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Critique de Pasoa


Le temps et la postérité sont parfois négligents qui n'ont presque rien retenu de la vie d'Erik Satie. Son nom est encore aujourd'hui indéfectiblement associé à deux oeuvres pour piano : les Gymnopédies et les Gnossiennes, composées vers la fin du XIXème siècle. On sait encore de l'homme qu'il fut un être singulier, à part, à l'excentricité volontiers assumée, qu'il ne se soumettait ni aux conventions de son époque ni aux exigences académiques et artistiques d'alors.

"Les parapluies d'Érik Satie", titre énigmatique, et la quatrième de couverture m'ont persuadé de lire ce qui n'était (était-il précisé), "ni une biographie ni une hagiographie" sur le compositeur, seulement un roman, le premier de son auteure, Stéphanie Kalfon.
j'entrais avec curiosité dans l'histoire. Les quelques résonances des Gymnopédies et des Gnossiennes que j'entretenais en moi cessèrent d'accompagner ma lecture. Je faisais peu à peu la connaissance du personnage d'Érik Satie, de son enfance douloureuse et turbulente, de son mépris du Conservatoire, de l'autorité, du conservatisme, ...

Dans une belle écriture, le portrait du compositeur prenait forme, après les contours apparaissaient les traits, la psychologie du personnage. Toutefois, en progressant dans ma lecture, je sentais quelque chose me retenir, quelque chose contre lequel je butais. Après les dominantes du portrait, je me mis à chercher les nuances, les espérais. Elles ne vinrent jamais.

Était-ce le parti pris de l'auteure ? Celui d'opérer, au travers de la personnalité du compositeur, une critique virulente de l'ordre social d'alors, d'une époque difficile, annonciatrice de la nôtre ? C'est un roman sur un compositeur où il n'est quasiment jamais question... de musique. Rien n'est abordé sur ses oeuvres, sur son travail, très peu sur ses influences musicales, sur ses amitiés (il était un ami de Stéphane Mallarmé, de Paul Verlaine entre autres), ou juste celle qu'il entretint avec Claude Debussy, décrit ici comme un personnage arrogant et suffisant.

Si ce n'est par la belle écriture, le vrai travail de documentation, je n'ai pas vraiment été séduit par le portrait selon moi trop scénarisé, trop dénué de nuances du compositeur. Portrait tout en noir d'Érik Satie, comme les quatorze parapluies qu'il possédait. Face à cette noirceur, il n'y avait plus de place pour la lumière. Dommage, il y avait sans doute à dire.
Reste toute la lumière qui jaillit, qui s'échappe encore des Gymnopédies, des Gnossiennes et de toutes les oeuvres musicales d'Érik Satie.
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