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Alain Renaut (Traducteur)
EAN : 9782080710888
540 pages
Flammarion (17/01/2000)
3.83/5   90 notes
Résumé :
La science moderne a chassé de la nature la moindre cause finale. La nature mécaniste de Galilée ou de Descartes n'a plus aucune intention, ni aucun plan caché. Les causes des phénomènes sont devenues strictement matérielles. L'homme peut-il se contenter d'une représentation mécaniste de l'univers ? Dans sa Critique de la faculté de juger (1790), Kant énonce les conditions sous lesquelles la nature peut encore se prêter au jugement finaliste. Ainsi, dans l'expérienc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
C'est une révolution pour la recherche sur la philosophie kantienne. Alors qu'il était admis que Kant avait écrit trois critiques, Critique de la raison pure, Critique de la raison pratique, et Critique de la faculté de juger, une équipe de recherche finlandaise de l'université de Jyväskylä a retrouvé des écrits qui montrent que le philosophe allemand s'apprêtait à publier une quatrième critique.

Cette dernière, intitulée "Critique de la faculté de rire", aurait eu pour but de répondre à une quatrième grande question fondamentale de l'humanité. En effet, après avoir répondu aux questions « que puis-je connaître ? », « que dois-je faire ? », et « que m'est-il permis d'espérer ? », Kant s'était attelé, dans les dernières années de sa vie, à répondre à cette question si contemporaine : « de quoi puis-je rire ? ».

Ce sont pas moins de 900 pages manuscrites qui ont été retrouvées, authentifiées, et dont la transcription intégrale devrait être rendue publique dans les prochains mois.

Selon Fruüg Laatiyva, spécialiste finlandais du philosophe de Koenigsberg, c'est à un véritable séisme que nous sommes en train d'assister. « Cette découverte pourrait bien modifier entièrement l'interprétation que nous avons du corpus kantien, mais également notre perception de la personnalité de Kant lui-même. Nous avons retenu de lui une image assez austère, celle d'un professeur d'université à la vie monotone et ennuyeuse. Il apparaît au regard de la Critique de la faculté de rire que Kant aimait rire et s'intéressait beaucoup à l'humour et aux blagues en tout genre. »

A la question « de quoi puis-je rire ? », Kant répond finalement qu'on peut rire de tout ce qui ne va pas contre l'impératif catégorique.

« Ris toujours en sorte que la maxime de ta blague soit compatible avec un humour universel. »
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Pour résumer brièvement la partie sur l'esthétique, Kant décrit le jugement de goût sur la beauté, lorsqu'il est libre et désintéressé, comme une intuition faisant appel à l'imagination et à l'entendement, mais non à la raison (car elle fait usage de concept), et portant à la contemplation.
Ce jugement de goût, pour être pur, ne doit tenir aucun compte de l'émotion, du plaisir lié aux perceptions des sens, et de d'adhésion à des concepts préétablis (des concepts peuvent être déduits de l'objet jugé lorsqu'on en fait l'expérience, mais aucun ne doit être déjà présent à l'esprit pour mesurer la beauté de l'objet selon une idée préétablie), qu'ils soient d'ordre moral (le bien) ou intellectuel (le bon et l'utile), car il s'agit de formes d'intéressement dans l'objet que l'on juge et qui lui attribuent une fin. Or la beauté libre doit plaire pour elle-même et non en rapport avec une fin objective ou subjective. Cette définition lui permet de distinguer les arts d'agrément (divertissements) des beaux-arts (arts du génie). Dans ces derniers, il ne manque pas de rappeler la nécessité des règles et des conventions pour canaliser l'imagination de l'artiste et aboutir à un objet porteur de sens. Il est donc à l'opposé des conceptions de ce qu'on nomme "art contemporain", ce qui est déjà une bonne raison de le lire !
Une spécificité de Kant tient aussi en l'universalité du jugement sur la beauté. Chacun lorsqu'il trouve un objet beau s'attend à ce qu'un autre porte le même jugement que lui, contrairement au goût des aliments (un plaisir des sens) dont on convient aisément qu'il ne soit pas partagé. du fait que l'appréciation de la beauté fait appel à l'entendement, supposément partagé entre tous les hommes, ce jugement, bien que subjectif, devrait pouvoir concorder en chacun. Des hommes ayant atteint un degré de sensibilité similaire à force d'expériences esthétiques devraient aboutir aux même jugements, cette subjectivité étant la même pour tous.
Notons que Kant distingue la beauté naturelle de celle d'une oeuvre d'art (il hiérarchise la première au-dessus de la seconde). Dans l'art, le jugement est fondamentalement téléologique ; il tient compte de ce que l'oeuvre cherche à être d'après sa causalité interne, sa finalité subjective. Cette idée de finalité sans fin est aussi présente dans la beauté naturelle, mais elle renvoie à la perception du supra-sensible (et en bout de course Dieu), en conséquence de quoi la sensibilité à la beauté naturelle prédisposerait à la moralité (je résume grossièrement car j'ai survolé ce passage).
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Kant est un penseur important . Quand il parle de finalité de la vie en opposition aux évolutions scientifiques qui d'un coté lui font peur , l'on est enclin à le lire méme si l'on est en désaccord total . Pourquoi ? Parcequ'il argumente . Rien n'est facilité chez Kant , il y a une volonté inébranlable de la recherche de la profondeur de la réflexion qui fait que l'on ne peut que suivre ces théories , méme si l'on n'y adhére pas du tout . Sa recherche de la finalité dans ce qui est scientifiquement prouvé peut laisser dubitatif , l'on en est pas moins passioné par tant d'intelligence .
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C'est la première fois que je lisais Kant. C'est un sujet qui m'intéresse particulièrement: l'art. J'ai passé une bonne lecture avec ce petit livre. J'ai apprécié ce format court qui pourtant, foisonne d'idées. Certaines vont chercher très loin, d'autres sont logiques et à mon avis inutiles, et d'autres encore sont pertinentes et émettent des hypothèses intéressantes sur l'esthétique, le beau ou encore sur le jugement de goût. Malgré le fait que cette lecture était bien plus difficile que celle de Nietzsche, Kant a sut m'emporter dans sa pensée complexe et me faire réfléchir sur des choses qui ne m'étaient même pas venue à l'esprit. C'était rafraîchissant, et son petit format est une bouffée d'air frais qui permet de penser sans avoir trop d'informations, sans étouffer. J'ai pourtant noté quelques questions basés sur mes déductions qui d'après moi n'avait pas de réponse ou en tout cas des réponses incomplètes. Peut-on avoir un jugement pur? Est-ce que la perfection existe en matière d'art? Est-ce que tout est nécessaire dans une oeuvre? le jugement de goût pourrait-il être une exigence de la raison?

Je n'ai sûrement pas tout comprit de cette lecture, mais je l'ai bien apprécié. J'ai passé un excellent moment avec. Kant demande beaucoup de concentration, il est vrai, mais c'est un maître. Parfois ces phrases sont interrompues par des appositions gênantes, mais si on se concentre bien et qu'on peut en saisir le sens, on se rend compte qu'elles sont juste incroyables. Je conseille à tous les amateurs de ne pas hésiter à lire cette petite oeuvre.
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Cette troisième Critique est trop souvent placée au second plan lorsqu'on évoque Kant. Et pourtant elle est aussi riche que la Critique de la raison pure et sans doute plus riche que la Critique de la raison pratique. Bien évidemment, sa téléologie sera souvent considérée comme critiquable. Elle a pourtant de nombreuses implications théoriques et pratiques.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Le GOÛT est la faculté de juger et d’apprécier un objet ou un mode de représentation par une satisfaction ou un déplaisir, indépendamment de tout intérêt. On appelle beau l’objet d’une telle satisfaction.
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La beauté est la forme de la finalité d’un objet, en tant qu’elle est perçue dans cet objet sans représentation d’une fin.
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Car, quand la loi morale parle, alors il n'y a plus objectivement de choix libre portant sur ce que l'on doit faire; et montrer du goût dans son comportement (ou dans l'appréciation de celui des autres) est quelque chose de tout autre que de manifester qu'on pense de façon morale: penser de façon morale contient en effet un commandement et produit un besoin, alors qu'au contraire le goût éthique se borne à jouer avec les objets de la satisfaction, sans s'attacher à un seul.
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La première (beauté libre) ne présuppose aucun concept de ce que l'objet doit être ; la seconde (beauté adhérente) suppose un tel concept et la perfection de l'objet d'après lui.
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Est beau ce qui plaît universellement sans concept.
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Videos de Emmanuel Kant (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emmanuel Kant
C'est l'une des découvertes essentielles de Kant, l'idée qu'il existe un mobile sensible, qu'il nomme le respect, susceptible de relier les êtres humains à la loi morale. Une exigence qui est au coeur de l'éthique contemporaine, du rap au sport en passant par les luttes contre les discriminations.
Martin Legros, rédacteur en chef à Philosophie magazine, présente cette notion en vidéo ! Retrouvez son article en intégralité dans notre hors-série spécial Kant, en kiosque jusqu'au 8 mai.
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