On se demande qui est folle dans « Louise, elle est folle », pièce de théâtre écrite par
Leslie Kaplan.
Cela fait longtemps que j'avais envie de lire cette auteure dont le premier roman a été salué par
Marguerite Duras. J'ai eu l'occasion d'aller voir une amie jouer cette pièce, j'en ai donc profité pour lire ce texte. C'est un dialogue en forme de duel ou deux femmes sont en scène et s'apostrophent. Elles ne sont pas tendres et se tiennent tête dans une logorrhée absurde et drôle.
Elles n'ont pas d'identité mais chassent le cliché, traquent la langue de bois, pointent l'absurdité par un langage décalé. Pour elles, c'est Louise qui est folle. La seule à être nommée mais que l'on ne verra pas.
Elles déboulonnent les idées reçues en laissant apparaître des situations saugrenues, en déplaçant les lignes de la normalité et de la folie. Il y a de la joie, de la curiosité, de la fantaisie, de l'étonnement dans cet échange sans concessions. Rien de psychologique. du factuel : elles se parlent, se questionnent sur elles-mêmes et sur le monde avec franchise et brutalité.
Leslie Kaplan explique son intention dans un texte court qui accompagne la pièce de théâtre et qui se nomme « Renversement ».Il est sous-titré « contre une civilisation du cliché » et « La ligne Copi-Bunuel- Beckett », comme un clin d'oeil à ses auteurs de référence. Comme eux, elle prône le renversement, c'est à dire la transgression de ce qui se dit ou ce qui se fait, le renversement de la normalité, de ce qui est donné comme fou mais qui n'est pas nécessairement fou. Serait-ce le miroir d'un monde en perte de sens?