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EAN : 9782259249720
272 pages
Plon (24/08/2017)
2.5/5   19 notes
Résumé :
" Tu veux que je comprime la tragédie au format Twitter ? Comment peut-on se glisser ainsi au coeur des ténèbres ? "

Comment transformer un drame en fiction ? Pourquoi écrire sur une tuerie qui a eu lieu il y a plus de quarante ans en Inde et sur ses quarante-quatre victimes oubliées par l'histoire ?

À travers les voix aussi diverses que celles des intouchables ou des propriétaires terriens, l'auteur décrit ce massacre, se plaçant sous ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Au centre de ce roman (au propre comme au figuré), le récit d'un fait réel, à savoir le massacre, le 25 décembre 1968, de 44 Dalits (intouchables ou « hors caste ») dans le village de Kilvenmani en Inde. 44 victimes oubliées de l'Histoire, hommes, femmes, enfants, brûlés vifs dans la maison dans laquelle ils croyaient avoir trouvé refuge. Ces villageois, paysans sans terre pauvres et exploités, avaient osé demander une augmentation de salaire aux riches propriétaires terriens dont ils cultivent les rizières. Leurs revendications répétées restant lettre morte, ils avaient décidé, soutenus par les militants du parti communiste, de se mettre en grève. Les représailles des propriétaires furent terribles et sont restées – aussi scandaleusement que prévisiblement – quasi impunies.

Je disais que le récit de cette tuerie est au centre du roman, non seulement parce qu'elle en est le sujet principal, mais aussi parce que, physiquement, il se trouve calé entre 40 premières pages de réflexions de l'auteure sur la construction (ou plutôt la « déconstruction post-moderne ») d'un roman, et un épilogue de 25 pages dans lequel elle interpelle le lecteur à la deuxième personne du singulier, l'imaginant partir lui-même en Inde vérifier les faits sur le terrain et interroger les survivants.
Dans les remerciements en fin d'ouvrage, l'auteure qualifie elle-même son texte d' « agressif et un peu dingue ». Et en effet, ce récit à plusieurs voix (celles de l'auteure, des paysans, des propriétaires), placé sous les auspices de la colérique déesse Kurathi Amman, dégage une impression de colère et de rage, bien légitimes face à un massacre aussi abject, qui fut reconnu seulement du bout des lèvres par les autorités. Pensez donc, pourquoi se préoccuper de quelques intouchables communistes qui meurent, après tout ils n'avaient qu'à se contenter de travailler pour une misère ou de crever de faim... Cette histoire révoltante méritait évidemment d'être mise au jour, mais la répétition des mêmes faits relatés de différents points de vue est un peu lassante et accablante.
Et « un peu dingue », sans doute, dans la mesure où le récit n'est pas chronologique, est déconstruit, et parce qu'il faut un temps fou avant de pouvoir entrer dans l'histoire, vu les 40 pages de théorie littéraire assez indigestes et acides, dont je n'ai pas compris le sens ni l'intérêt.
Au final, un livre déroutant, à l'écriture exubérante, énergique, mordante, et qui malmène le lecteur. Un peu trop peut-être...
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L'inde, le pays où l'on enveloppe les nouveaux-nés dans des haillons et où l'on revêt les morts de précieuses draperies. Kilvennami un minuscule village où l'on récolte le riz.

Les coolies simples ouvriers agricoles prétendent avoir des droits sur les terres, les communistes ont semé de dangereuses idées dans la tête des intouchables. Paysans sans terre qui ne possèdent rien, ni couverts en métal, ni même des vêtements de rechange. Les vaches ont des abris en ciments, eux ils dorment blottis les uns contre les autres sous la couverture du ciel.

Emmenés par Gopalakrisnna Naidu, le chef local des producteurs de riz, les propriétaires terriens ne céderont jamais au chantage des communistes, ni au gouvernement qui taxe les terres et qui taxe l'eau. Se montrer fermes, refuser les demandes d'augmentation, ne pas avoir peur des grèves. Détruire le dogme du communisme qui a divisé la population en classes et les a montées les unes contre les autres.

Un meurtre lors de la grève va être le facteur déclenchant de la tragédie. Des hommes de main armés vont brûler le village, 42 victimes consumées par le feu. le plus grand massacre lié aux castes jamais connu en inde.

L'auteur n'applique pas une forme narratrice standard, elle s'adresse directement au lecteur, l'interpelle sur la forme et le fond de son livre. Elle va prendre des chemins détournés pour en arriver au drame du 25 décembre 1968. A cette époque, l'idéologie marxiste gagne en popularité parmi les intouchables, qui travaillent dans les rizières dans des conditions brutales. La révolution verte a également commencé à modifier irrévocablement la production alimentaire, en stimulant les récoltes mais en forçant les agriculteurs à dépendre des engrais toxiques vendus par les sociétés américaines.

L'auteur s'appuie sur des documents historiques et des interviews de survivants pour nous conter cette histoire vraie de résistance collective d'une caste inférieure, moins bien traitée que les animaux contre des propriétaires terriens, elle dénonce l'injustice du système des castes, un système féodal, elle montre un état corrompu avec des policiers et une justice à la botte des classes supérieures et décrit avec réalisme les actes barbares de quelques privilégiés.


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Docu-fiction, essai-roman voire essai de roman ou roman d'essai, les termes tentant de cerner l'ouvrage pourraient être multiples. L'auteur se plait pendant une longue partie à se justifier, à expliquer sa démarche, à se moquer de son explication et de nos réactions à son explication. L'exercice est loin d'être inintéressant, mais peut-être un peu longuet, verbieux à la longue et cherchant tellement à s'excuser de ses propres faiblesses supposées qu'il en finirait par être pénible...

Et puis petit à petit, on plonge dans le coeur de l'horreur qui est au centre de ce livre et on commence peut-être à comprendre que tout ce bla-bla est sans doute la pirouette d'une jeune auteure avant de rentrer dans le vif d'un sujet qui fait mal. Mal à son pays, mal à ses failles et ses injustices, mal à être de là-bas tout en étant maintenant ici. Oui, c'est souvent maladroit, mais comment affronter un tel écueil sans douter de soi-même, de ses chances d'y arriver avec son manque d'expérience et de confiance. Quand l'auteure finit par parvenir à s'effacer devant les mots des protagonistes, le texte prend toute sa force mais n'en prend-t-il pas encore plus avec les errances du début, en contrepoint.

J'ai revu il y a peu le Germinal de Claude Berri et le combat de ces travailleurs agricoles de caste inférieure des rizières de l'Inde a résonné très fort en écho avec les luttes des mineurs de fond de Zola. Le syndicalisme du XIXème et le communisme débarquant en Inde dans les années 60 s'attaquent tous deux à l'injustice, avec leur "bonne volonté" et les limites de leur action. La mort est présente des deux côtés, peut être plus cynique et "décomplexée" dans l'Inde des castes que dans la France de la lutte patronat-mineurs.

Merci en tout cas à Babelio et aux éditions Plon pour cette Masse critique, qui, comme souvent, nous pousse à sortir de nos chemins de confort pour découvrir des auteurs, ici en chemin, en réflexion sur l'art de la narration. Toujours intéressant malgré les imperfections.
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Quand on s'intéresse à la littérature étrangère, on ne peut que surveiller les titres édités par PLON dans la collection "feux croisés" qui permettent le plus souvent de découvrir de nouvelles plumes talentueuses et de s'ouvrir sur des civilisations qui nous sont mal connues.
Que dire de ce roman ?
-Une couverture colorée magnifique
-Une typographie et une mise en page agréable
-un thème fort témoignant d'un drame de l'Inde contemporaine à savoir le massacre d'une quarantaine d'ouvriers agricoles (avec femmes et enfants) qui avaient eu le tort de se révolter contre les conditions de travail indignes qui leur étaient faites par les propriétaires terriens
-une documentation précise propre à éclairer la lanterne du lecteur sur l'authenticité des témoignages et à informer sur une page d'histoire
-une jeune auteur talentueuse luttant pour le respect des droits des femmes.

Et malgré tous ces atouts, un roman absolument ILLISIBLE que le lecteur le plus indulgent a envie de refermer, même passé les quarante premières pages de digression sur la technique narrative de construction d'un texte tant l'auteur prend de libertés avec les fondamentaux du roman .
Pour justifier son texte, elle s'adresse très régulièrement à son lecteur, n'hésitant pas à le bousculer, voire même à l'insulter...
Elle ne cesse de tronquer son récit par de multiples va et vient dans le déroulement linéaire, au point que l 'on finit par se perdre...et que l'on ne sait même plus ce qui fait partie de l'histoire, et ce qui constitue les réflexions personnelles de l'auteur.
Avec rage et désespoir, elle présente les ravages de la colonisation dans son pays, ce qui en soit peut parfaitement se concevoir, mais la violence du ton employé est telle qu'elle ne peut que rater sa cible.
Je tire de cette lecture, que j'ai quand même réussi à poursuivre jusqu'au bout, au prix de grands efforts, il est vrai, une impression de gâchis absolu, de profonde confusion et je me suis sentie saisie par la colère (par celle de Kurathi Amman mais bien la mienne ) : la recherche de l'originalité à tout prix ne nuit-elle pas gravement à la littérature ? Il est certain que ne ne recommanderai pas ce livre profondément décevant.
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Kilvenmani n'existe pas sur le wikipédia français. En revanche, le lieu est bien présent sur son homologue anglais avec un article documenté sur le massacre de Noël 1968 qui s'y déroula et coûta la vie à 44 intouchables, vieillards, femmes et enfants, carbonisés dans la hutte où ils avaient trouvé refuge. Une atrocité. Meena Kandasamy, bien connue en Inde pour son activisme (féministe anti-caste), et son talent de poétesse, a consacré à cet horrible fait divers son premier roman La colère de Kurathi Amman. Mais d'une manière singulière, en posant la question : Comment évoquer une telle tragédie dans une fiction ? Et y répondant, longuement, en s'adressant directement au lecteur, l'agressant même parfois tout en gardant un grand sens de l'auto-dérision. Dès les premières pages du livre, on comprend que la lecture ne va pas être de tout repos : prose convulsive et éruptive, digressions interminables, humour cinglant. Comment l'auteure voit-elle son ouvrage ? Elle l'écrit page 108 : "J'en entends certains qui disent : mais qu'est-il arrivé aux règles du roman ? Elles sèchent sur ma corde à linge, là bas." Il faut donc prendre patience et déceler dans un discours parfois hermétique et confus ce qui a vraiment trait au drame, ses prémices (intouchables communistes contre grands propriétaires terriens), son déroulement et son traitement par la justice. le livre met à mal le lecteur, c'est un fait, et malgré le talent d'évocation indéniable de son auteure, il est difficile de la suivre dans les tortueuses ruelles de son métarécit. que Meena Kandasamy qualifie elle-même de postmoderne. Terme que l'on pourra éventuellement remplacer par celui d'embrouillé et d'inconfortable.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Tout le monde sait bien qu'un lieu n'a aucun intérêt tant qu'un homme blanc n'y a pas mis les pieds, ne s'est lié d'amitié avec les locaux, n'a goûté la cuisine traditionnelle, posé beaucoup de questions impertinentes, prit pléthore de notes dans son carnet Moleskine, et qu'il n'est pas rentré chez lui pour écrire sur le sujet.
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En écrivant à l'heure du Printemps arabe, je m'attends à ce que tout le monde soit déçu par une phrase d'introduction qui ne contient aucune référence à une grenade, à une croisade, ni même au grand tabou souvent minimisé: le génocide. Faite maison, comme le commerce des esclaves, aussi cliché que possible, cette première phrase est censée décevoir pour battre en brèche l'importance considérable qu'on accorde aux démarrages en fanfare.
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Quand les femmes s'engagent dans un mouvement de protestation, il n'y a plus moyen de les arrêter.
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Toutes deux pensent à la mort de la même manière, elles la voies sous les traits d'un être étranger avec de gros orteils carrés, qui vit dans une maison semblable à une plateforme sans côtés ni toit, et qui reste debout aux aguets, sans bouger, toute la journée, l'épée rangée, attendant qu'un messager vienne le mander, et demeure là depuis des temps où il n'y avait ni où, ni quand, ni ensuite. Ce sont toutes deux des femmes qui sont revenues après avoir enterré les morts.
Pas seulement des défunts, mais les morts foudroyantes.
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Comme j'ai pris du plaisir à vous balancer avec une certaine agressivité toutes sortes de procédés metafictionnels, j'en entends certains qui disent : mais qu'est-il arrivé aux règles du roman ?
Elles sèchent sur ma corde à linge,là bas.
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