AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de nadejda


« Aller vers toi, c'est aller vers la mort, tout nous conduit à cela, une porte va se fermer, une douleur va naître, qui s'appelle absence ou manque. »
Avant que la porte ne se ferme définitivement, Ahmed kalouaz rend hommage à sa mère avec ce livre qui raconte le pèlerinage d'un fils à la rencontre de sa mère de 84 ans. Il va la rejoindre par la route mais aussi par les mots, en l'évoquant au cours des 1000 kilomètres effectués sur la vieille mobylette bleue de son père de la Bretagne où il vit à Grenoble où elle va être déracinée encore une fois puisque la barre d'immeubles où elle a vécu, élevé ses enfants, va être rasée.

Ahmed kalouaz procède par touches discrètes, légères, en douceur tentant de raccorder les tesselles de la mosaique qu'il recompose tout au long de son cheminement vers sa mère. Les peines, la violence n'auront pas épargnée cette mère de quatorze enfants qui s'est oubliée elle-même. Il les laissent affleurer mais jamais la rancoeur ou la haine ne viennent l'envahir, qui lui feraient perdre les contours des souvenirs précieux qui resurgissent au fur et à mesure de son pèlerinage.

« Insouciante et heureuse, l'as-tu été seulement un jour, toi qui as connu tous les chaos, buté sur tant d'ornières ? Pour oublier peut-être, tu t'es acharnée à faire de tes enfants, les plus beaux de la terre.

Elle ne pourra pas lire ce que son fils écrit mais qu'importe il reste les souvenirs du chatoiement des tissus dont elle a toujours aimé faire des vêtements pour la famille, pour les offrir, les odeurs des plats épicés comme la panse de brebis farcie, les gâteaux au miel qui les régalaient.

« Soudain, dans cette campagne ligérienne, j'ai envie de goûter à la panse de brebis farcie, ce trésor que tu cachais loin de nos yeux et de nos mains de chapardeurs gourmands. Désir de plonger mes doigts dans la jarre de terre où dormaient dans le miel les gâteaux à la semoule. Lorsque nous en soulevions le couvercle, l'arôme de la cannelle s'engouffrait dans nos narines. Combien de fois avons-nous retrouvé dans cette jarre la joie de vivre et l'insouciance ? Tu m'as toujours tenu par ces parfums, ces sensations sous le palais, car tu savais que cela valait autant que dix mots d'amour, une bordée de baisers. »

Aller ainsi vers elle, c'est aussi aller vers la vie, la vie qu'elle a donné et que l'enfant devenu amoureux des mots perpétue.
Commenter  J’apprécie          322



Ont apprécié cette critique (31)voir plus




{* *}