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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Neuf contes glaçants sous forme de BD. Neuf histoires qui épinglent les travers de nos sociétés.

Quand l'individu s'efface il ne reste plus qu'une masse ; une grosse pierre que l'on porte à bout de bras comme un fardeau. Ou bien c'est le piège des réseaux sociaux qui nous happent sur nos écrans. Que deviennent la liberté, la légèreté, la solidarité, l'art, ou tout simplement la vie quand on ne sait plus ouvrir les yeux ?

On frissonne en regardant les dessins d'Ersin Karabulut et en lisant ses dialogues coupants. Et en même temps on se dit tant mieux, la liberté de son art arrive à transpercer la glace, malgré les bâtons qu'elle trouve sur sa route, dans bien des pays où la parole se voudrait monochrome. Sombre.

Et, même là où l'on se pense si libre, les réseaux sociaux nous enferment, comme des moutons dans un pré gris. On ne pense plus que par troupeaux, on ne s'exprime plus que par un pouce. À force on pourrait bien devenir une simple donnée, lavée de toute réflexion autonome. On achète, on pense, on vote ce qu'on nous incite à penser, acheter, voter.

Alors lisez, lisez, lisez encore et encore ce qui vous tombe sur le coeur, au fil de vos voyages sur Babelio, là où, espérons-le, la publicité ne nous avalera pas tout crus.

Je ne connaissais ni l'Éditeur Fluide Glacial ni l'auteur Ersin Karabulut. Une bonne découverte.
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Voilà une BD originale qui fait réfléchir.
Cet album est composé de 9 contes que j'ai dégusté avec grand plaisir même si certains m'ont moins plu que d'autres. Ils ont cependant tous la qualité d'interpeller, d'étonner, de donner des frissons et de faire peur. Peur car il s'agit de contes d'anticipation mais le regard de Karabulut sur la société n'est malheureusement pas si éloigné de la réalité.
Ercin Karabulut dénonce le système, les politiques qui décident tout, le totalitarisme, la pensée unique, gare à celui ou celle qui osent faire ou penser autrement!
Je me suis vraiment régalée. Cette BD engagée, use de métaphores superbement bien choisies, d'humour noir et de situations qui peuvent paraître complètement loufoques mais qui en réalité ne sont pas si éloignées de notre réalité.
C'est vraiment excellent. Comment ne pas penser à Georges Orwell ou encore Kafka ?
Les dessins sont eux aussi percutants et étonnants. Là aussi j'adhère.
Je me suis un peu documentée sur Ersin Karabulut qui est un artiste Turc.
J'ai donc découvert qu'il est entre autre, à l'origine d'un hebdomadaire d'humour, prestigieux en Turquie. J'apprends également avec plaisir qu'il a publié en 2018 "Contes ordinaires d'une société résignée "et en 2022 "journal inquiet d'Istanbul". Ces deux albums sont bien sûr allés directement dans mon pense bête.
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Ersin Karabulut est un dessinateur turc qui s'est lancé en 2018 dans la bande dessinée avec ces premiers « Contes ordinaires », des récits d'anticipations illustrés interrogeant notre société et notre rapport à la technologie, à la politique ou tout simplement aux autres. La démarche est la même dans « Jusqu'ici tout allait bien » qui regroupe neuf nouveaux contes mettant en scène des gens ordinaires dont la vie va être bouleversée par un événement totalement inattendu. Ce peut être une petite fille qui décide de ne plus se soumettre aux règles imposées par la société, ou une femme dont l'enfant grandit en son sein sans pouvoir sortir, ou encore un homme qui découvre que son fils lui ressemble décidément beaucoup trop. le ton est cru, la morale souvent cruelle, et l'intrigue comme les illustrations provoquent l'un et l'autre un profond sentiment de malaise chez le lecteur. Un sentiment dont sont familiers les spectateurs de « Black mirror », série télévisée à succès basé sur le même principe : des petites nouvelles de science-fiction mettant en scène un futur à la fois familier et inquiétant dans lequel les nouvelles technologies occupent généralement une place prépondérante. Les contes d'Ersin Karabulut présentent ainsi de nombreux traits communs avec la série, qu'il s'agisse de la volonté de s'emparer de sujets de société, mais aussi de mettre en scène des personnages ambigus et à la moralité douteuse, ou encore de proposer des conclusions profondément dérangeantes. Les dessins sont à l'avenant puisque les personnages ne sont vraiment pas à leur avantage et sont représentés un peu comme des caricatures (gros nez, bouche ridiculement petite, coiffures ou vêtements démodés ou informes…). Loin de rebuter, ce choix participe lui aussi à la fascination un peu malsaine du lecteur qui voit évoluer avec un mélange de curiosité et de dégoût ces protagonistes souvent très ordinaires dont le rôle alterne entre celui de victime et de bourreau.

Certains récits abordent la question des relations familiales, notamment celle entretenue entre parent et enfant, mais absolument pas d'un point de vue attendrissant ou consensuel. Dans « Deux en un », l'auteur met en scène un enfant coincé dans le ventre de sa mère (qui ne possède pas d'orifice pour le faire sortir) et qui va volontairement lui faire vivre un calvaire, tandis que dans « Le fils de son père » on assiste à l'implosion d'une famille dans laquelle le fils veut (et peut) prendre la place du père. Les propos de l'auteur sont cela dit plus souvent politiques, ce qui l'amène à traiter de sujets d'actualité tels que la servitude volontaire, le conditionnement, le contrôle de plus en plus important qu'exercent sur nous et nos sociétés les géants du numérique, ou encore la montée inquiétante du conservatisme. Pour aborder ces thématiques, Ersin Karabulut mobilise la science-fiction et imagine aussi bien des sociétés futuristes sur le point de basculer que des individus révoltés broyés par le poids des obsessions de leurs concitoyens. Dans le bouleversant « Sans gravité », l'auteur met en scène un monde dans lequel tout à été privatisé, de l'air à l'eau, en passant par le poids des individus : tout ce qu'il reste à ceux n'ayant pas la chance de pouvoir s'acheter une vie, c'est de la perdre tous ensemble. Dans « Dot », on suit cette fois une jeune femme de plus en plus agacée par le fait que son mari dénigre sa marque préférée et refuse tous les gadgets technologiques à la mode dont elle raffole. Ça tombe bien, « Dot » propose justement à ses fidèles clients de s'occuper de leur entourage récalcitrant, et se lance même dans le gouvernement d'états en sous-traitance ! « L'âge de pierre », conte chargé d'ouvrir le recueil est finalement celui qui résume le mieux l'ensemble de l'ouvrage puisqu'on y retrouve tout ce qui fait son charme et sa force : un propos politique intelligemment amené et une intrigue qui éveille une multitude d'émotions chez le lecteur, de la tristesse au dégoût en passant par la colère et l'effarement. Un vrai tour de force !

Ersin Karabulut signe avec ces nouveaux « contes ordinaires » un ouvrage qui s'apparente pour le lecteur à un véritable uppercut. Difficile en effet de rester de marbre à l'évocation de ces futurs dérangeants et de ces révolté(e)s brisé(e)s. Tour à tour loufoques ou émouvants, improbables ou réalistes, les neufs contes au sommaire ne laissent en tout cas jamais indifférents et poussent le lecteur à réfléchir à des sujets et des comportements déplaisants mais sur lesquels il est parfois urgent de se pencher. Voilà une lecture à ne pas rater pour les amateurs de bande dessinée comme de science-fiction !
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Ersin Karabulut auteur turc signe un album graphique fait de plusieurs nouvelles aussi géniales que terrifiantes. Il s'empare de thèmes qui font résonance avec notre époque. Une justesse de ton qui provoque réflexion et admiration, tant chaque histoire nous interpelle, nous touche ou nous horrifie. Publié par Fluide Glacial, "Jusqu'ici tout allait bien" est une vraie réussite. Découvrez cet auteur qui m'a saisit avec brio et force.
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Neuf contes qui sonnent comme un avertissement. Neuf allégories bâties sur un aspect de nos sociétés modernes. D'un monde où chacun porte sa pierre à celui où il est nécessaire de payer l'air qu'on respire. Ces contes fictifs pleins d'une vérité qui s'annonce sont courts et d'autant plus percutants. Les tragédies se vêtissent d'une palette de couleurs parfois chatoyantes car les meilleures intentions mènent souvent, hélas, au pire.
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J'ai connu cet auteur turc avec son roman graphique autobiographique « Journal Inquiet d'Istambul » où il décrit déjà les changements dans la société turque, ses dérives et la suppression des libertés (notamment artistiques). Je vous le recommande.
Dans cet ouvrage, à travers plusieurs petites histoires, il aborde de façon décalée les dérives de notre société : société de consommation, racisme, peur de l'autre, terrorisme, sectarisme, religion… c'est intelligemment et originalement évoqué à travers des situations ubuesques et presque effrayantes.
J'ai particulièrement été interloqué par l'histoire de sa soeur et cette pierre (ce poids) que porte chaque habitant depuis son enfance. Une pierre qui représente le poids de la religion, des coutumes et de surtout ne pas sortir du moule. « Le monde d'Ali » est une histoire aussi marquante sur l'intolérance, le racisme qui gangrène la société jusqu'à toucher tout le monde même ceux qui pensent y être insensible et avec un terrorisme qui y trouve sa source.
Bref, une oeuvre décalée mais Ô combien pertinente et intelligente.
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Avec une ambiance "Black Mirror", ces contes percutent et questionnent sur notre devenir. Angoissant et excessivement bien réussi !
Et quel bonheur de découvrir un auteur de Bd turc !
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Une très bonne découverte ! Je recommande vivement cet auteur
Si certains contes provoquent une gêne ou un malaise, ils apportent tous une très bonne base de réflexion sur certaines problématiques
Le premier conte sur l'obscurantisme "L'âge de pierre' est un vrai choc.
Excellent !
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Je suis ravi de découvrir le travail d'Ersin Karabulut avec Jusqu'ici tout allait bien qui est son deuxième recueil de contes d'anticipations parfois cruels, parfois absurdes après un premier album sorti en 2018 Contes d'une société résignée et également publié chez Fluide Glacial. Je ne connaissais donc pas le travail de ce dessinateur turc co-fondateur d'une revue satyrique et, justement, dans le domaine de la satire, Ersin Karabulut n'est ni plus ni moins qu'un orfévre

Alors autant prévenir, c'est tout de même radical. Il ne faut pas se fier à l'identité "fluide glacial", la bd d'Ersin Karabulut peut manier un certain humour noir mais c'est avant tout une redoutable brique de désespoir et de rage qui nous tombe sur la figure. Ses contes sont des contes amers, parfois tragiques. le ton est à la fois tranchant, stylé et intelligent. Fluide glacial a déjà manier de l'humour noir dans l'ensemble mais dans ces contes, l'humeur n'est pas vraiment au rire ou alors c'est un rire gêné et délicieusement grinçant pas vraiment porté sur le gag grossier.

Pour poser ses intrigues, Karabulut joue étroitement la carte de l'absurde , il fissure la frontière entre réalité et métaphore. Par exemple, le premier conte nous raconte une société dont chaque membre porte à bout de bras une pierre, un poids qui est vénéré et qui accompagne chaque personne du début à la fin. La curiosité, l'humour absurde qui ouvre ce premier conte laisse rapidement la place à une critique, une satire audacieuse contre un régime totalitaire et ce à travers les yeux d'une jeune fille qui souhaite déposer sa pierre. le final n'en est que plus glacial.

Les autres contes n'en sont pas moins percutants. On peut relever le chapitre" le monde d'Ali" qui est un pamphlet contre le régime conservateur avec une curieuse maladie "l'alification" qui uniformise physiquement les gens dans une espèce de caricature de réactionnaire ou encore l'excellent chapitre " Histoire pour enfants" qui joue étroitement avec le style de dessin pour mieux mettre en relief des personnages en 2D et montrer leur évolution. Non content d'être un redoutable conteur, Ersin Karabulut est aussi un dessinateur au style soigné. Les traits des personnages sont assez captivants oscillant entre de la caricature, du grotesque tout en étant net. le dessinateur propose un dessin expressif , tantôt désespéré, tantôt grimaçant qui s'harmonise parfaitement avec la folie de ces contes amères, de ces pamphlets graphiques sur les tares d'une société. C'est également un style pluriel. On le voit sur certains chapitres comme Pile ou Face dans lequel l'auteur avec une opposition entre deux mondes grâce à deux palettes de couleurs différentes ou le dessin plus cartoonesque d'Histoires pour enfants qui devient plus précis et sophistiqué par la suite. Il en demeure une colorisation que j'ai trouvé assez froide voire livide dans l'ensemble mais qui renforce justement l'amertume de ces contes satiriques.

Avec Jusqu'ici tout allait bien, c'est tout simplement la découverte d'un auteur satyrique et contestataire ultra-talentueux.... Ce recueil de courtes histoires est mordant et grinçant du début à la fin. L'humour noir et l'absurde s'éclipsent facilement devant ces récits d'anticipations allégoriques menés de main de maître par ce génial auteur turc Ersin Karabulut.

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Dans la lignée de son précédent album, Contes ordinaires d'une société résignée, Ersin Karabulut m'a de nouveau offert un moment de lecture éprouvant.
Ce chef de file de la BD satirique turque nous propose en effet 9 nouveaux contes cruels.


Maîtrisant à la perfection la dystopie, il continue de nous interroger sur la société telle qu'on la connait en partant d'une situation souvent ubuesque pour en imaginer les conséquences les plus extrêmes.
Que se passerait-il, en effet, si le gouvernement nous apprenait à vivre dès la naissance avec une pierre ne devant jamais au grand jamais être posée? Si un bébé ne pouvant pas naître (et s'avérant être un vrai connard) grandissait indéfiniment dans le corps de sa mère ? Si on finissait par privatiser l'oxygène, voir même la pesanteur ?


Au milieu du cynisme et de la férocité du monde dénoncé, une thématique revient comme un écho : la famille. Parfois, mais rarement, présentée comme le dernier cocon protecteur face à tant d'absurdité, le foyer est plus majoritairement une source d'angoisse, de danger, et les personnages se rendent compte qu'ils n'y trouveront pas le refuge espéré.
Toujours aussi violent et dérangeant, Jusqu'ici tout allait bien... est aussi teinté d'un humour extrêmement noir.


La qualité graphique de l'ouvrage est en outre excellente. L'auteur possède un trait varié mais toujours d'une finesse inouïe, et dessine particulièrement bien une foultitude de visages dont les expressions peuvent refléter de l'angélisme le plus sincère jusqu'à l'immoralité la plus crasse.


Comme son précédent album, Jusqu'ici tout allait bien... est pour moi un vrai coup de coeur, confirmant mon envie sincère de voir Ersin Karabulut être encore plus lu et reconnu.
Lien : https://unspicilege.org/inde..
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