32 citations, et aucune critique... il me semblait important de participer à combler cette lacune : ayant renoncé temporairement à commenter la Critique de la Raison Pure, que je n'ai lue qu'en synthèse, je propose d'exprimer ici ce que j'ai retenu de ma lecture plus complète de la Critique de la Raison Pratique, bien que Kant soit probablement l'un des philosophes les plus difficiles à synthétiser que je connaisse. Il nous projette en effet dans un système de pensée très abstrait, et dont chaque élément participe à la démonstration du tout.
Dans la Critique de la Raison Pratique, Kant aborde la partie morale, éthique de sa philosophie. On peut dans son cas parler de déontologie. En effet, cette morale se construit à l'intérieur de l'individu ; elle ne résulte pas du vivre ensemble ou d'un utilitarisme à la Stuart Mill. Elle se veut universelle car, poursuivant les raisonnements posés dans la Critique de la Raison Pure, ne saurait exister, ou du moins être accessible à la raison humaine, de manière relative. elle se veut aussi formaliste, et non conséquentialiste : une action est bonne ou mauvaise en soi, au regard de la conscience universelle intériorisée par l'individu.
Pour autant, ce dernier dispose d'une autonomie, d'une liberté de suivre ces lois "naturelles" ou non . Dans ce processus, Dieu n'est pas nécessaire en tant que juge de ce qui est bien et mal, mais en tant qu'être nécessaire à la conceptualisation même du souverain bien.
En conclusion ,donc, un texte ardu à lire (voir un peu ch.... parfois) in extenso ; le livre m'est souvent tombé des mains ; mais l'effort n'est pas vain : en effet, lire des extraits ne suffit pas à "intégrer" le "système" kantien : par sa Critique de la Raison Pure, déclinée dans le domaine Pratique, il nous propose finalement une éthique moins subjective et contingente que d'autres penseurs du bien et du mal, s'attachant toujours plus à découvrir ce que l'homme peut connaître ou non de ces principes moraux, plutôt qu'à les définir a priori. Il en ressort une vision plutôt optimiste en même temps qu'exigeante de l'Homme.
Peut-être est ce pour cette dernière raison que, influencé par notre société moderne relativiste et plus influencée par les philosophies de l'Histoire et la découverte du "tout fait culturel construit" issu de la psychologie, je n'ai que peu adhéré à la rigueur responsabilisante de la démonstration de Kant...qui reste néanmoins, de ce fait même, un contrepoint très utile à connaître.
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Ce n'est pas ma Critique kantienne préférée, c'est aussi celle que je trouve la plus dogmatique. le projet d'une morale rationnelle transcendantale est tout à fait souhaitable, bien qu'elle devrait davantage prendre en compte la question de l'identité de l'agent (sans tomber dans l'anthropologie). Paradoxalement, je préfère certains de ses écrits plus synthétiques (ce qui n'est pas dans mon habitude).
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Deux choses remplissent le cœur d'une admiration et d'une vénération toujours nouvelles et toujours croissantes, à mesure que la réflexion s'y attache et s'y applique : le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi.
Deux choses remplissent mon esprit d'une admiration et d'un respect incessants : le ciel étoilé au dessus de moi et la loi morale en moi
Le difficile n'est pas de découvrir les insuffisances d'une pensée : c'est d'en apercevoir toute la profondeur.
La morale n'est donc pas à proprement parler la doctrine qui nous enseigne comment nous devons nous rendre heureux, mais comment nous devons nous rendre digne du bonheur. C'est seulement lorsque la religion s'y ajoute, qu'entre en nous l'espérance de participer un jour au bonheur dans la mesure où nous avons essayé de n'en être pas indignes.
Ainsi, ce que l'étude de la nature et de l'homme nous enseigne d'ailleurs suffisamment pourrait bien ici encore s'appliquer, à savoir que la sagesse impénétrable par laquelle nous existons n'est pas moins digne de vénération pour ce qu'elle nous a refusé pour ce qu'elle nous a donné en partage.
D'Homère à Nietzsche, d'Héraclite à Kant, de la philologie à la musique, au théâtre et au sport, ce livre retrace le parcours d'un passeur, véritable aède des temps modernes.
Pour en savoir plus :
Depuis cinquante ans, Heinz Wismann joue en France un rôle décisif dans la vie culturelle et intellectuelle, en s'attachant à transmettre et à reconstruire des traditions oubliées et méconnues : les présocratiques (Héraclite), la philosophie allemande (Kant, Cassirer, Benjamin, etc.), et à rendre plus accessibles des disciplines telles que la philologie et l'herméneutique. Il est aujourd'hui l'une des grandes figures de la pensée européenne et un passeur entre les différentes traditions ; lui qui a fait le choix de penser entre les langues
n'a cessé d'explorer l'écart créé par leurs différences et a su montrer que la pluralité des langues produit des rationalités différentes qui sont traductibles l'une dans l'autre.
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