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Critique de Nelcie


Quand j'ai choisi ce livre parmi la sélection de Masse Critique, je l'ai coché un peu au hasard. Disons que ce n'était pas le livre que je voulais absolument recevoir,mais je l'avais sélectionné par curiosité.
Et la curiosité fait sacrément bien les choses, parfois, car ce livre fut un intense moment de lecture pour moi.
Le livre n'est pas épais, il compte 156 pages. Et pourtant, j'ai bien du mettre plus de 3 heures pour le lire. Pratiquement deux fois plus de temps que ma vitesse de lecture habituelle. Je ne saurais expliquer pourquoi, mais j'ai ressenti le besoin de prendre mon temps, de savourer chaque phrase, chaque paragraphe, de prendre mon temps entre deux chapitres. Inconsciemment, je crois que je me suis pratiquement fait une lecture à voix haute dans ma tête, comme si l'auteur me narrait son histoire lui-même, et que je l'écoutais d'une oreille attentive.

Melsi, Albanais, la quarantaine, vit et travaille en Grèce. Suite au décès de son père à Shangai, il retourne dans son pays natal afin d'effectuer les formalités administratives. Mais ce retour ne sera pas sans conséquences, puisqu'il va faire quelques découvertes auxquelles il ne s'attendait pas. Entre autre, celle d'un carnet marron contenant un texte écrit par son père lui-même. Cela va l'amener à se poser deux questions : Que faisait son père à Shangai ? Et qui était-il vraiment ?

La dernière page est un roman sombre, pessimiste, qui explore un passé historique douloureux, et un présent guère plus glorieux, même si les raisons ne sont pas les mêmes. Mais ce sont aussi des êtres torturés, emplis d'une vie qu'ils semblent presque porter comme un fardeau. Probablement, le roman est à l'image des deux pays mis en scène, l'Albanie et la Grèce. Je dis probablement car j'en connais tellement peu sur ces nations, que je ne veux pas m'avancer, mais dans mes spéculations, j'imagine que c'est ce que l'auteur a voulu faire ressortir.
Mais malgré le côté pessimiste qui en ressort, l'histoire contient une profondeur qui l'empêche de sombrer dans un aspect totalement démoralisant.

La dernière page, ça parle d'identité. Celle d'une famille juive de Thessalonique, qui doit taire son nom, jusqu'à l'oublier. Celle d'un homme qui passera de Juif à musulman puis fervent communiste. Celle d'un homme qui va découvrir que son père n'était pas celui qu'il croyait, et va se poser des questions sur lui-même.
Dans La dernière page, il est également question de frontières. Celles de l'Albanie qui jusqu'en 1991 restent ostensiblement fermées au Monde, plongeant ses habitants dans un gouvernement totalitaire où règne sans cesse la peur d'être dénoncé pour opposition au régime. Celles de la Grèce qui, tout en étant ouvertes à l'Europe, au monde, voient ses citoyens habités par la peur de l'étranger, la peur de l'envahissement. La Grèce qui, malgré son ouverture à l'Europe, refuse la nationalité grecque à un albanais vivant et travaillant dans le pays depuis plus d'une décennie.

En alternant l'histoire de Melsi dans le présent, et l'histoire de son père, qu'il découvre grâce à ce fameux cahier marron, l'auteur nous convie à une rude mais néanmoins passionnante découverte d'une Histoire que personnellement je ne connaissais que trop peu. J'ai notamment trouvé très intéressant d'en connaître un peu sur l'Albanie d'après le régime Communiste. Comment se servir de cette liberté si longtemps opprimée ? Comment envisager un avenir avec des frontières qui s'ouvrent ? Comment ne pas être tentés de quitter ce pays qui a si longtemps empêché ses citoyens de sortir du territoir ?

Oui, La dernière page est une fiction, mais l'histoire s'ancre dans une réalité contemporaine qui ne fait aucun doute. Et par les thèmes traîtés, ce roman nous invite à une réflexion sur notre Histoire, sur notre identité, en résumé sur notre Humanité.
Lien : http://voyageauboutdelapage...
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