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EAN : 9782260054931
192 pages
Julliard (03/03/2022)
4/5   16 notes
Résumé :
À la suite d'un drame qui remet en cause son existence, Isabelle abandonne son mari, son métier d’enseignante et ses élèves. Dans son errance, elle rencontre un jeune migrant guinéen de quinze ans pour lequel elle se prend d’affection. Logée dans le même hôtel social que le garçon, Isabelle retrouve le plaisir de transmettre et commence par enseigner à Ibrahim les rudiments du français. Élève motivé, mais toujours sur ses gardes, l’adolescent raconte peu à peu son h... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Isabelle s'est exilée de sa propre vie, à la suite d'un drame familial. Etouffant depuis lors dans une vie dépourvue de sens, elle abandonne tout un beau matin, son mari, son métier, son téléphone, Paris. Elle débarque à Nice, un peu par hasard, ou pas.

Ibrahim s'est exilé de son propre pays, la Guinée, a traversé le nord de l'Afrique et la Méditerranée, en quête d'un avenir qui lui permettra de subvenir aux besoins de son père malade et de sa famille. Au bout de plusieurs mois d'un périple infernal, à quinze ans à peine, il échoue à Nice, à la rue.

A sa sortie de la gare, Isabelle, complètement paumée, aperçoit Ibrahim et ses semblables faire la file pour obtenir un café chaud et peut-être une solution de logement. Isabelle, en pilotage automatique, se joint à eux et se voit attribuer une chambre dans le même hôtel social que le jeune garçon.

Peu à peu, ils s'apprivoisent, se prennent d'affection, et Isabelle, enseignante de formation, s'improvise professeur de français pour Ibrahim et d'autres migrants en situation illégale. Elle se démène aussi pour faire régulariser le statut administratif d'Ibrahim qui, en tant que mineur étranger isolé, devrait être automatiquement pris en charge par les autorités françaises.

Dans l'intervalle, elle emmène Ibrahim dans ses randonnées dans l'arrière-pays montagneux. C'est ainsi qu'ils rencontrent Jean qui, loin d'être un exilé, est au contraire bien ancré dans sa terre et son travail d'oléiculteur. Une rencontre qui sera déterminante pour tous les trois.

Si j'ai trouvé le parcours d'Isabelle peu crédible (l'hébergement qu'on lui accorde sans poser de questions, les deux ans qui s'écoulent avant que quelqu'un de son passé se préoccupe de la rechercher,...), celui d'Ibrahim est malheureusement très réaliste, et ce roman a le grand mérite de dénoncer le sort réservé à ces mineurs étrangers, que l'administration française (mais pas qu'en France) abandonne à un sort précaire, sous le faux prétexte qu'ils « ne sont peut-être pas mineurs » dès lors que les tests osseux laissent toujours une marge d'erreur dans l'estimation de leur âge.

D'une lecture fluide et rapide, « Les exilés » m'a semblé un brin trop naïf et stéréotypé, mais il reste une jolie histoire de solidarité, de tolérance et de résilience.

En partenariat avec les Editions Julliard via Netgalley. #Lesexilés #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Dans ce très joli roman, Maïa Kanaan-Macaux, met en parallèle les vies d'Isabelle et d'Ibrahim.
Un beau jour, Isabelle a tout quitté : son appartement, son mari, son métier de prof. Avec pour tout bagage un sac contenant le strict nécessaire, elle a pris un train en destination du Sud, espérant mettre le plus de distance avec sa Normandie natale.
Arrivée à Nice, la jeune femme se retrouve confrontée à la misère des migrants.
Ibrahim fait partie de ceux qui ont pris la mer en espérant trouver une vie meilleure.
Passée la phase d'observation et malgré la barrière de la langue, Isabelle et Ibrahim vont se découvrir. Avec elle, il apprendra quelques mots de français qui peu à peu deviendront des phrases. Avec lui, elle apprendra à relever la tête, à reprendre espoir alors qu'elle croyait sa vie finie après le drame qui l'avait bouleversée.

L'écriture est belle, douce, poétique rendant les personnages tellement attachants, humains, entiers. L'auteure réussi à nous faire traverser des vies, c'est fluide, émouvant, parfois sombre et si souvent lumineux. On a envie de prendre ses personnages dans nos bras pour leur permettre d'avancer autrement, tant on a l'impression de les connaître, tant on aimerait pouvoir les aider à vivre heureux.
« Les exilés » est une très belle lecture bien plus poétique que larmoyante, positive et sensible.
Je remercie très vivement NetGalley et les Editions Julliard sans qui je serais probablement passé à côté de ce roman.
#Lesexilés #NetGalleyFrance !

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Ce roman m'a touchée. En plein coeur.
Pourtant, dès les premières pages, je m'interrogeais. La situation, improbable : Isabelle, une femme comme il faut qui se jette à la rue, oubliant volontairement ses repères, à l'abri dans un hôtel miteux fréquenté par des migrants, des « enfantômes », ces gosses sans âge ni identité. Elle s'attache à l'un d'entre eux, Ibrahim, un petit Africain qui a choisi l'exil pour s'inventer un avenir (« Mieux valait mourir que de revenir sans avoir atteint son but »).
Méfiante, je guettais les bons sentiments et les leçons de morale.
Ma suspicion s'est volatilisée, car ce livre est un petit miracle de bonté et de pudeur. Il raconte la reconstruction de deux êtres meurtris par la vie (« Nous sommes l'un et l'autre en suspens »), le long et sinueux chemin qui les mène au bonheur. Qui est le pygmalion de l'autre ? Où l'amour se loge-t-il ?
Par petites touches et sans misérabilisme, Maïa Kanaan-Macaux, évoque le terrible périple d'Ibrahim (pages 76-80, 94-96) et l'amère découverte de cette terre promise à d'autres que lui. L'administration est cynique, elle est aveugle au désespoir (p101), comme si le malheur n'avait plus de visage (« Personne ne quitte sa maison à moins que sa maison ne soit la gueule d'un requin »).
Avec tact, l'auteure nous introduit dans l'intimité du drame d'Isabelle (exemples : pages 145 et 158), insinue que toutes les souffrances se valent, qu'elles n'ont pas besoin d'un acte de naissance ou d'un passeport pour nous émouvoir.
Alors oui, il y aura bien des grognons pour déplorer ce beau final et douter de ces personnages, parfaits jusque dans leurs fragilités. Peu importe, quelquefois, il faut savoir baisser la garde et laisser couler ses larmes.
Bilan : 🌹🌹
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Partir, s'enfuir en laissant derrière soi la porte fermée et la clef jetée à l'intérieur, comme une fuite éperdue, une forme de suicide social, un adieu à la vie, à sa vie, un geste ultime de désespoir.

C'est ce qu'a fait Isabelle, jeune professeure de lettres parisienne. Désespoir absolu, sans aucune possibilité de réparation. Dés-espoir. Fuite vers la Gare de Lyon, vite, un train vers le plus loin possible, ce sera Nice.
Et là, pas le Nice des petits vieux plus ou moins riches qui veulent finir leur vie au soleil. Non. Une construction démontable, des gens bienveillants : accueil des rescapés de l'immigration clandestine, ces Africains et autres désespérés qui ont traversé le désert, la Méditerranée, Perdus, comme elle. Abîmés, comme elle.
Alors, l'impensable se produit : Isabelle entre dans le sillage d'Ibrahim, Guinéen de quinze ans, migrant du désespoir dont la réussite en Europe serait la seule chance pour sa famille, sa mère et le bébé, son père très faible, le village. L'argent réuni doit être investi dans sa réussite et l'aide qu'il leur apportera. Risquer sa mort pour qu'ils ne meurent pas.

Doucement, le lien s'établit entre la femme morte à l'intérieur et le jeune décidé à vivre. Il la porte, la pousse vers la vie, vers un renouveau encore possible. Elle le structure, lui enseigne le français, ainsi qu'à d'autres réfugiés. Parler la langue pour s'intégrer, pour apprendre. le professeur renaît en elle, comme une racine enfouie profondément mais pas détruite.

Nous lisons sous la plume et par la voix des deux personnages l'histoire de cet apprentissage de la confiance, de ce renouveau inespéré. Et au passage découvrons des gens grands de coeur et d'esprit comme cette Brigitte qui a transformé sa grande maison en hôtel, non pas pour touristes, bien lucratif en cette région, mais pour les abandonnés de la vie, de l'histoire.
A côté de cela, il y a l'Administration, la méfiance, la tentation du rejet, quitte à recourir à des procédés lamentables comme ces examens médicaux qui éliminent Ibrahim car, dit-on, il est majeur. Alors, qu'il se débrouille. Ou bien cette aberrante et butée conseillère d'orientation qui, sans doute poussée par un bon sentiment, lui trouve une formation en mécanique auto. Alors que Jean, l'oléiculteur bienveillant, est prêt à lui signer un contrat d'apprentissage. Ibrahim est passionné par la culture de l'olivier, arbre inconnu chez lui. Que sa reconstruction est là, possible.

Un livre qui n'est pas un roman bien-pensant mais le résultat de l'expérience de l'auteure, qui a recueilli des propos de femmes issues de l'immigration. C'est une bouffée d'air frais. Un plaisir de lecture.
Et des pages bouleversantes.
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La mort subite du nourrisson est un choc terrible et véhicule toujours de la culpabilité, Isabelle quitte ce qui faisait sa vie: mari, métier etc. A l'arrivée de son errance, elle remarque un jeune noir dans une file d'attente. Elle va loger dans un hôtel "social"; elle peut payer sa chambre, les autres, migrants encore clandestins, non.
Ibrahim est un jeune guinéen, il n'a que 15 ans mais il veut gagner de l'argent pour sa famille: la mère est enceinte et le père malade. Ils vont mourir et le jeune homme va choisir de rester en France, comme mineur isolé qui devrait être pris en charge par l'Etat, sauf qu'il est difficile d'obtenir ce statut: pas d'état civil et les tests de radio des os peu fiables. Ibrahim n'a que sa bonne foi; il est aidé par Isabelle qui va se reconstruire en l'aidant; elle lui apprend le français, d'autres d'ailleurs viendront suivre ses "cours".
Peu à peu, la jeune femme entraîne l'ado dans des randonnées. Il met à distance les tracas de l'administration. le chaud et le froid soufflent. Ils ont rencontré Jean, oléiculteur; Ibrahim s'intéresse au métier et fait un stage; il sait ce qu'il veut faire malgré la stupide éducatrice.
Ecrit en alternance, les réflexions d'Isabelle et d'Ibrahim se succèdent.
Le parcours des MIE est bien documenté.
La reconstruction de deux êtres fragiles se fait petit à petit, avec l'aide de Jean.
Facile à lire mais plein d'émotions.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
C'est comme ça, en Europe, tout le monde réfléchit trop, tout est compliqué, les papiers, le travail, la famille, l'informatique qui est devenue le maître du monde. Tu n'existes pas sans l'informatique. On se demande s'ils n'ont pas inventé toutes ces lois, toutes ces règles et toutes ces contraintes pour oublier ce qui a de l'importance.
Tout devient source d'inquiétude. Tout le monde est stressé.
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P106

Pour exprimer toute cette indignation, cette incompréhension, il faut que mes mots soient le reflet fidèle de ce qu'Ibrahim appelle pudiquement « sa grande aventure ».
Je me demande qui peut bien croire que partir de chez soi, quitter ce à quoi on tient, laisser tout ce qu'on a construit procède d'une lubie ou d'une volonté de faire du tourisme. Qui peut bien croire qu'il n'y a pas là un acte de désespoir et de courage ?
Je me demande comment nous traiterons demain les réfugiés climatiques, quel nom nous donnerons à ceux qui auront perdu leur maison. Et que ferons-nous si c'est à nous que cela arrive ?
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Je l'écoute et je prends la mesure de ce qu'il a traversé. Je pense aux secours que l'on met en place pour récupérer des alpinistes audacieux ou des marins inexpérimentés, alors que le désert est jonché d'hommes et de femmes que personne ne viendra secourir et que l'Europe condamne ceux qui tentent de le faire.
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P63
Je pense à mes parents, aux sacrifices consentis par les famille de la campagne. Voir leur enfant s'émanciper, partir pour embrasser une autre façon de vivre, voilà ce qu'il en avait coûté, sans un mot de reproche, sans une larme qui aurait pu me faire hésiter.
Comme pour ces enfants qui ont parcouru des milliers de kilomètres, construire sa vie à sa mesure veut nécessairement dire s'éloigner physiquement et culturellement des siens. Adhérer à un autre monde.
C'est le lot des enfants migrants poussés par des tragédies ou une nécessité cruelle dont nous ne connaissons rien. Mais comme les enfants des campagnes, ils quittent leurs codes et leur géographie pour s'aventurer dans l'inconnu.
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