines avec son job d'ingénieur aux ponts et chaussées à Soissons. Entretemps, à Londres, le général De Gaulle a créé le Bureau central de renseignement et d'action (BCRA) avec à sa tête un autre André, Dewavrin, nom de code : Colonel Passy. Je signale en passant que Postel-Vinay fut arrêté par la Gestapo en 1941, réussit à s'évader et à rejoindre De Gaulle en octobre 1942. En 1974, il fut nommé secrétaire d'État auprès du ministre du Travail.
Indépendamment de leur frère, les 2 soeurs se sont portées volontaires pour l'armée des ombres. Elles passent des messages secrets d'un bout à l'autre de Paris, puis Jacqueline rejoint le maquis du Morvan à Dun-les-Places, en région Bourgogne-Franche-Comté, tandis que Christiane trimbale sur sa bicyclette parfois des armes et des pièces de radio émetteur et est chargée du codage et décodage des télégrammes entre Paris et Londres.
André Boulloche est devenu responsable du réseau Nord de la France, fin 1941, et après une visite à Londres, nommé par De Gaulle, 2 ans plus tard son délégué militaire de Paris, d'où il coordonne les actions des groupes armés et les sabotages.
En 1944, les choses se gâtent. le 12 janvier André est arrêté par la Gestapo et reçoit une balle au ventre lors de son arrestation. La blessure lui causa de sérieux problèmes pendant son incarcération à Fresnes et Compiègne et surtout dans le wagon à bestiaux, en avril, direction Allemagne et son internement dans les camps de Buchenwald et Flossenbúrg, d'où il sera libéré par les Américains, juste un an plus tard.
La Gestapo ne trouvant nulle part Christiane, qui s'est cachée, embarque, début août 1944, ses parents et frère aîné. Les hommes sont expédiés à Buchenwald et sa mère à Ravensbrück. Ils y mourront tous les trois.
Après la guerre, André deviendra le directeur du cabinet du Premier ministre, Paul Ramadier, en 1947. Après un passage au Maroc, de Gaulle le fait nommer ministre délégué à la Présidence du Conseil (1958) et il sera ministre de l'Éducation dans le gouvernement de Michel Debré, en 1959. Plus tard il sera plusieurs fois élu député socialiste du Doubs et maire de Montbéliard. Il meurt, à 62 ans, dans un bête accident d'avion, dû au mauvais temps, le 16 mars 1978. À son enterrement, François Mitterrand dira de lui : Ce fut "un homme exemplaire".
Les 2 soeurs se marieront et auront des enfants et petit-enfants. En 1990, Jacqueline meurt de leucémie. En 2016, peu avant son décès à 92 ans, Christiane, dans son dernier entretien avec Charles Kaiser s'inquiétait de la popularité de Marine le Pen et des menaces que représentait, à ses yeux, Donald Trump !
La famille de Jacques Boulloche (1888-1945), polytechnicien et directeur des routes de France, et Hélène Chaperon (1888-1944) compte 4 enfants dont 3 seront actifs dans la Résistance, le 4e, le fils aîné, Robert, se contenta de passer des informations au maquis. Mais André, Jacqueline Katlama-Boulloche (1918-1990) et Christiane Audibert-Boulloche (1923-2016) sont des résistants de la première heure. Christiane Audibert-Boulloche est ensemble avec Françoise de Boissieu et Françoise Dupont d'ailleurs l'auteure de "Femmes dans la guerre, 1940-1945" de 2004.
D'abord un mot sur l'auteur. Charles Kaiser, né en 1950 et fils de diplomate et a été un journaliste influent à des journaux prestigieux comme le New York Times, le Wall Street Journal, le Washington Post etc. Il avait un oncle, Henry Kaiser, qui en tant que soldat de l'armée américaine fut hébergé clandestinement par les Boulloche pendant la 2ème Guerre mondiale. En tant que môme, il a été fasciné par les récits de son oncle sur les aventures et le courage de la famille Boulloche. Tellement fasciné qu'il a passé 2 ans et demi en France à se documenter et éplucher les archives afin de savoir le maximum sur cette famille qu'il admire profondément et avec laquelle il est dans des excellents termes.
Son ouvrage "The Cost of Courage", publié aux États-Unis en 2015, s'est révélé tout de suite un best-seller. Il existe une photo émouvante sur laquelle on voit l'auteur, tout fier, remettre le premier exemplaire de son "Le prix du courage - Une famille dans la Résistance" à son héroïne, Christiane Audibert-Boulloche.
À travers la famille Boulloche, Charles Kaiser nous fait un résumé chronologique de la dernière guerre mondiale du point de vue français en partant de la drôle de guerre et en mettant en relief les épisodes les plus importants : l'occupation du pays, Vichy et Pétain, l'appel du général De Gaulle, les troubles en Afrique du Nord, l'organisation et les revers de la lutte clandestine, le débarquement en Normandie, la libération de Paris et la victoire finale des Alliés. Un résumé assez circonstancié, puisque l'ouvrage compte 303 pages (y compris des notes - 30 pages - plus bibliographie) et offre surtout aux jeunes lectrices et lecteurs un aperçu équilibré de ces sombres années. Mais aussi celles et ceux assez familier avec cette page noire de notre histoire y trouveront détails et anecdotes peu connus. Par exemple qu'à Paris au début 1944 seules 7000 voitures y circulent contre 2 millions de bicyclettes, que le prix d'un vélo est presque le même qu'une bagnole de juste avant la guerre et que les "vélotaxis les plus rapides sont conduits par des anciens cyclistes du Tour de France"
Lorsqu'en mai 1940, les nazis envahirent le Benelux et la France l'attitude d'André Boulloche se résumait en une phrase : "La dignité est incompatible avec la soumission". Il en était de même pour ses 2 soeurs. Une constatation à laquelle le jeune homme de 25 ans ajouta : "Je suis un homme qui ressent le besoin de m'engager".
Déjà fin juin, il part pour l'Afrique du Nord pour continuer le combat, mais arrivé à Oran il lui est impossible de s'embarquer pour l'Angleterre. C'est grâce à André Postel-Vinay (1911-2007) qu'André Boulloche entre dans la Résistance dès la fin de 1940, ce qui était très peu courant à cette date. Il combine ses activités clandestines avec son job d'ingénieur aux ponts et chaussées à Soissons. Entretemps, à Londres, le général De Gaulle a créé le Bureau central de renseignement et d'action (BCRA) avec à sa tête un autre André, Dewavrin, nom de code : Colonel Passy. Je signale en passant que Postel-Vinay fut arrêté par la Gestapo en 1941, réussit à s'évader et à rejoindre De Gaulle en octobre 1942. En 1974, il fut nommé secrétaire d'État auprès du ministre du Travail.
Indépendamment de leur frère, les 2 soeurs se sont portées volontaires pour l'armée des ombres. Elles passent des messages secrets d'un bout à l'autre de Paris, puis Jacqueline rejoint le maquis du Morvan à Dun-les-Places, en région Bourgogne-Franche-Comté, tandis que Christiane trimbale sur sa bicyclette parfois des armes et des pièces de radio émetteur et est chargée du codage et décodage des télégrammes entre Paris et Londres.
André Boulloche est devenu responsable du réseau Nord de la France, fin 1941, et après une visite à Londres, nommé par De Gaulle, 2 ans plus tard son délégué militaire de Paris, d'où il coordonne les actions des groupes armés et les sabotages.
En 1944, les choses se gâtent. le 12 janvier André est arrêté par la Gestapo et reçoit une balle au ventre lors de son arrestation. La blessure lui causa de sérieux problèmes pendant son incarcération à Fresnes et Compiègne et surtout dans le wagon à bestiaux, en avril, direction Allemagne et son internement dans les camps de Buchenwald et Flossenbúrg, d'où il sera libéré par les Américains, juste un an plus tard.
La Gestapo ne trouvant nulle part Christiane, qui s'est cachée, embarque, début août 1944, ses parents et frère aîné. Les hommes sont expédiés à Buchenwald et sa mère à Ravensbrück. Ils y mourront tous les trois.
Après la guerre, André deviendra le directeur du cabinet du Premier ministre, Paul Ramadier, en 1947. Après un passage au Maroc, de Gaulle le fait nommer ministre délégué à la Présidence du Conseil (1958) et il sera ministre de l'Éducation dans le gouvernement de Michel Debré, en 1959. Plus tard il sera plusieurs fois élu député socialiste du Doubs et maire de Montbéliard. Il meurt, à 62 ans, dans un bête accident d'avion, dû au mauvais temps, le 16 mars 1978. À son enterrement, François Mitterrand dira de lui : Ce fut "un homme exemplaire".
Les 2 soeurs se marieront et auront des enfants et petit-enfants. En 1990, Jacqueline meurt de leucémie. En 2016, peu avant son décès à 92 ans, Christiane, dans son dernier entretien avec Charles Kaiser s'inquiétait de la popularité de Marine le Pen et des menaces que représentait, à ses yeux, Donald Trump !
