Conseils d'héroïne:
Sois courageuse. Ce n'est pas grave si tu as peur.
Joue avec les cartes que tu as en main.
même malade, tu peux vivre à fond.
Si tu pers tout, écris.
Après ça, je ne parviens plus à sortir de mon lit, l'idée d'allumer mon ordinateur me rend malade. J'ai l'impression d'être seule dans une grotte sans lumière tant l'obscurité de l'hiver a posé sa noire couverture sur tout. Légèreté-jeu-joie my ass. Et si tout cela ne donnait rien ? C'est ça le syndrome du second livre ?
Corrigeant mon texte, je ne cesse de censurer mes formulations, avant d’en rétablir certaines. Puis-je dire « Noir » – puisque certes je suis appelée « face blanche » ici ? Puis-je écrire à propos de cet électricien malhonnête ou est-ce du racisme ? Faudrait-il faire semblant de ne pas accorder un regard à la pauvreté ou une pensée à la peur de la diarrhée et des amibes ? (Comme la fois où j’ai été incapable de manger le merveilleux épi de maïs grillé au goût de pop-corn acheté par Flotea au bord de la route après avoir vu la vieille femme affairée à même le sol boueux en train de frotter à pleine main la surface de l’épi pour le saler.) Est-il permis de tout regarder de l’œil d’une personne extérieure et étrangère ?
L’endroit qui m’intéresse le plus en ce moment, c’est l’Afrique. Et l’Afrique, ça me fiche carrément la frousse. Mais c’est justement pour cela qu’il me faut y aller. À mon retour en Finlande, je décide d’envoyer Sei Shōnagon en Tanzanie par voie postale. J’inscris sur le paquet une adresse relevée sur Internet : Box 10, Arusha, Tanzania. C’est à un chercheur finlandais spécialiste de la faune sauvage que j’envoie ce livre, au prétexte que son nom y est mentionné en passant à la page 26, et j’y joins un carton sur lequel je lui fais part de mon rêve de voyager dans la savane. Je songe en rêvassant (et ce, de manière parfaitement absurde) que Sei, ma messagère, mon éclaireuse, mon oiseau voyageur, va m’entraîner à sa suite.
Peut être qu'on ne ressent pas la peur quand on voyage avec l'homme qu'on adore, en qui on a une entière confiance.
Les amants qui ne font que se regarder dans le blanc des yeux et se dépossèdent mutuellement de leur vie propre.
Je sais bien, Karen, combien il est difficile de se séparer, même lorsque le couple va mal. La personne la plus déplaisante devient si proche, les deux vies s'enlacent si étroitement l'une à l'autre, telles les racines d'un arbre, qu'on a l'impression de s'arracher soi-même à sa propre vie.
Est-il permis de tout regarder de l'œil d'une personne extérieure et étrangère ?
Tu crois savoir ce que peut t'offrir le voyage, alors que c'est précisément ce que tu ignores. - Karen Blixen, Lettres d'Afrique, 18 Janvier 1917
Mary [Kingsley] apprit que le voyageur en Afrique doit s'aviser d'avoir toujours sur lui une tenue plus habillée - non pour les invitations à dîner, mais pour les enterrements (y compris le sien).