Le désir

Lu il y a bien longtemps, le Désir d'Alexandre Kalda, auteur qui, un temps, eut un certain succès, ne cesse de me surprendre dès que je commence à le relire. L'intrigue pourrait pourtant être sordide. Dino, dix-huit-ans, perd sa mère dans le Rome des années soixante-dix. Pauvre, il s'emploie dans un garage où sa beauté attire les regards d'hommes murs. Dino connaît une première expérience fortuite mais bientôt, il se prostitue et trouve à le faire une exaltation quasi mystique. Un jour, il tombe sur un client américain, jeune et beau. Celui-ci disparaît très vite mais Dino éprouve pour lui une vraie passion. Parce qu'il a perdu l'objet de son amour, le jeune homme se lance dans une quête frénétique du plaisir qui pourrait le conduire à la destruction. Malgré tout, le désir sans cesse l'appelle et le modèle, ne le faisant chuter que pour mieux l'épurer. Dino connaît l'amitié de Giulano qui le soutient dans ses dérives. Une brève aventure lui fait découvrir la femme. A la fin du livre, il s'enfonce dans les eaux de la Méditerranée pour aller revivre ailleurs...
L'écriture d'Alexandre Kalda, qui a arrêté d'écrire pour partir à Auroville et traduire Sri Aurobindo, est très belle car fluide et poétique. Son Dino traversé par la grâce est présenté avec un mélange de douceur et de vénération qui en fait une sorte de saint malgré lui. C'est que le désir, même lié à des pratiques mercantiles, est ici un vrai souffle et une force de vie; d'où la grâce infinie de ce texte qui jamais ne tombe dans le ridicule et toujours nous conduit vers le non achèvement...
Il doit bien y avoir sur cette plateforme des lecteurs de cet écrivain assez oublié et de ce texte....