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Jean-Philippe Genet (Traducteur)Nicole Genet (Traducteur)
EAN : 9782070714162
634 pages
Gallimard (23/03/1989)
4.33/5   12 notes
Résumé :
Ernst Kantorowicz scrute le «mystère de l’État», concentré dans la conception des Deux Corps du roi : le mystère de l’émergence, dans le cadre des monarchies de l’Occident chrétien, entre le Xᵉ et le XVIIᵉ siècle, au travers et au-delà de la personne physique du prince, de cette personne politique indépendante de lui bien qu’incarnée en lui, et destinée à vivre un jour sous le nom d’État. C’est l’alchimie théologico-politique qui a présidé à cette opérat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Son grand oeuvre, à Ernst, c'est un bouquin sorti en 1957 et intitulé The King's Two Bodies. A study on medieval political theology. Ouais, en histoire, on considère que plus l'ensemble titre/sous-titre est long, plus ça fait sérieux. Bref. Enfin pour le coup, non, dans le genre bref, c'est raté…
Dans les années 50, on le sait tous, les galères américaines mettent très longtemps pour rejoindre le Vieux Continent à la force de leurs petites rames. Il faut donc attendre 1989 pour une traduction française sous le titre Les Deux Corps du Roi. Deux corps, double corps, ça va ? Tu suis ?
Excellent, l'ouvrage fait partie des incontournables aux côtés de la Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II de Fernand Braudel et Montaillou, village occitan de 1294 à 1324 d'Emmanuel le Roy Ladurie.
Pour résumer à grands traits son propos, Kantorowicz traite de la conception médiévale de la personne et de la charge royales, leur représentation, leur symbolique, leur construction. Cette “théologie politique” vise à assurer la continuité du pouvoir via la transmission du bousin monarchique d'un souverain à son successeur dans un cadre posé comme légitime.
La thèse de Kantorowicz est que le roi possède deux corps. le premier, comme tout un chacun, est physique et mortel. Quand il claque, “le roi est mort”, fin de partie pour lui. le second, le corps politique, est immortel et se transmet au suivant de la lignée. “Vive le roi”, le nouveau, qui vient de passer par la case départ et rafler la mise constituée du pouvoir royal et du royaume.
En deux mots, une histoire de continuité et de légitimité.
Lien : https://unkapart.fr/le-doubl..
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Cet ouvrage est un classique de l'histoire symbolique du Moyen-Âge. Il est indispensable pour qui veut comprendre les origines éminemment religieuses du pouvoir royal en France.

Pour résumer, il y a ceux qui ont lu "Les Deux Corps du roi" et les autres.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Dante, en détachant l’intellect de son ancienne unité avec l’âme, et en séparant les vertus intellectuelles de leur unité avec les vertus d’inspiration divine, a dégagé le pouvoir de l’intellect, désormais libre. Il l’utilisa pour unifier, pour la recherche du bonheur en ce monde, la communauté mondiale composée de tous les hommes, qu’ils fussent chrétiens ou non. Certes, la foi chrétienne universelle était commune à tous les chrétiens ; l’intellect humain, cependant, et la raison naturelle humaine étaient communs à tous les hommes. Et, alors que le salut de l’âme individuelle n’avait de sens que pour ceux qui croyaient au salut par le Christ, la perfection purement intellectuelle et l’autorédemption philosophique dans le paradis terrestre étaient à la portée de tous les hommes – y compris les Scythes et les Garamantes mentionnés dans la Monarchie.

Il est évident que Dante, dans l’ardeur de sa tentative pour prouver l’indépendance du monarque séculier par rapport au pape, dut « emprunter à l’Eglise son idéal d’une Chrétienté universelle et le laïciser » – le laïcisa en substituant la notion d’ « humanité » à celle de de « Chrétienté ». Ses contemporains, les philosophes dits averroïstes à l’université de Paris, prônaient la béatitude intellectuelle du philosophe en ce monde plus ou moins comme le but ultime de l’individu humain. Dante, cependant, sans jamais prendre la félicité terrestre comme but ultime, transféra beaucoup de leur doctrine aristotélicienne radicalisée de l’individu à l’universitas humana, préconisant une béatitude philosophico-intellectuelle en ce monde, non seulement pour l’individu ou le total des individus, mais plutôt pour le collectif plus large en tant que tel, le corps incorporé de l’Homme. (pp. 340-341)
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Le droit romain, bien entendu, était rempli d’éthique patriotique. Les juristes ne pouvaient pas manquer de tomber, dans les Institutes, sur ce passage où il est affirmé que « ceux qui sont tombés [dans la bataille] pour la respublica vivront éternellement per gloriam », et de commenter ce passage dans lequel la renommée ou la gloire éternelle prennent de façon si frappante la place de la béatitude éternelle ou lui sont associées. Ils ne pouvaient pas non plus manquer de rencontrer dans le Digeste cette loi formulée par un jurisconsulte du temps d’Hadrien, qui déclarait que, pour l’amour de la patria, un fils pouvait tuer son père et un père son fils. Les juristes médiévaux, dans leur interprétation de cette loi, soulignaient qu’une action considérée comme un parricide était un acte louable quand elle était commise au nom de la patria seulement, toutefois, si elle était commise en légitime défense. Ils ne se grisaient pas de l’idée de massacre patriotique comme le faisaient à l’occasion des humanistes – par exemple Coluccio Salutati, qui s’exclamait :

« Tu ne sais pas combien est doux l’amor patriae ; si cela était utile à la protection et à l’agrandissement (sic !) de la patrie, il ne semblerait ni fâcheux, ni difficile, ni criminel de fendre d’une hache la tête de son père, d’écraser ses frères, d’arracher par le glaive le fœtus du ventre de sa propre femme. »

Ce type de folie sanguinaire d’intellectuel et de patriotisme de bureau exacerbé n’était pas, dans l’ensemble, du goût de juristes à l’imagination plus sobre, qui auraient contredit Salutati sur presque tous les points. Cependant, des atrocités justifiées au nom de Dieu et de la patria ont toujours existé et existeront toujours. Balde pouvait parfaitement soutenir qu’un soldat tuant un ennemi au nom de la patria accomplissait une œuvre divine, mas oins, car il offrait un sacrifice au Créateur. Et cela était fait au nom de la caritas – non plus, certes, la vertu évangélique de la Charité, expression d’un amour fraternel actif, mais sa contrepartie séculière : une publica caritas, comme l’appelait Balde, pour la protection de la naturalis patria. (pp. 180-181)
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