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EAN : 9782825109939
178 pages
L'Age d'Homme (13/06/2001)
3.94/5   8 notes
Résumé :
Traduit du tchèque par Michel-Léon Hirsch

L’Ulysse de Karel Capek s’appelle Hordubal. A son retour des États-Unis, son village ne le reconnaît pas. Il fait peur. Il est de trop. Roman paysan, roman de mœurs, roman d’un crime, Hordubal est un chef-d’œuvre de la tragédie en milieu fermé, qui nous fait remonter à la source des passions élémentaires de l’homme. (1re édition 1975).

180 pages.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Depuis quelque temps, les livres de Karel Čapek (1890-1938) connaissent un regain d'intérêt en France. Les libraires mettent souvent en avant « La guerre des salamandres », un conte philosophique entre science-fiction et politique-fiction, et « L'année du jardinier », un véritable almanach à l'ancienne, plein de conseils poétiques et fantaisistes, et d'illustrations amusantes.
Mais certainement moins connu est son « Hordubal », qui s'appuie sur un fait divers authentique.

J'ai lu plusieurs livres de Karel Čapek jusqu'ici, mais je ne m'attendais pas à cette découverte ! Je l'ai trouvé totalement différent de tous ceux que j'avais lus précédemment. Je trouve qu'il n'est pas courant de rencontrer chez un écrivain cette facilité à passer d'un genre à l'autre.
Avec « Hordubal », j'ai eu un vrai choc littéraire !
C'est un récit tragique d'une grande splendeur !

Hordubal est le nom de famille du personnage principal de ce roman, un héros qu'on pourrait comparer à Ulysse. Sa voix nous accompagne tout au long de la 1re partie, pendant plus des deux tiers du livre.
Juraj Hordubal rentre dans son pays, à Kriva, un petit village de Bohème, au bout de huit ans d'absence, pour y retrouver sa femme Polana et sa petite fille, Hafie, et puis aussi sa ferme, son village, ses amis.
« Juraj Hordubal marche à grands pas, insouciant de sa valise et des huit ans écoulés. Voilà le chemin du pays que l'on descend sans mal comme font au crépuscule les bêtes aux pis lourds dans le cliquetis des colliers. »

Pendant toutes ces années, il était en Amérique, où il a travaillé dur comme mineur pour extraire du charbon. Là-bas, il ignorait la langue, on a largement exploité sa naïveté, et on lui a même volé ses économies (3 000 dollars) ! Mais Juraj est un optimiste, il lui reste 700 dollars, et il considère qu'il a suffisamment encore pour voir venir… de plus, quand il était en Amérique, il n'a cessé d'envoyer de l'argent à sa femme pour lui rendre la vie plus agréable. Dans le train qui le rapproche de son village et des siens, Hordubal éprouve une joie enfantine à l'idée de retrouver sa terre natale.
Il est persuadé que sa femme l'attend impatiemment. Il pense continuer tout simplement là, où la vie s'est interrompue il y a des années…

Mais étrangement, quand il arrive devant sa maison, sa femme l'accueille on ne peut plus froidement, et sa petite fille qui n'avait que trois ans quand il est parti, ne le reconnaît pas et a peur de lui. Hordubal, qui aime sa femme, est désemparé. Mais il est convaincu, au fond de lui-même, que Polana est un exemple de fidélité conjugale et qu'elle reviendra bientôt vers lui.

Mais il est bien naïf. Sa femme en son absence a embauché un valet de ferme, avec lequel elle le trompe. Tout le monde le sait dans ce microcosme qu'est son petit village, les commérages vont bon train et on n'aime pas quand l'ordre est troublé. Polana, ayant consommé l'adultère, a récolté la malédiction de tous les villageois. Néanmoins, Juraj Hordubal, contre toute logique, se refuse à le croire, parce que lui est fidèle, bon, généreux et aimant, un peu trop même !

« Hordubal » est un roman très psychologique. On suit les pensées intérieures de Juraj, avec son côté soi-disant « mondain », de quelqu'un qui a vu le monde, revenu avec quelques mots d'anglais…
Čapek décrit de manière admirable les retrouvailles d'Hordubal avec sa terre et ses racines, après des années du mal du pays. Ses parties-là, au vocabulaire riche et poétique m'ont particulièrement plu. Elles m'ont fait penser à des passages de romans de Jean Giono.
Comme Giono, Čapek sait nous parler de l'essence même des êtres humains, et particulièrement de ces paysans qui obéissent à des règles strictes et primaires.

Mais revenons au récit…
Juraj Hordubal est un homme patient, humble, qui espère, qui sait attendre… jusqu'au jour où la situation devenue tellement tendue, il finit quand même par chasser de chez lui le valet de ferme, Stepan, un jeune plein de fougue et arrogant, qui se moquait de lui.
Et à partir de ce moment-là, les choses vont vraiment mal tourner, car il y aura mort d'homme !
Je ne vous en dirai pas davantage, sinon qu'une enquête policière sera menée avec beaucoup de subtilité grâce au bon sens des villageois, avec des révélations inattendues…

« Hordubal » est un grand livre, savamment composé, et d'une grande richesse linguistique.
Il s'agit bien d'une tragédie où l'on trouve des hommes frustes et brutaux, mais aussi des hommes justes et des indifférents. Karel Čapek, selon ses propres termes, opposait « la face cachée mais véritable de l'homme et de sa vie intérieure à l'image déformée et inexacte que se font de lui-même ceux qui ne lui veulent pas de mal. »
Avec ce récit, Karel Čapek nous invite à penser que notre connaissance des gens se limite très souvent à nos propres projections.

Čapek nous plonge dans l'intimité de l'homme. Il évoque les détails les plus infimes de la psychologie humaine, en mettant en scène des gens simples, des héros qui mènent une vie ordinaire, mais dont le destin ne pose pas moins des questions fondamentales sur l'existence.
Ces héros voient les mêmes faits d'une façon différente. Chacun d'eux a sa propre vision des événements, sa propre vérité. La vie, pour Čapek, n'est pas unilatérale. Elle peut être interprétée de différentes manières.
Ce roman intrigue en ce qu'il propose deux angles de vue différents, confrontation entre imaginaire et réalité.

Dans ce livre, on sent l'intérêt profond qu'éprouve Čapek pour la vie des gens. Sa grande sensibilité psychologique, son empathie, son humanisme, la précision de son langage et la beauté discrète de son style font qu'il reste toujours avec nous comme s'il était notre contemporain !

A noter qu'un film a été réalisé en 1980 à partir du roman « Hordubal » et qu'une pièce de théâtre a aussi été adaptée de ce drame.
En moins de deux ans, entre 1933 et 1934, Karel Čapek a publié une trilogie romanesque : « Hordubal », « le Météore » et « Une vie ordinaire ».
Ayant eu un énorme plaisir de lecture avec « Hordubal », je ne manquerai pas de découvrir les deux autres livres de cette trilogie psychologique !
Et « Hordubal » mérite un évident 5/5 !
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Hordubal est un roman court de l'auteur tchèque Karel Capek et fait partie d'une trilogie. le roman est écrit en 1933 et raconte l'histoire d'un émigrant tchèque qui revient d'un séjour de huit ans aux Etats-Unis, où il a travaillé dans les mines de charbon pour entretenir financièrement sa femme et sa fille. Avant son départ, il élevait des vaches à son humble ferme. Pendant le voyage du retour, le lecteur suit ses monologues intérieurs. Hordubal est analphabète et ne savait pas parler l'anglais couramment. Une fois arrivé dans son village, il est accueilli par sa femme Polana avec froideur. Sa fille a même peur de lui. Et puis, il y a ce jeune valet de ferme qui a pris sa place. Dans le premier livre, l'histoire est racontée par Hordubal. le langage est lardé de mots anglais et d'argot. Dans le deuxième et le troisième livre, qui sont courts et font office d'épilogues, les évènements sont racontés d'abord par la police et ensuite par le tribunal, où Polana et le valet sont jugés pour meurtre d'Hordubal. Capek parvient dans à peine 180 pages à nous peindre la réalité depuis trois points de vue. Ainsi, pour Hordubal, Polana reste la femme de sa vie, malgré son comportement peu respectueux à son égard. En revanche, le tribunal dépeint la femme comme laide et avide de l'argent d'Hordubal. La structure du roman me rappelle un peu L'étranger de Camus.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le voilà chez lui tout à coup, il lui a suffi de faire un pas au-delà de ce ravin pierreux pour être inondé de sensations familières (..) voilà le rocher paré de mousse de gentiane et de genévrier, voilà la lisière du bois, les bouses de vache durcies et le chalet abandonné. L’Amérique est oubliée, et les huit années se sont évanouies. Le scarabée luit comme jadis sur la tête du charbon, et comme jadis voilà l’herbe glissante et les tintements lointains des clochettes des bêtes, ce renflement de collines au-dessus de Kriva, les pointes brunes du carex et la route qui mène chez soi. Et c’est la route accueillante aux pieds tendres et aux sandales, qui sent bon la vache et les arbres, la route tiède comme un four à pain, la route de la vallée et des troupeaux, semée de pierres, mouillée par les sources fantasques.
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