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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il est des livres qui vous marquent ! Idiot wind - qui est une autobiographie - fait pour moi partie des livres émouvants. J'ai été touchée par le destin de cet homme qui avait tout pour réussir : excellentes études, sens pour l'écriture et les mots, amour, job dans l'édition, etc. Mais bousillé par la cocaïne et l'alcool (au point de finir en prison pour détention de drogue), il se sabote lui-même jusqu'à devenir un "pauvre mec" ;-( Un soir de janvier 1987, il quitte NY pour échapper à la vengeance de son dealer et part sur les routes froides et humides des US. Devenu clodo, Il voyagera sans ressources durant des mois en stop, à pied, en greyhound et par train de marchandise jusqu'à son nouveau destin, à Yellowstone où il se construira une autre vie. le livre est émouvant d'abord par le personnage, Peter Kaldheim qui ne s'attendrit jamais sur lui-même, qui a une faculté de parler avec tous ces clodos, les écouter et apprendre d'eux comme survivre dans la rue - avec un total respect et même une forme d'amour pour eux. le milieu des SDF qu'il décrit est étonnamment solidaire, ces hommes se soutiennent les uns, les autres, apprennent au nouvel arrivant comment utiliser au mieux les ressources à disposition pour les sans domicile : foyers, soupes populaires, se faire quelques sous auprès des suceurs de sang, etc. Les services sociaux sont aussi étonnamment efficaces pour aider ces SDF à remplir la paperasse qui leur permettra de glaner quelques dollars pour leur subsistance. Attention, on n'est pas dans l'angélisme... oui, ces hommes souffrent, ne mangent pas tous les jours pourtant à la fin des années 80', on est encore très loin d'une société déshumanisée où les clodos seraient juste abandonnés à leur propre déchéance. Dans un autre registre, le livre est parsemé de renvois à la littérature, entre autres de voyage comme Kerouac, mais aussi à la chanson américaine. Cette autobiographie est un livre fort qui entraîne le lecteur dans un monde parallèle au nôtre et dont reconnaissons-le nous ne voulons rien savoir.
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Fuyant un créancier très violent, Peter investit ses derniers dollars dans un billet de bus pour s'éloigner de New York puis traverser les Etats-Unis en stop. Quelle terrible descente aux enfers pour cet ancien séminariste, diplômé avec les honneurs mais toxicomane invétéré qui a tout perdu, dignité comprise. Clochard et dépendant des automobilistes de passage, Peter découvre la réalité de la pauvreté et de la solitude, mais fait également de belles rencontres qui lui laissent un peu d'espoir. Un récit autobiographique honnête et puissant, nourri de flashbacks instructifs et traversé de belles références littéraires.
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Va où le vent te mène, va…

« Pour résumer, ma vie n'avait rien de reluisant et relevait plutôt de la survie, et de cela je ne pouvais blâmer que moi-même et mes acolytes : l'alcool, la cocaïne, et une propension bien ancrée à ce que mon vieux prof de philosophie grecque appellerait l'acrasie – cette faiblesse de caractère qui vous pousse à agir contre votre intérêt. Si le grec n'est pas votre truc, appelons ça Idiot Wind, le vent idiot comme Bob Dylan. C'est le nom que j'ai fini par lui donner, et pendant plus de dix ans son souffle a déchiqueté ma vie. Au fil du temps, je l'avais vu faire s'envoler à peu près tout ce qui aurait dû compter pour moi. Mon mariage. Ma carrière. le respect de mes parents et amis. Même un endroit où poser la tête la nuit. Autant en emporte le vent. le vent idiot. »

Vous avez dans cet extrait tout ce qui fait le charme de ce récit : tout d'abord le style d'un homme arrivé au bout de son calvaire et qui a l'expérience de la folie, de la descente aux enfers et de la rédemption pour mettre les mots justes sur son récit, et ensuite l'histoire d'un homme que tout aurait dû porter aux nues d'une vie personnelle, sociale et professionnelle new-yorkaise comblée mais qui a tout perdu, plusieurs fois.

Ce récit est donc une mise à nu autobiographique sans concession de la part de Peter Kaldheim. Il n'occulte nullement, dans la première partie du livre, ni les événements qui ont provoqué sa fuite de la Grosse Pomme, ni ceux qui l'ont amené sur le chemin des enfers pavé de bonnes intentions.

Le point de départ de sa fuite de New York n'est pas bien complexe : à truander les truands, en accumulant les dettes sans source de revenus pour les rembourses, Peter Kaldheim a lui-même forgé les conditions de son départ. Il ne laisse au demeurant pas grand-chose derrière lui. Il en est en effet arrivé à un point où son mariage s'est effondré, où son travail s'est délité sous ses yeux et où seuls l'alcool et la drogue lui laissaient l'impression de pouvoir continuer à vivre… alors qu'il s'enfonçait petit à petit dans une déchéance dont on ne ressort que rarement.

Finalement, cette fuite subie de New York aura été sa planche de salut. Elle aura été salutaire parce qu'elle l'aura confronté à ses addictions et à lui-même. Jeté ainsi sur les routes, l'homme vide qu'il est devenu se retrouve seul face à sa propre vacuité et au néant humain qu'il sait être devenu. La course en avant vers sa déchéance était en fait rendue possible, si ce n'est probable et inévitable, parce qu'il pouvait garder à l'esprit l'espoir, certes vain, de pouvoir se fuir lui-même. Confronté à la solitude, seul sur la route, il est face à lui-même. Mais il se confronte aussi à celles et ceux qui jalonnent son parcours à travers les Etats-Unis et, en lui venant en aide, le forcent à se confronter à son passé.

Ce récit fourmille ainsi de portraits sans fard d'une Amérique itinérante ou laissée pour compte : représentant de commerce, routiers, types allant chercher le travail là où ils pensent en trouver, d'autres vagabonds comme lui, vétérans du Vietnam, serveuses droguées et paumées mais touchantes, pasteurs prosélytes, … c'est une Amérique un peu folle et cabossée qui se dessine à travers ses rencontres successives.

Jeté brusquement sur la route, sevré brutalement dès son départ de New York, Peter Kaldheim ne parle jamais ouvertement de manque. Par contre, les rencontres qu'il fait sont parfois plus hallucinées les unes que les autres. le passage évoquant les quelques heures passées en compagnie d'un jeune héritier totalement schizophrène en manque d'amitié n'est piquée des vers sans parler du chauffeur manchot et péquenot qui le prend en stop ou du pasteur moraliste coupé de la réalité…

Il y a de nombreuses choses qui restent de ce texte, même longtemps après l'avoir lu. le fait d'avoir l'impression d'avoir fait un bout de chemin avec un être humain, d'avoir partagé ses expériences, ses espoirs et ses déceptions, de ressentir un lien d'amitié avec une personne qu'on ne connaît ni d'Eve ni d'Adam mais dont on se sent finalement très proche, n'est pas étrangère à la trace laissée par ce récit. Peter Kaldheim a eu une vie chaotique, psychédélique, bordélique, tragique, alcoolique, psychtropique, erratique, mais il sa vie possède les accents de la sincérité, de la vérité et de la beauté que peu de récits peuvent atteindre. Merci.

Lien : https://garoupe.wordpress.co..
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Livre exceptionnel,du Kerouac,du dan fante, Bukowski,un road trip, sans speed ,juste du talent et quel talent, chapeau ( d ailleurs c est son surnom dans le livre) Monsieur Kaldheim...
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