AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782367270142
356 pages
DeCrescenzo (05/03/2015)
3.61/5   14 notes
Résumé :
Quelle est la frontière entre la vérité et le mensonge, le présent et les souvenirs qui s'entrechoquent ? Lorsque sa meilleure amie, une jeune femme peintre, meurt dans un accident de voiture, Jeong-hee, la narratrice, est confrontée à un critique d'art qui prétend que la jeune femme, en réalité, s'est suicidée. Jeong-hee ne croit pas à ce suicide et découvre au cours d'une enquête parfois dangereuse et digne d'un détective, la fragilité de son amie et la souffrance... >Voir plus
Que lire après Pars, le vent se lèveVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Ayant réalisé il y a peu que ma bibliothèque ne comportait pas beaucoup d'auteurs asiatiques, j'ai sauté sur l'occasion quand Babelio a proposé ce titre dans le cadre de l'opération Masse Critique. Je n'avais jamais lu d'auteur coréen.
Mais ce roman est-il un roman coréen? Bien sûr, il se déroule à Séoul, son auteur y est née, la dictature qui a pesé sur le pays jusque dans les années 80 est brièvement évoquée et, évidemment, les noms des lieux, des personnages sont coréens (et demandent un petit moment d'acclimatation pour se faire à leur sonorité et parvenir à les mémoriser). Pour autant, Han Kang ne se tient pas dans les frontières de son pays : son roman est universel. La peinture, l'apprentissage, les attractions interdites, l'amitié, son dévoiement vers un attachement obsessif, maladif, le mal de vivre qui enserrent dans ses griffes des personnages perdus, ces thèmes ont le même impact sous toutes les latitudes. Mais Han Kang va encore plus loin : elle nous emporte au-delà des limites de notre petite planète. Neurasthénique, solitaire, sa narratrice, prénommée Jeong-hee, ressasse en effet régulièrement (entre autres idées déstabilisantes) des notions d'astrophysique dont elle tire surtout une conclusion : nous humains, ne sommes vraiment rien, comparés à l'immensité de l'espace qui nous entoure ; nos vies, nos souffrances écrasantes, nos passions si puissantes ne sont que des fétus de paille dans le flux du temps qui s'écoule depuis le Big Bang et qui continuera à s'écouler sans nous jusqu'à un évènement final dont nous ne connaissons encore ni la nature ni la date de survenue.
De ces connaissances scientifiques, qui l'ont marquée dès l'adolescence, elle retire aussi d'autres enseignements, notamment au sujet de l'influence des corps sur leur voisinage (démontré au niveau des corps massifs, comme les étoiles, qui déforment l'espace-temps à proximité, mais que Jeong-hee imagine potentiellement extrapolable aux corps humains... rejoignant la notion d'aura... et impliquant une interaction possible entre deux individus proches).
Ces idées m'ont parlé, évidemment, puisque je me pose fréquemment des questions assez proches, de par mes deux métiers : enseignant les sciences, j'ai approfondi ces thèmes et me suis questionné à leur sujet ; romancier, j'ai pris l'habitude de considérer l'impact sur la nature humaine de toute connaissance. Alors, oui, Jeong-hee, avec ses idées qui peuvent sembler loufoques, m'a parlé. Mais elle peut "parler" à bien d'autres lecteurs, je pense, puisqu'elle porte en elle tant d'autres idées, noires, violentes, affectueuses, désenchantées, résolues ou désespérées. Un agglomérat de contradictions qui, là encore, rend ce personnage universel.
Une autre particularité de ce roman (et qui peut paraître déroutante, mais augmente surtout son originalité) est sa structure. Il apparait pourtant bien vite que, aussi étrange puisse-t-elle être, cette structure n'est en réalité qu'une représentation du désordre qui règne dans la tête (et dans la vie) de Jeong-hee. Solitaire, du fait que les personnages de sa jeunesse sont morts ou ont fui, elle est en effet lancée dans une sorte d'enquête pour reconstituer les derniers jours de son amie d'enfance, In-ju et, par dessus tout, comprendre son tout dernier jour : s'est-elle suicidée, comme le prétend un biographe de cette artiste-peintre ; ou sa mort était-elle un accident ?
Cette recherche de la vérité (ou de la confirmation de "sa" vérité) va balloter Jeong-hee entre divers protagonistes, divers lieux, des lieux inconnus ou des lieux qui lui ont été familiers mais que le passage du temps a rendu méconnaissables. Et c'est ainsi que ses pérégrinations et ses réflexions se succèdent dans un désordre apparent (qui la fait pourtant progresser... et les lecteurs avec elle). Ce désordre, l'auteur de Pars, le vent se lève le rend de la manière la plus parfaite, justement, par la structure qu'elle a choisi : le déroulement est linéaire (la vie de Jeong-hee avance, jour après jour), mais tout ce qui occupe ces journées surgit dans un véritable tourbillon : les époques qui se rappelent à sa mémoire, les fragments assemblés par l'auteur (cinq lignes par là, quatre pages par-ci...), mais, surtout, les formes de narration. S'enchaînent ainsi scènes d'action, scènes de prostration, trajets, recherches, confrontations, conversations, mais aussi les ruminations de Jeong-hee, ses moments de désespoir, ses malaises, ses délires, le tout s'entremêlant à des souvenirs, des rêves et se confrontant par moments à des points de vues externes, dressés comme des obstacles sur son parcours : des lettres, des demi-conversations téléphoniques (l'auteur ne nous retranscrit que les paroles de l'un des deux interlocuteurs) et, revenant régulièrement, l'exposé froid de ces fameuses notions d'astrophysique. Pourtant, comme je l'ai dit, nous avançons, nous emmagasinons les informations, nous approchons de ce qui pourrait être la vérité. Ou la désillusion. Et Han Kang sait disséminer des repères, des étapes-clés, des révélations, dans ce parcours du combattant dans lequel elle nous entraîne. Elle entretient ainsi habilement un suspense dans un roman qui, sans être un polar, est un vrai roman à énigme.
Enfin, un autre point fort de ce texte est la poésie de son écriture. Une poésie au service de la solitude, de la nostalgie, de la tendresse parfois, mais aussi du désespoir, de la folie ou encore de la violence : violence des coups, des lames de couteau, des accidents ou violence plus insidieuse des trahisons et des mensonges. La plume d'Han Kang sait donner corps à ces abstractions ; comme elle sait donner vie au silence, au vent, au froid, aux regrets. Et avec cette poésie, elle parvient à contrebalancer la dureté de ses décors et la froide objectivité des scènes dans lesquelles elle jette ses personnages. Cette écriture augmente encore la valeur de ce roman, riche, complexe, troublé et définitivement marquant.
Lien : http://sebastienfritsch.cana..
Commenter  J’apprécie          54
J'ai beaucoup aimé le dernier roman d'Han Kang, aussi me suis trouvée fort dépourvue quand j'ai fait un blocage à la lecture de ce roman. Je me suis sentie perdue par ses atermoiements. La narratrice, auteur et traductrice, a perdu sa meilleure amie, et un biographe affirme qu'elle s'est suicidée. Je pensais que l'on entrerait dans le vif du sujet, mais les descriptions, parfois hors sujet (l'astronomie) m'ont déjà bloquée. La narratrice se souvient, oui, de son amie, de l'oncle de son amie, qui l'a élevée, des tableaux qu'il peignait de sa technique - autant vous dire que je suis totalement hermétique à l'art pictural coréen.
Je me suis donc mis à analyser le livre. Nous voyons tout à travers les yeux de la narratrice, à travers ce qu'elle veut bien nous révéler, peu à peu, au sujet d'In-Ju et de leurs relations. Son amie a des réactions compliquées à des situations ordinaires. Artiste comme son oncle, elle a perdu un temps la garde de son fils, thème que l'on retrouve dans Leçons de grec. Jeong-Hee n'est pas plus simple. Ses histoires d'amour sont compliquées, inachevées, fugaces ou fugitives, comme si elle choisissait toujours de se placer dans une situation inconfortable.
Son enquête, parce qu'il faut bien nommer ce qu'elle fait ainsi, n'est pas plus simple. Ses démarches nous sont montrées, et aboutir, avoir un interlocuteur au bout du fil ou en face de soi est compliqué. Jeong-Hee a son idée, que tous ne partagent pas. Et la violence est omniprésente. Violence exercée contre Jeong-Hee, violence du régime dictatorial de la Corée, avant qu'il ne cède, dont nous pouvons avoir des exemples. Violence que les personnes s'infligent à elles-même, Jeong-Hee en tête, elle qui a tenté trois fois de se suicider, et sait donc, intuitivement, que son amie n'a pu le faire.
Seulement, connait-elle vraiment In-Ju ou ne sait-elle que ce que cette dernière a bien voulu lui montrer ? Lisant ce roman coréen avec mes yeux d'occidentale, j'ai pensé à la psycho-généalogie, puisque c'est en vertu du comportement de sa propre mère que certains pensent que Jeong-Hee s'est suicidée, même si elle était une artiste, même si elle avait un enfant. Je vois dans ce livre une absence d'espoir - personne ne semble en avoir gardé, personne, sauf Jeong-Hee envers In-Ju ne cherche à remettre l'autre sur pieds, à lui donner l'impulsion qui lui permettra de s'en sortir, quand on n'a pas cherché à enfoncer l'autre. Pulsion de destruction, en plus de l'auto-destruction.
J'aimerai terminer sur une note positive, pour vous donner envie de découvrir ce livre - certains lecteurs ont été bien plus sensibles que moi à son écriture. le dénouement, peut-être ? Peut-être.
Merci à Babelio et aux éditions Decrescenzo pour ce partenariat.
Commenter  J’apprécie          20
Han Kang, née en 1970 à Gwangju, est une romancière sud-coréenne fille de l'écrivain Han Seung-won. Après avoir étudié la littérature coréenne à l'université Yonsei, elle commence sa carrière littéraire quand l'un de ses poèmes est publié dans le numéro d'hiver de la revue Littérature et Société et plus précisément quand sa nouvelle L'Ancre rouge remporte le concours printanier du quotidien Seoul Shinmun. Depuis l'été 2013, Han Kang enseigne l'écriture créative à l'Institut des arts de Séoul tout en poursuivant sa carrière d'écrivain. Pars, le vent se lève date de 2014.
Jeong-hee, la narratrice, a perdu Hin-ju, sa meilleure amie, jeune femme peintre, dans un accident de voiture il y a un an. La parution prochaine d'un livre sur cette artiste doit révéler qu'elle se serait en fait suicidée. Jeong-hee ne croit pas à cette version des faits et se lance dans une enquête…
Je ne vais pas m'étendre longtemps sur ce roman car je me suis copieusement ennuyé à le lire et encore, suis-je poli pour le dire. Si un résumé rapide le présente comme une sorte de polar, il s'agit en fait d'un roman que je qualifierai de « flottant ». Sensations, impressions, ceux qui ont aimé ce livre parleront de poésie diffuse et de tendresse, ce genre de périphrases ouvertes à toutes les interprétations… Hum ! Hum !
Jeong-hee se remémore l'amie connue dans son enfance, y mêle ses propres souvenirs plus ou moins avérés et comme si cet éther n'était pas assez embrouillé, Han Kang farcit le récit de digressions sur la genèse de l'univers et de réflexions liées à l'astrophysique. Tout cela se traine sur plus de trois cents pages en un ennui mortel qui gagne vite le lecteur.

Commenter  J’apprécie          10
Pars, le vent se lève nous raconte l'histoire de Jeong-hee, dont la meilleure amie In-ju est décédée dans un accident de la route. Alors qu'elle peine à faire son deuil, un inconnu prétend avoir partagé une partie de la vie d'In-ju, et que cette dernière s'est suicidée. Pensée inconcevable pour Jeong-hee qui va tenter de réhabiliter la mémoire de son amie en menant une contre-enquête dans leur passé commun.
C'est un roman à la croisée d'un Polar qui s'offre au lecteur, entremêlé de nombreuses digressions de la part de l'auteur. C'est peut-être cet aspect qui ne plaira pas à tous : les nombreux à-côtés semblent ralentir l'intrigue et la première lecture du roman peut s'en trouver presque parasitée. Toutefois, ces divagations prennent tout leur sens si on prend le temps de se les approprier.
Malgré ce point, le style est plutôt varié, entre les souvenirs, les avancées dans l'enquête, certains dialogues très épurés, le changement de protagoniste le temps de quelques pages, cette capacité à immerger le lecteur aux côtés de Jeong-hee pour nous faire ressentir tout son désarroi et suivre avec elle son chemin vers le passé de son amie, en étant également victime de ce froid hivernal qui vient vous dévorer les doigts au fur et à mesure de la lecture.
Malgré la lenteur du récit à se mettre en branle, malgré les nombreuses digressions de la narratrice et un style lent et épuré, ne passez pas à côté de ce roman, ne serait-ce que pour son dénouement qui m'a laissé sans voix.
Commenter  J’apprécie          10
Lorsque sa meilleure amie, In-ju, une jeune femme peintre, meurt dans un accident de voiture, Jeong-hee, la narratrice, est confrontée à un critique d’art qui prétend que la jeune femme, en réalité, s’est suicidée. Jeong-hee ne croit pas à ce suicide et découvre au cours d’une enquête parfois dangereuse et digne d’un détective, la fragilité de son amie et la souffrance dans laquelle elle a vécu.
Cette recherche nous emmène à travers Séoul, dans l’hiver coréen, dans l’intimité du milieu artistique et le lecteur pénètre, par petites touches, dans une société à la fois proche et lointaine.

Une oeuvre singulière, aux faux airs de roman policier. Un livre difficile à saisir, empreint de poésie et de sensibilité où des passages consacrés aux lois de l'univers se mélangent aux états d'âmes des personnages. La quête de la vérité sur la mort de son amie, n'est en fait pour Jeong-hee qu'une recherche sur elle même.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Quand un homme dit qu'il m'aime, il veut dire qu'il me demande de l'aimer ou alors il se trompe sur moi ou encore il espère que je vais abandonner beaucoup de choses pour lui. Ou tout simplement, il veut me posséder, il a envie d'avoir entre ses bras mon corps désarticulé, de le ployer pour l'adapter à son corps. Ou il attend que je bouche le vide terrifiant de sa solitude.
Alors, lorsque quelqu'un me dit qu'il m'aime, le premier sentiment qui me vient est la terreur.
Commenter  J’apprécie          40
Je serrai le poing sous la table. Je souriais mais j’étais prête à me battre. J’aurais été capable de lui jeter au visage mon gobelet d’eau froide. Ou de casser ce verre et d’en brandir un éclat contre son cou. In-ju s’est suicidée ? Qu’est-ce que tu en sais ? Qu’est-ce que tu comprends à ces peintures ? Qu’est-ce que tu recherches en te vantant de savoir ? S’il me contredisait, s’il maintenait qu’In-ju avait tourné le volant vers le ravin, sur la route enneigée, qu’il en était sûr et que les peintures trouvées dans l’atelier en étaient la preuve, j’étais capable de le tuer.
Commenter  J’apprécie          10
Il sera probablement en retard. Non, il a dit qu'il serait sûrement en retard, très en retard. Il sera en retard peut-être d'une heure, ou même de trois. Peut-être qu'il ne viendra pas avant la nuit. J'attendrai. Tout le temps qu'il faudra. Je ne suis pas encore au bout de mes forces.
Commenter  J’apprécie          30
Je ne savais pas que certaines relations pourrissent avec le temps comme l'eau endormie, et que la personne qui y est immergée pourrit elle-même peu à peu.
Commenter  J’apprécie          50
Les aiguilles phosphorescentes indiquent bien toujours quatre heure trente. Qui peut appeler à cette heure-là, sinon un amant ou un ennemi ?
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Han Kang (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Han Kang
Vegetarian (채식주의자) Trailer
autres livres classés : littérature coréenneVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (62) Voir plus



Quiz Voir plus

Marc Levy ou Guillaume Musso

Où es-tu ?

Marc Levy
Guillaume Musso

10 questions
21 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur ce livre

{* *} .._..