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Critique de Gribouille_idf


Kapuscinski a observé, examiné et rencontré « Cet Autre » qu'il décrit avec tant de passion. Difficile à définir, il tente de circonscrire l'Autre selon les cultures et les représentations de chaque époque, et il partage ses impressions dans ces quatre conférences qui constituent l'essentiel de ce précieux petit livre. Pour cela, il s'appuie sur ses voyages, ses observations, ses rencontres, mais aussi sur une quantité de lectures philosophiques, anthropologiques, sociologiques et littéraires: Emmanuel Lévinas, Joseph Tischner, José Ortega et Grasset, Simmel, Sapir, Rivers, Radcliffe-Brown, Evans-Pritchard, Malinowski, Rousseau, ...
Ce livre est avant tout une réflexion, reposant sur du vécu et non du fantasme ou de l'imagination, reposant sur les rapports de domination entre Hommes. Kapuscinski le dit lui-même : « Conquérir, coloniser, dominer, soumettre sont des réflexes qui se répètent dans l'histoire du monde. L'esprit humain ne parvient à la notion d'égalité que tardivement, des millions d'années après l'apparition des premières traces de l'homme sur Terre. » Il faut donc se donner comme but l'égalité entre les hommes. Encore aujourd'hui, cette égalité semble bien loin des réalités vécues par les peuples (des pays développés compris). Il reste un long chemin à parcourir, d'aucuns diront que nous nous éloignons de ce but, avant d'arriver à ce qui était recherché au 17ème et au 18ème siècles par certains philosophes; notamment Albrecht von Haller : « Il n'existe rien de tel pour dissiper les préjugés que la connaissance de nombreux peuples aux coutumes, aux droits et aux opinions différentes: la diversité qui, au prix d'un petit effort, nous apprend à rejeter ce par quoi les hommes se différencient et, par la voix de la nature, à remarquer ce en quoi tous les peuples sont compatibles: car les premiers droits de la nature sont les mêmes pour tous les peuples. N'offenser personne, reconnaître à chacun ce qu'il lui revient … » Pour cela, il est nécessaire d'aller vers l'Autre et de provoquer cette rencontre. Il faut s'efforcer de connaître la vision du monde de mon Autre, de la comprendre pour mieux l'appréhender. Selon Kapuscinski, cette connaissance passe par trois composantes : la couleur de la peau (autrement dit la « race »), le nationalisme et la religion. Une fois ces caractéristiques prises en compte, le dialogue peut se faire. La communication peut avoir lieu. La relation à l'Autre est alors possible sans haine ni tragédie. Et c'est ainsi que j'appréhende mon Autre; avec ouverture et humilité. Puisse cette philosophie du dialogue inspirer nos gouvernants …
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