Ce récit tient à la fois de la confession et du documentaire sur la vie en Inde, loin des clichés et des sentiers battus..
La jeune narratrice se souvient de scènes de son enfance - et de son milieu social conformiste, avant la fatale rencontre avec un Pygmalion mortifère. Dès le début on sait le destin de ce « mauvais garçon », mais, comme la narratrice, on découvre sa vraie nature au fil du temps. Les rapides vignettes de la vie antérieure surgissent sous la forme de brefs souvenirs : entre eux, des silences laissent à l'auteur, comme au lecteur, de petites plages de réflexion.
Elle confesse son ingénuité, le rejet d'une vie programmée, pour relater ensuite sa descente dans les bas-fonds. D'abord les braises, puis un feu continu et dévorant. Elle adopte à la fois un ton intime (je) et un ton extérieur (elle), qui ne désavoue ni ne juge.
« Comment en un plomb vil l'or pur s'est-il fondu ? ».
Une curiosité inattendue l'attire vers un homme laid qui se trouve à l'aise dans tous les milieux. Avec lui, elle découvre les facettes inconnues d'une Inde multiforme, les turpitudes et les trafics, et sa propre déchéance.
Quant à son partenaire, elle voit enfin ses différents visages.
Derrière cette aventure personnelle, la tentation commune à plusieurs filles de son âge d'échapper à des milieux artificiels et contraignants. Malaise d'une génération, et aveuglement social.
En arrière plan, Delhi, et une Inde moins connue, la vie intense et violente, des bruits et des odeurs, le décor poétique et délétère d'un univers morbide et trompeur.
On ne quitte pas ce livre, séduit par l'aventure et la violence des émotions brouillonnes que transmet une écriture très maîtrisée.
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Je suis interrogative à la fin de cette lecture. D'ailleurs, ai-je bien atteint la fin ? Tout devient tellement confus que je finis par ne plus savoir où est l'héroïne ni où elle en est. Il faut dire que le parti pris de flash backs désordonnés ajoute à cette confusion, passé, présent, futur, histoires parallèles, certes bien des auteurs font ce choix consistant à entremêler les époques pour plus de suspens ou de profondeur ou de je ne sais quoi, mais là c'est trop ….
On finit par se lasser, d'autant plus qu'on a affaire à une héroïne qui n'attire pas franchement l'empathie. OK elle a perdu sa mère. OK elle a eu un père absent. OK elle rencontre un type plutôt moche mais riche, plutôt désoeuvré mais qui va lui apprendre la transgression, lui faire fumer des joints et sniffer de la coke, et les 32 ou 33 positions du Kama Sutra ne sont rien à coté de leurs enlacements torrides. A part çà, quand le type se saoûle, casse la vaisselle et cogne dans les murs.... on a envie de crier Arrêtez les dégâts ! Car à aucun moment on ne voit où l'auteur veut en venir.
Je serai franche : si j'ai tenu jusqu'au bout, c'est pour Delhi. Voici longtemps que je n'y suis pas retournée, dans cette ville démesurée, polluée, abîmée, oppressante et écrasante et en lisant ce livre j'ai compris combien Delhi me manquait. Je me suis revue dans le Lodi Garden enchanteur, j'ai à nouveau arpenté, éblouie et secouée, les ruelles de Chandni Chowk et les échoppes de Pahar Ganj, et je me suis laissée porter par l'incroyable émotion qui m'avait saisie devant la tombe d'Humayun et que j'ai retrouvée entre les lignes, avec force et nostalgie.
Alors si ce livre a eu sur moi un seul effet positif, c'est bien de me donner envie de retourner à Delhi.
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La narratrice est une jeune femme un peu déboussolée. Agée de 20 ans, elle vit chez une tante après le décès de sa mère. Son père, parti il y a des années travailler à Singapour, l’a abandonnée.
Elle suit des études de littérature à l’université de New Delhi, sa ville de résidence. Elle n’a pas vraiment d’amis, elle se sent plutôt décalée car elle n’a pas les mêmes centres d’intérêts que les jeunes filles de son âge, à savoir se trouver un mari.
D’ailleurs, elle a refusé tous les prétendants proposés par sa tante. Dans la société fermée indienne, pétrie de conventions, elle ne peut exprimer ses véritables opinions.
Un jeune, un peu plus âgé qu’elle, va un jour la dévisager dans un café : « On m’a souvent dévisagée, bien sûr ; c’est comme ça ici, c’est ce que font les hommes. Tous les jours, d’une porte à l’autre, à bord des bus, en marchant sur les gravas qui encombrent les bas-côtés, dans les embouteillages, aux feux rouges. Regards d’incompréhension, de luxure, de fureur, de désir triste, si vides et inexpressifs que c’en est tantôt terrifiant, tantôt pathétique….Mais dans ses yeux à lui, il y a la promesse d’autre chose. »
Il est passablement laid mais quelque chose chez lui l’attire, comme le papillon de nuit attiré par la lumière. Et la jeune fille va se brûler les ailes. Il l’initiera au sexe, à l’alcool, aux drogues. Elle va définitivement se perdre et gâcher sa vie.
Deepti Kapoor a écrit là un excellent premier roman. Sa construction d’une succession de courts paragraphes nous donnerait presque le tournis, reproduisant si bien l’agitation, la foule de New Delhi. Ce n’est pas tellement l’histoire qui importe mais la description de la société actuelle indienne avec toutes ses contradictions et ses contrastes.
Elle nous parle de la réalité de son pays sans concession : « Aujourd’hui, je repense à Holi (la fête des couleurs) dans Delhi. La première année, refus têtu de sortir alors que les hommes boivent du Bhang et s’aspergent furieusement. Les ennuis sont vite arrivés. Sperme teint en une douzaine de nuances. Le tout sous couvert de couleurs. Au marché, la quête d’une proie, l’amoureux éconduit, l’amant rejeté. Le tout sous couvert d’amusement. ».
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Kapoor depti, a bad character, Jonathan Cape, London.
A suivre l'itinéraire de cette jeune fille indienne en rupture avec un milieu très conformiste, on comprend le scandale provoqué par cette histoire : une collégienne timide et solitaire parcourt les bas fonds de Delhi, elle découvre des « gens peu recommandables » et des pratiques délétères, voire mortifères.
Via la fréquentation d'un adulte laid, repoussant mais enjôleur, elle qui ne peut trouver un avenir à sa guise, se laisse séduire par l'expérience et le passé « occidental » de son amant. On comprend, plus vite qu'elle, à quel point elle fait une sale expérience, à ses risques et périls.
« Delhi is no place for a woman in the dark unless she has a man and a car or a car and a gun. »
La violence et la mort sont l'avers d'une vie policée imposée à toute sa génération.
Delhi, ville de contrastes et d'ambiguïtés, révèle ses ruelles pestilentielles, ce cadre pue la mort et la déchéance, autant individuelles que collectives. La narratrice parcourt en voiture les mauvais quartiers, de nuit, à grande vitesse, sans respecter les codes ou les interdits, en compagnie de son imprévisible compagnon, sorte de mauvais ange, Shiva destructeur dont elle serait la Parvati.
On vit leur équipée, sous le signe d'un feu violent qui les consume. le vocabulaire se précipite et s'accumule, présence multiforme de la ville. J'aime ces brefs aperçus qui relèvent d'une violente poésie urbaine.
The city is close to me, I think I know it. Millions of lives, hearts, lungs, arms flailings and stabbing, begging beating, pleading, praying, pushing gums against teeth, teeth against flesh, tongues lolling, bodies rubbing in the dark drunk, fraying, frayed hems on clothing, loose, stitches, goats chickens, one great cry the scent of it, the red dust and diesel in my nostrils and my mouth. I think I know it all. Then it ends.
La succession de courts paragraphes s'impose pour des visions fragmentées qui alternent, mêlant les époques et les situations, le moment présent et le souvenir, le temps de l'illusion et celui de l'analyse, le ravissement et désenchantement. le JE et le Elle, la proximité vécue et la distance du souvenir ou de l'écriture. La vie vue à travers les éclats d'un miroir brisé.
Voilà pourquoi lire ce livre en anglais est essentiel, on y vit mieux l'intensité des sensations, des émotions, l'inattendu et les excès des situations.
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assez dur comme livre mais interressant
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Ce livre a été une grosse déception. le résumé était très alléchant et promettait une histoire originale. Au lieu de cela, j'ai été très vite gênée par l'écriture. En elle-même la qualité n'est pas atroce et est lisible, mais tout ces sauts dans le temps et ces interruptions du récit sont insupportables. Si encore elles étaient justifiées par un besoin de la narration, mais ce n'est pas le cas. Un fil simple aurait largement suffit et aurait sauvé le roman.
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