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sur 120 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Oui et non. Les parapluies d'Erik Satie est un beau livre, mais ce n'est pas une biographie de Satie.
Je suis amoureux de la musique de Satie depuis l'adolescence et viens de me faire offrir la partition des Gnossiennes. Aussi, quand je suis tombé pour la deuxième fois sur ce livre, je l'ai emprunté. Mais la première fois, trouvant un mot anglais « inside » au milieu du premier paragraphe, j'avais été choqué et avais reposé le livre. A la lecture, j'ai compris que ce mot, et beaucoup d'autres, était justifié : la mère de Satie était écossaise.
Le livre (il n'est pas écrit roman sur la page de garde, juste dans la notice biographique de Stéphanie Kalfon) est une évocation poétique et étrange d'Erik Satie, complexe comme l'homme et ses masques. Ou plutôt d'une partie d'Erik Satie. Car s'il est mort dans la misère, et en a probablement souffert pendant des années, si ses amis ont été profondément choqués par ce qu'ils ont trouvé dans sa chambre, est-ce sûr qu'il n'ait été que ce personnage dépressif, absolument seul ? Stéphanie Kalfon en sait évidemment beaucoup plus sur Satie que moi, et sa thèse est que l'excentricité du musicien est un masque, pour cacher une détresse profonde qui remonte à l'enfance. (Traumatismes que j'ai découverts dans le livre, et que je vous laisse chercher.)
A défaut d'insister sur l'humour lunaire de Satie, j'aurais aimé que l'auteure nous parle plus des oeuvres, des circonstances de leur naissance*, peut-être aussi des amis (à part Debussy) qui aimaient et soutenaient Satie, même s'il les fuyait souvent. Mais ç'aurait été un autre livre, et celui-ci, dans sa construction savamment anarchique à l'image de son sujet, est au moins un bel hommage au solitaire d'Arcueil.


*Le texte est parsemé d'allusions aux titres et aux annotations des partitions de Satie, pas besoin d'être un spécialiste pour les repérer, mais elles ne sont pas visibles pour celui qui voudrait découvrir Satie. de même, des passages sont en italique, mais sont-ce tous des citations de Satie ?
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C'est avec plaisir que je suis partie à la découverte d'Erik SATIE, ce compositeur né à la fin du XIXème siècle, sous la plume d'une toute jeune écrivaine, Stéphanie KALFON.

Erik SATIE fait partie de ces enfants que l'on qualifierait aujourd'hui de différents. Pas dans le rythme, un comble pour un futur musicien. Il n'a que 5 ans lorsque sa petite soeur Diane décède, il va vivre toute sa vie dans une profonde tristesse. Son frère Conrad ne suffira pas à lui faire oublier sa peine. du Conservatoire, il sera rejeté. Engagé dans l'Armée, il ne tiendra pas plus de 6 mois. La seule lueur d'espoir viendra de sa relation d'amitié entretenue avec Claude DEBUSSY. Saura-t-elle lui faire oublier sa condition ? Rien n'est moins sûr !

La lecture de ce roman m'a profondément attristée.

Tout d'abord, je crois que ce qui a suscité mon empathie, c'est l'immense solitude et l'état de dépression dans lequel on le découvre en 1901, il n'a alors que 35 ans, il vit à Arcueil, rue Cauchy. C'est l'expression de ce mal-être, de cette incompréhension du monde qui m'a troublée. Claude DEBUSSY avait su repérer chez lui son incapacité à s'intégrer dans la société qui était la sienne, il disait de lui qu'il était : "Un égaré dans ce siècle".

C'est aussi le profond isolement dans lequel sombre cet homme dont le talent sera reconnu bien après sa mort qui m'a fait réfléchir à la condition humaine et aux conséquences d'une mise à l'écart, d'une exclusion !

"Quand les gens vous oublient sans raison, c'est indescriptible. Cela devrait être interdit par la démocratie. Ils vous laissent une fuite dans le coeur, comme un sifflement. On appelle ça les acouphènes. Pour les musiciens, ce n'est pas de chance." P. 110

L'immense chagrin qui envahit Erik SATIE trouve sa source dès les premières années de son enfance avec le décès de sa petite soeur. Mais très vite, ce sont aussi sa mère et sa grand-mère qui décéderont. La vie du compositeur sera marquée par toutes ces femmes sorties de sa vie familiale prématurément et qui ne cesseront de le hanter plus tard.

"Tous, nous avons tous une signature de vie. C'est elle qui vous rend singulier, à cause d'elle que les choses arrivent d'une certaine manière, et se répètent ou se déroulent selon une musique spéciale, identifiable, différente." P. 93

Outre ces deuils successifs que l'enfant va avoir à surmonter, c'est aussi une forme d'éducation qui va contribuer à sa destruction. A cette époque-là, les enfants sont traités sans ménagement et les humiliations qu'il va vivre laisseront une empreinte indélébile au plus profond de son âme.

"Les vexations furent si injustes dans son coeur d'enfant qu'elles continuent de le menacer le long des âges. Ils ont fait de lui un être défait, un être de ruine." P. 131

En terminant ce roman, je ressens comme un sentiment de colère face à ce gâchis, gâchis humain bien sûr, aucun être ne mérite de vivre sa vie dans ces conditions, gâchis artistique aussi. Quand j'écoute Allegro, sa toute 1ère oeuvre, ou bien Valse-Ballet ou encore Fantaisie-Ballet, je ne peux me résigner au fait qu'il ait pu être blâmé pour sa virtuosité.

Stéphanie KALFON nous livre une biographie particulièrement teintée par la mélancolie du personnage, de celle qui ne permet pas à un artiste d'exprimer sa propre personnalité :

"La tristesse, souvent, fait de vous un être faux, une caricature." P. 158

Pour m'aider à refermer ce roman avec un brin de légèreté, j'aime à m'interroger sur la vie d'Erik SATIE s'il était né à l'aube du XXIème siècle...
Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
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La première qualité de ce livre c'est la plume de Stéphanie Kalfon. Vive, légère, presque musicale. Une plume qui livre des phrases virevoltantes, pleines d'une poésie que l'on imagine en phase avec son sujet.
Parce que je l'avoue, Erik Satie, je ne connais pas. Enfin, de nom bien sûr. Mais je suis très peu férue de musique et totalement ignare en la matière. Pourtant je l'ai croisé deux fois cette année, à une semaine d'intervalle. Ici et, comme un clin d'oeil dans le tome 6 des aventures de Victor Legris, la série policière dont Claude Izner situe l'intrigue à la toute fin du XIXème siècle, et où l'on rencontre Erik Satie dans... un magasin de parapluies. de quoi sourire.
Mais revenons à ce premier roman. Entre hommage et biographie romancée, il dessine le portrait d'un artiste maudit comme le furent souvent (et continuent parfois à l'être) les avant-gardistes. Un homme seul, refusant les règles et l'académisme, comme les peintres impressionnistes avant lui. Stéphanie Kalfon entreprend avec beaucoup de délicatesse de nous faire toucher du doigt les sentiments qui animent Erik Satie tout au long de sa vie, depuis les marqueurs de son enfance jusqu'à sa fin, triste dans une chambre de banlieue parisienne. Etait-il fou comme l'affirment certains ? Ou tout simplement génial ? Peu importe la réponse... c'est le voyage en compagnie d'un artiste hors du commun qui fait tout l'intérêt du livre, comme un privilège de côtoyer de près les mystères d'où naissent le génie.
Stéphanie Kalfon livre ici un premier roman original, tout en finesse, bien loin d'une quelconque hagiographie. Une délicieuse variation sur le thème du génie incompris.
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On connait le nom d'Erik Satie mais beaucoup moins bien la vie de ce musicien avant-gardiste, « égaré » dans son siècle. Avec ce roman de Stéphanie Kalfon, le lecteur découvre un homme de génie, qui rejette la musique et la création de son époque pour inventer un autre rythme, d'autres normes que celles imposées par le conservatoire.
Erick Satie est incapable d'entrer dans un moule, d'accepter les règles ; il vit misérablement dans la solitude, dans une banlieue bien éloignée pour un marcheur à pied. Il passera de nombreuses nuits de café en cabaret, à jouer sa musique, à boire et parler pour ne rentrer qu'au matin dans ce logis peuplé de parapluies et de pianos cassés qui ne sera découvert qu'à sa mort.
Joli premier roman, intéressant et instructif, qui évoque l'inventeur d'une musique originale, mais aussi cette incompréhension dont souffrent souvent les génies trop en avance sur leur temps.
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Qui a tenté de d'apprendre et jouer du Satie ne pourra qu'être touché par ce roman biographique. Difficile de voir ou mettre les bémols dans ce roman de Stéphanie Kalfon. En effet Satie n'a pas toujours été cet homme profondément en marge, souffrant et s'auto-detruisant. Sa rupture avec le peintre Suzanne Valadon sera un élément fort de descente aux enfers.
Sans son frère Conrad, Satie n'aurait été qu'un vagabond. « Un fou traînant parmi les autres fous, un errant bourré de tics et d'alcool, à crever la dèche sans rien accomplir ». le personnage n'a pas seulement été dans ce schéma là!!
Mais effectivement, peu de personnes ont pris, de son vivant, la mesure de sa démesure. Debussy probablement.
«L'intelligentsia musicale parisienne le trouve aberrant et bizarre. Pourtant il s'agit seulement de l'équivalent musical de la manière dont Erik se tient au monde. »
Satie durant les 27 dernières années de sa vie passera ses soirées dans les bars. Fuyant le monde, s'étourdissant, se perdant, il ne parviendra pas à trouver une pointe d'apaisement.
Belle écriture, j'aurais néanmoins aimé un peu plus de liens concrets avec l'oeuvre créée, quelques mots sur les rencontres avec les peintres de son époque.... enfin un prisme un peu moins extrémiste dans le monde de la folie et de l’autodestruction.
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" On n'envie jamais les gens tristes" c'est ainsi que commence ce roman.
Renvoyé à 17 ans du Conservatoire, le compositeur et pianiste français Erik Satie s'y démarquait par son insolence, son refus de respecter les règles et sa singularité, rêveur il était considéré comme un cancre. " Ici, on exécute la musique! Il n'y a pas de vérité en art : Les compositeurs ne doivent pas être esclaves des règles." écrit-il en lettres noires sur le fronton du Conservatoire.
Ce rejet le marquera à vie " Ils ont fait de lui un être défait. Un être en ruine.". Il trainera toute sa vie un terrible besoin de reconnaissance, se demandant "À quel âge est-il trop tard pour devenir quelqu'un?"

Erik Satie est dépeint comme un être contemplatif "Il enfilait de l'ennui à l'ennui " et solitaire. Frappé d'insomnies, il marche la nuit, dort le jour, flâne et boit de l'absinthe. Il cache sa mélancolie sous une certaine fantaisie, et adopte un habillement provocateur loin des conformismes de l'époque.
Il est aussi entier et intransigeant " Rien ne le blesse davantage que de partager un bon moment avec un être qui n'en garde qu'un souvenir vague, voire aucun."
C'est un homme plein de paradoxes qui malgré son extrême timidité est capable de coups d'éclats comme lorsqu'il parvient à se faire engager dans un bar.
Un homme marqué par la mort de sa soeur Diane à l'âge de 8 mois , la mort de sa mère et de sa grand mère à Honfleur, des morts qui l'obséderont toute sa vie...
Erik Satie a le goût de la nuit et de la liberté et traine avec une bande d'artistes Alphonse Allais, le poète Contamine avec qui il partage un costume. Il rencontre aussi Debussy avec qui il va entretenir une amitié de 30 ans.

Ses amis découvrent son extrême pauvreté le jour de sa mort en entrant dans sa chambre d'Arcueil "qui rime avec cercueil" car Erik Satie a toujours réussi à cacher sa misère à son entourage et s'est installé dans cette chambre en délaissant Montmartre à 34 ans en 1901, il y mourra 24 ans plus tard. Apocalyptique, cette chambre a fait sa légende avec ses deux pianos désaccordés et ses 14 parapluies noirs identiques. Personne n'était jamais entré dans cette chambre...14 parapluies pour un homme qui protégeait son parapluie quand il pleuvait de peur de le mouiller...

Parallèlement Stéphanie Kalfon évoque la naissance du cinéma, la création du coca cola, la construction de la tour Eiffel, le changement de siècle, l'expo universelle, l' invention de la biscotte, la mort de Zola et nous donne ainsi à voir un monde où tout s'accélère.

Insérés en italique des propos de Satie, des extraits de lettres à son frère, son seul confident, rendent le récit particulièrement émouvant.

On souffre avec cet homme hypersensible totalement seul, (le passage sur son anniversaire qu'il passe seul est poignant), en plein délire au bord de la folie, inadapté à son époque.
J'ai trouvé ce roman intense, très émouvant et remarquablement bien écrit.
Ce n'est pas une biographie classique du compositeur, Stéphanie Kalfon nous fait véritablement rentrer dans la tête de cet homme à la sensibilité à fleur de peau, si souvent au bord du désespoir "Vivre, c'est tellement... inutile!". Un être méconnu, insaisissable et incompris qui a consacré sa vie à la musique.
Un premier roman remarquable à lire avec un bloc notes à proximité pour y noter toutes les belles phrases de l'auteure, un premier roman à faire connaître !

Une belle découverte grâce à l'aventure des 68 premières fois
Ce roman fait partie de la première sélection du prix de la Closerie des Lilas
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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«  On envie jamais les gens tristes. On les remarque. On s'assied loin, ravis de mesurer les kilomètres d'immunité qui nous tiennent à l'abri les uns des autres ».

Ainsi s'ouvre le roman que Stéphanie Kalfon consacre à Erik Satie: compositeur brillant, fantasque, incompris de ses pairs parce que trop novateur, «  égaré dans [son] siècle » a dit de lui son ami Debussy, et surtout, nous dit l'auteure, infiniment triste et dépressif mais le cachant toute sa vie à ses amis qui découvrent à sa mort avec effroi la chambre minuscule et crasseuse d'Arcueil où il a passé les 27 dernières années de sa vie.

Ce n'est pas vraiment une biographie mais plutôt une plongée dans la vie et l'époque de Satie, aussi déstructurée et déroutante que l'oeuvre du compositeur, comme autant de flashs éclairant la personnalité du musicien : la triste enfance, avec la perte de sa petite soeur et de sa mère alors qu'il n'a que six ans, l'incompréhension et le rejet des professeurs du Conservatoire, ses années dans les cabarets de Montmartre, son amitié admirative avec Debussy, l'alcool , la déchéance et l'extrême solitude enfin. le récit est ponctué de petites actualités de l'époque : la construction de la Tour Eiffel, la modernisation de Paris, l'Exposition universelle, et même Heudebert et la naissance de la biscotte ou l'invention du Coca Cola !

Une écriture poétique, musicale, traversée d'indications que le musicien notait sur ses partitions. J'ai trouvé cependant que l'auteure insistait presque uniquement sur cet aspect un peu sinistre et très solitaire du personnage alors qu'il a côtoyé énormément d'artistes de l'époque qui n'apparaissent pratiquement pas dans l'histoire . Reste qu'on referme ce portrait romanesque avec l'envie de réécouter la musique d'Erik Satie et d'en savoir plus sur le personnage, c'est déjà beaucoup .
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Un petit livre très agréable à lire et que toutes celles et tous ceux qui apprécient, ou, ont envie de découvrir Érik Satie, aimeront. Stephanie Kalfon ne vous expliquera pas pourquoi Satie avait chez lui, le jour de sa mort quatorze parapluies, tous noirs, mais vous racontera comment ce grand musicien a fini par mourir de faim et d'épuisement. Il marchait tous les jours d'Arcueil à Paris. Dans ce qui était une banlieue ouvrière pauvre, Érik Satie a trouvé une petite chambre où ses deux pianos ne laissaient la place qu'à un lit. C'est là qu'il a vécu et qu'il est mort après avoir quitté Montmartre.
Le style, et le rythme de la phrase épousent la musique de Satie et c'est très agréable à lire. Nous n'avons pas d'explication ni à sa misère ni à sa folie. Evidemment l'alcool y est pour beaucoup, l'absence de reconnaissance aussi. Pourtant, ses amis reconnaissaient son talent, mais rien ne pouvait visiblement effacer les paroles si dures et si terribles des professeurs du conservatoire. D'autres compositeurs sont passés par là sans pour autant douter de leur capacité à composer. Pour Satie tout était musique et imposer des règles pour en rendre compte, c'est freiner le génie musical. Il était sans doute trop sensible, trop orgueilleux, trop .. trop tout et aucun sens des contraintes. Il a vécu dans le dénuement le plus total alors que sans doute le succès était à sa porte. Il nous laisse sa musique qui a son image est peu structurée mais si belle par moments. Un génie certes mais insaisissable et si peu conventionnel.
Lien : http://luocine.fr/?p=9420
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Petit livre romancé de la biographie d'Erik Satie. C'est par choix de découverte, pour mieux découvrir un compositeur dont j'aime la musique qui m'était assez étranger comme personne, que je me suis procuré ce petit livre, qui a l'air appétissant pour une passionnée de musique : j'aime bien la page de couverture !
Je comprends les critiques assez décevantes que j'ai pu lire car on parle beaucoup de déprime, de lenteur, et les ressentis de Satie sont très noirs en général, parmi pourtant des notes d'euphorie, d'enthousiasme et de longues heures de méditation et de philosophie sur la vie. Notre personnage était sûrement un hypersensible qui s'est perdu dans son siècle. Malcompris, mal aimé, profondément touché par les échecs et les critiques de sa musique, il a beaucoup sombré et est "passé à côté" de sa vie. Forcément, ce n'est pas super agréable à lire donc, mais je trouve que l'auteur a très bien réussi à faire comprendre ses ressentis, ses impressions, elle réussit à ce qu'on s'immisce, nous lecteurs, dans la peau de Satie.

Reste à savoir si tout ce que l'auteur a écrit correspondait vraiment au personnage de Satie. J'avais quelques doutes concernant Debussy, de la façon dont elle parlait de lui (notamment de sa réussite professionnelle, comme quoi il aurait toujours réussi en musique... je ne pense pas que ce soit juste.)

Lecture appréciée avec les lentes musiques de Satie.
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Ce n'est pas une biographie mais une interprétation, une recomposition de la vie d'Erik Satie, sa longue descente dans les enfers de la solitude, de la folie, de la création.
Avec Erik Satie, homme très entier « On ne partage rien pour de faux. On ne partage rien pour passer le temps, faire quelque chose, rester à ensemble sans importance. »
Depuis sa plus tendre enfance, le compositeur est hors temps, hors jeu. Il se cherche dans un monde qui se modernise mais dont les parangons refusent toute innovation comme ses professeurs du Conservatoire. Il entre en lui-même, écorché vif. Sa chambre à Arcueil, est son cercueil, son refuge ultime, il y crève de solitude. Pourquoi partir si loin ? « Il veut être à la périphérie car il se sent périphérique. Et Satie est avant tout un être cohérent. Voilà ce que les autres n'obt pas compris, ceux qui le croient fou, excentrique. Ceux qui ne voient en lui qu'une dérisoire dérision ».
Dérision,
Bien que hérisson, l'amitié est importante pour lui et n'en veut même pas à son ami Debussy qui lui vole ses idées et créera Pellés et Mélisande. « Il s'était senti compris, et aussitôt dépossédé, mais trop tard mon bon vieux, il ne fallait pas en dire autant, tout donner pourquoi ? Est-ce qu'un peu d'admiration vaut assez pour tout donner ? Juste pour le plaisir d'être le centre éphémère du monde ? »
Un écorché vif qui se protège, mais de quoi ? avec ses quatorze parapluies noirs.
Quelques petits entractes lorsque Stéphanie Kalfon met en scène les actualités de l'époque, naissance du cinéma, la construction de la Tour Eiffel, même la naissance du Coca Cola ! Heudebert et la création de la biscotte… « Mais ceci est une autre histoire. »

L'écriture vive, alerte, de Stéphanie Kalfon est à l'opposé de ce qu'elle raconte de la vie misérable d'Erik Satie. Pourtant, n'étant pas linéaire, elle épouse le rythme du compositeur, scande la musique de ses mots au rythme des divagations de Satie, le suit dans ses désespérances, sa fuite en avant. Elle le suit en Absurdie, dans sa déchéance, dans son enfermement. Pour moi c'est la force de ce livre.
Un très bon premier livre qui m'a permis de découvrir une autre vue de la musique de Satie
Livre lu dans le cadre des 68 premières fois.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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