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Critique de peloignon


Toute l'existence kantienne a été vouée au Souverain Bien et toute sa philosophie en découle: « Il n'y a nulle part quoi que ce soit dans le monde, ni même en général hors de celui-ci, qu'il soit possible de penser et qui pourrait sans restriction être tenu pour bon, à l'exception d'une volonté bonne. »(59)
Or, la question du bien ne doit pas être abordée d'une manière qui ne lui convienne pas. Défendre, par exemple, le Bien par le biais d'arguments esthétiques ou religieux, ou pire, par le biais d'une argumentation manipulatrice et mensongère ne peut absolument pas convenir. Il faut s'assurer de procéder honnêtement, de faire la recherche pour soi-même d'abord avant de la présenter comme une libre possibilité à d'autres.
Ceci dit, sur une question métaphysique de la sorte, même la recherche la plus honnête risque d'entraîner irrésistiblement l'humain qui la fait vers le dogmatisme ou le scepticisme, lieux où la moralité disparaît, car le scepticisme n'y croit pas et parce que le dogmatisme y croit dans l'illusion. Afin d'éviter de sombrer dans l'une de ces impasses morales, il est donc nécessaire d'établir d'abord clairement quelles sont les ouvertures et les limites de la raison humaine afin d'établir fermement une position critique où la moralité pourra être poursuivie en toute sûreté. Pour ce faire, Kant écrira sa Critique de la raison pure.
Par la suite, sans craindre de sombrer dans la ratiocination métaphysique, il devrait ensuite pouvoir enfin se permettre d'aborder la question qui lui tient le plus à coeur : celle de la moralité.
Pourtant, dans sa Fondation de la métaphysique des moeurs il semble se contenter d'aborder uniquement les quelques questions préliminaires en exposant l'analogon de sentiment qu'est le « respect » et en présentant diverses formulation de l'impératif catégorique, avant de tenter une déduction de la liberté dans la 3e partie. Et c'est sans aucun doute l'échec de sa déduction de la liberté qui l'a retenu quelque temps d'écrire sa Métaphysique des Moeurs. La moralité est en effet impossible si la liberté n'est pas présente.
Mais puisque le contenu de la moralité nous est rendue présente par le biais de l'impératif catégorique, comment se fait-il que la liberté, qui devrait nécessairement l'accompagner, ne peut en être déduite? C'est que toute déduction appartient au monde amoral de la logique et de la nécessité, tandis que la liberté implique un saut dans la réflexion ou dans l'existence. Elle échappe, en son essence même, à toutes nécessités et à toutes causalités.
Ce saut, Kant n'est pas encore prêt à l'assumer dans son écriture lorsqu'il produit sa Fondation de la métaphysique des moeurs. On pourra observer le surgissement de ce saut, si on a l'oeil fait pour cela, dans les premières parties de sa Critique de la raison pratique qu'il écrira trois ans plus tard.
Je ne veux toutefois pas abuser de la patience des gens qui ont l'amabilité de lire cette petite réflexion qui se veut explicative sur cette pièce très importante de la philosophie kantienne.
L'ensemble constitue une lecture incontournable à quiconque s'intéresse, pour sa propre vie ou par simple curiosité, à la moralité ou à la philosophie en général. Et pour les autres, ça se lit très bien (pour du Kant) et ça constitue un très bel (et bon) exercice de réflexion.
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