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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un grand merci à Masse critique et aux éditions Intervalles de m'avoir fait découvrir ce petit bijou, au sujet original et qui m'a permis de voyager et de découvrir l'Albanie ainsi que la face obscure d'une certaine Grèce. Tout en passant un fort agréable moment de lecture, j'ai appris des choses sur l'histoire contemporaine d'un pays dont on parle peu finalement.
Melsi vit en Grèce, il est écrivain. Lorsqu'il apprend le décès de son père, survenu alors qu'il voyageait en Chine, il retourne en Albanie afin de préparer les obsèques. Là, laissé seul dans l'appartement par la compagne de son père, Eva, avec pour toute compagnie le perroquet Sherlock Holmes, il va découvrir qu'Ali était en train d'écrire un livre. Rapidement, Melsi s'aperçoit qu'il ne s'agit pas de fiction mais bien plutôt d'une autobiographie.
Le récit alterne ainsi des pages consacrées à l'histoire de la famille de Melsi et son propre cheminement au regard des découvertes qu'il y fait. Ali, son père, retrace les origines de l'arrivée de la famille en Albanie et révèle surtout qu'il est un crypto-juif (là, j'ai dû aller chercher dans le dictionnaire …) et que ce sont les répressions nazies qui ont conduit ses parents à quitter Thessalonique avant qu'il ne soit trop tard.
Melsi redécouvre alors tout un pan de l'histoire familiale qui lui avait été caché. Au fil de sa lecture, un voile est également levé sur l'intimité de ses parents, leur amour puis les fêlures du couple.
C'est très bien écrit, construit de façon adroite car on suit à la fois le père et le fils. le récit se déroule sur une temporalité qui est celle du temps nécessaire au rapatriement du corps d'Ali-Albert – temporalité qui permet in fine à Melsi de faire des choix pour sa vie, de renaître d'une certaine façon au regard de ce qu'il appris. C'est une réflexion intelligente sur l'exil, les racines et l'influence de la grande Histoire sur les destins individuels. Tout y passe : les atrocités nazies, l'avènement du communisme et ses non moins nombreux forfaits, le racisme et la peur de l'autre, le désastre économique qui frappe la Grèce. Bref, c'est très contextualisé, ce qui n'empêche pas les personnages d'être attachants, exposés dans toute leur complexité. Une jolie réflexion également sur les relations père-fils, et sur le silence qui, lorsqu'il s'installe, distend les relations, empêche l'expression de tout sentiment. A découvrir sans attendre.

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J'ai beaucoup aimé ce "petit livre". En effet il est bien court... c'est presqu'une nouvelle.. et quand on arrive au bout on peut même regretté que ce soit déjà fini.
Ces quelques pages soulèvent un sombre moment de l'histoire et évoque les conséquences que cela a eu sur la vie de toute une famille jusqu'à aujourd'hui.
Et tout simplement au travers de ce que découvre le personnage principal sur sa famille, l'auteur arrive à nous faire un peu réfléchir aux conséquences dans nos vies de l'histoire du monde....conséquences à plus ou moins long terme....
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Le livre démarre comme ceci : "à l'instar de certains amours, certains pays sont une aberration: ils n'auraient jamais dû exister. Être né et avoir vécu dans un tel pays procure un désenchantement assez proche de ce que l'on éprouve quand on a gâché sa vie avec une personne qui n'était pas la bonne"...Voilà le ton est donné...
L'histoire est la suivante.
Melsi, un journaliste albanais vivant en Grèce doit retourner dans son pays et effectuer le rapatriement du corps de son père décédé. Mais là bas à Tirana, dans l'appartement de ce dernier, il tombe sur un cahier marron qui va autant occuper le temps de Melsi que les paperasses administratives inhérentes au retour de la dépouille paternelle.
Il s'agit d'un manuscrit rédigé par son père en personne, retraçant la migration forcée d'une famille de juifs grecs vers l'Albanie pendant la seconde guerre mondiale, ainsi que son adaptation dans un pays enfermé dans une dicature implacable.
Melsi voit, ainsi, se dérouler un récit qui ressemble, à s'y méprendre, à sa propre histoire familiale. On y voit son grand-père ayant supprimé toute trace de sa vie antérieure et s'affichant comme fer de lance de la lutte communiste. Puis, c'est autour du père de Melsi, bibliothécaire et responsables de livres interdits, tombé dans une embuscade amoureuse et qui lui valut quelques ennuis.
Ce cahier marron, est-ce un roman ou la vie de ses aïeuls qui passe sous se yeux? On ne le sait pas, ni nous, ni Melsi.
En tout cas, ce court roman ne vous lâche pas. Il vous tient en haleine. Il vous met mal à l'aise. Il vous reste à l'esprit longtemps.
Un coup de chapeau aux éditions Intervalles qui nous sortent de belles pépites et qui nous invitent à voir d'autres contrées.
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Traduit du Grec par Françoise BIENFAIT et Jérôme GIOVENDO

J'ai découvert ce magnifique roman dans le cadre du Prix des Lecteurs Angevins/CEZAM 2016.

"A l'instar de certaines amours, certains pays sont une aberration : ils n'auraient jamais dû exister. Etre né et avoir vécu dans un tel pays procure un désenchantement assez proche de ce que l'on éprouve quand on a gâché sa vie avec une personne qui n'était pas la bonne." P. 9

Cette phrase n'est pas de moi, mais de Melsi, le personnage principal de ce roman. Melsi a 44 ans. Il vient d'apprendre la terrible nouvelle du décès de son père. Il part en car d'Athènes pour rejoindre Tirana en Albanie. Sa mère est décédée quand il avait 19 ans. Il a gardé un terrible souvenir de sa grand-mère reposant sur son lit de mort. Là, c'est un tout autre contexte. Il apprend que son père est décédé à Shanghai. Melsi s'interroge sur l'objet du voyage de son père en Chine. Pourquoi s'y est-il rendu ? de surcroît seul ? Il va progressivement s'approprier l'univers de son père, partir à la découverte de l'histoire des objets qui meublent sa vie. Un mystérieux cahier marron va attirer son attention.

Il n'aura pas fallu plus de 135 pages pour Gazmend KAPLLANI pour captiver la lectrice que je suis. Il faut dire qu'il use d'un certain nombre d'ingrédients dont je raffole :

- L Histoire : j'avoue ne pas bien maîtriser le passé des Balkans et m'y plonger par le biais d'un roman m'a tout de suite intéressée,

- l'histoire de cet homme, journaliste et écrivain, retourné en Grèce depuis une vingtaine d'années notamment suite à un différend avec son père. Retourné sur les traces de ses origines, Melsi est un descendant d'une famille juive habitant la Thessalonnique que son grand-père, Léon, a décidé de quitter en 1943 avec sa famille, sous de fausses identités, devant la menace des Allemands.

- le sujet de l'immigration : Gazmend KAPLLANNI appréhende sous différentes facettes les conséquences d'une migration transfontalière pour l'être humain. La quête d'identité y compris administrative est une démarche au long cours. L'apprentissage d'une toute nouvelle culture se fait au quotidien notamment avec la maîtrise de la langue dont l'auteur fait l'éloge. Les subtilités linguistiques, lexicales, sont autant de champs d'investigation que les hommes de cette famille explorent avec plaisir. Bien sûr, il y a aussi le déracinement, l'exil, les souvenirs, la mémoire et la transmission aux générations suivantes.

Par exemple, Gazmend KAPLLANI évoque les photos de la vie passée comme autant de piliers pour nourrir les souvenirs :

"Le fait d'avoir quitté la Grèce sans emporter une seule photo de leur famille contribuait à leur faire oublier cette tranche de leur vie passée." P. 77

Ce roman nous permet de nous poser quelques questions sur la vie de tous ces migrants qui quittent leurs pays avec seulement les vêtements qu'ils portent sur eux. Comment nourriront-ils le souvenir de leur existence d'avant ? Comment surmonteront-ils psychologiquement ce manque, eux et leurs enfants ?

La situation spécifique des femmes immigrées y est également abordée.

"Quand à sa mère, elle ne se mêlait absolument pas de ces histoires de rivalité linguistique. Sa langue à elle se réduisait au cliquetis de sa machine à coudre. [...] Sa mère ne sortait d'ailleurs presque jamais. Elle avait appris un albanais approximatif grâce à deux voisines, Meléke et Sabrié, qui étaient devenues ses amis et lui rendaient visite tous les vendredis." P. 79

Ce roman met en exergue la condition féminine et les enjeux d'une activité en dehors du foyer pour favoriser l'apprentissage de la langue. Retenues à domicile pour satisfaire les besoins de la famille, les femmes sont privées de cette émancipation que la maîtrise de la langue peut leur assurer.

Ce roman ne se résume toutefois pas seulement à ses sujets. Il se fait remarquer par la qualité de la plume de son auteur. Gazmend KAPLLANI aime les mots, il joue avec eux, s'attache à trouver celui qui sera le plus juste et suscitera l'émotion de son lecteur. Je souhaiterais d'ailleurs saluer le travail du binôme de traducteurs, peu souvent cité alors que sa qualité est intimement liée la prise en compte des spécificités culturelles. S'identifier à un Grec d'origine albanaise sans jamais y avoir mis les pieds n'y est pas si naturel et pourtant... c'est ce que réussit "La dernière page".

Enfin, j'ai trouvé la construction de ce roman particulièrement ingénieuse. Alors que Mesli doit affronter la mort et accepter le deuil de son père, il découvre un projet de roman, écrit par son père, et dont les passages figurent en lettres italiques, permettant à tout moment de se repérer dans le parcours du narrateur et l'itinéraire de son père. S'entremêlent ainsi 2 époques, les années 1940 et 2010 !

"La dernière page" est assurément un très beau roman historique.
Lien : https://lc.cx/J5cu
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Je ne connaissais pas du tout l'histoire de l'exode des juifs grecs pendant la guerre. J'ai trouvé cette histoire très intéressante. Ce roman est bien écrit et agréable à lire. Toutefois, je l'ai trouvé un peu inégal, préférant nettement les parties dédiées à l'histoire du père que celles mettant le fils en avant.
La fuite De Grèce pour se retrouver dans un état totalitaire est vraiment poignante, j'aurais aimé que cette partie soit plus développée. A vrai dire, j'ai trouvé que la partie consacrée au fils étaient de trop, sans grand intérêt. Ce roman n'en reste pas moins dans l'ensemble aussi intéressant qu'agréable à lire.
Lien : http://madimado.com/2015/07/..
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Que dire de ce roman captivant! Je ne suis pas le style de lecteur très attiré par les romans... Je suis un lecteur cherchant la biographie, l'essai historique, l'étude géographique, la recherche d'analyse sur les territoires ou les régions. Par contre, je me suis laissé prendre par le troisième ouvrage de Gazmend.

Après les deux succès précédents, je ne pouvais que me laisser tenter, le risque était maîtrisé.
La dernière page est en fait un roman bâti sur l'histoire, celle des Juifs de Thessalonique que tous les passionnés d'histoire et de géographie de la Grèce comme moi connaissent et qui est un grand pan de l'histoire de la Grèce du Nord et encore plus une période qui a marquée la ville de Thessalonique.

Il s'agit d'une période noire durant la Grèce occupée par les Nazis. le roman fait un pont avec cette histoire, celle qui a heurtée de plein fouet un grand nombre de familles juives.

Le roman aborde les problématiques d'identité, de culture, des répercussions de l'histoire sur la vie des Hommes, leur relation avec leur parents. L'auteur joue alors sur la thématique de la littérature rattachée aux relations père-fils et leur conflit de communication. Ce 150 pages qui captivent et donnent au lecteur l'occasion de s'évader dans une autre époque, une autre région de l'Europe.
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