Le 9 novembre est en France la Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. C'est à cette occasion que le livre "Les regards des autres" s'est retrouvé entre mes mains. Ce court roman aborde ce sujet grave et ô combien d'actualité à travers l'histoire d'une adolescente, Laure, harcelée depuis son entrée au collège par une bande de filles. Elle est aujourd'hui en troisième et son calvaire dure donc depuis 4 ans. Tout a commencé par un fait anodin, une amitié avec un garçon décrété comme le barjo de service, puis une photo postée sur Internet. Et tout était déjà joué pour Laure. Moqueries d'abord, brimades et bousculades, insultes et menaces. Laure va désormais au collège comme une condamnée à mort : maux de ventres, visites répétées à l'infirmerie, retards, chute des notes... C'est l'engrenage. Laure vit dans la peur, tout le temps. Et impossible pour elle d'en parler.
Ahmed Kelouaz est un auteur qui aborde souvent des problèmes de société graves dans ses livres. A travers le personnage de Laure, qu'il fait parler à la première personne, il révèle dans quel état d'esprit se retrouve la victime, avec ses peurs, ses angoisses et son impossibilité de parler. Par contre, les réflexions de Laure par rapport à elle-même et à la situation qu'elle vit me paraissent peu vraisemblables. Elle fait preuve d'une très grande maturité pour une collégienne tout en se révélant incapable de parler, depuis 4 ans tout de même ! Ses entretiens avec Léo ensuite, un ancien ami devenu harceleur, sont également peu réalistes. On devine que l'auteur a voulu dresser un portrait des harceleurs et dénoncer l'effet de groupe et du paraître qui impose sa loi chez les adolescents.
Enfin, autre bémol qui me touche particulièrement, la description qui est faite des adultes dans le roman, notamment celle des enseignants. Ces derniers sont totalement absents. Pire, ils ne voient rien, seulement préoccupés par les notes des élèves. Et s'ils remarquent quelque chose, ils se détournent du problème. Voici un discours très facile et faux qui ne rend aucunement justice à ce qui se passe en réalité dans les établissements scolaires qui se retrouvent régulièrement avec tous les problèmes sociétaux à régler. La seule personne "ressource" pour Laure est la tata qui vit bien sûr à la montagne, loin de la ville, au milieu des chevaux et de la nature. Hum, hum...
Voilà, vous l'aurez compris, ce roman ne m'a pas franchement convaincue. L'ensemble m'a paru froid et factuel : c'est le thème qui porte le livre et pas ses personnages. J'ai l'impression que certains auteurs, de jeunesse notamment, surfent sur les problèmes de société ou d'actualité pour accrocher et vendre. Le message est passé mais les victimes du harcèlement méritent des récits plus honnêtes et plus profonds, me semble-t-il.
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