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Citations sur La guerre des salamandres (65)

Il n’y a pas de doute que le monde des salamandres sera plus heureux que ne l’était celui des hommes ; il sera uni, homogène, régi par un même esprit. Les salamandres ne se distingueront pas des salamandres par la langue, les opinions, la foi ou les exigences. Il n’y aura entre elles ni distinctions de classe ni de culture, seulement une division du travail. Il n’y aura ni maître ni esclave, car tous seront au service de la Grande Entité de Salamandres qui sera le dieu, le roi, l’employeur et le guide spirituel. Il n’y aura qu’une nation et une classe. Ce sera un monde meilleur et plus parfait que ne l’était le nôtre. Ce sera le Seul Nouveau Monde Heureux possible. Allons, cédons-lui la place ; l’humanité qui s’éteint ne peut déjà plus rien faire d’autre que de hâter sa propre fin en lui donnant une beauté tragique pour autant qu’il ne soit pas déjà trop tard.
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- Comment vous appelez-vous ?
R. Andrew Scheuchzeri.
- Quel âge avez-vous ?
R. Je ne sais pas. Voulez-vous rester jeune ? Portez la gaine Libella.
- Quel jour sommes-nous ?
R. Lundi. Beau temps, Monsieur. Samedi, Gibraltar courra à Epsom.
- Combien font trois fois cinq ?
R. Pourquoi ?
- Savez-vous compter ?
R. Oui, Monsieur. Combien font dix-sept fois vingt-neuf ?
- Laissez-nous poser les questions, Andy. Nommez des fleuves anglais.
R. La Tamise.
- Et encore ?
R. La Tamise.
- Vous n'en connaissez pas d'autres, non ? Qui règne en Angleterre ?
R. King George. God bless him.
- Très bien, Andy. Quel est le plus grand écrivain anglais ?
R. Kipling.
- Très bien. Avez-vous lu ses ouvrages ?
R. Non. Que pensez-vous de Mae West ?
- Nous préférons vous poser des questions, Andy. Que savez-vous de l'histoire d'Angleterre ?
R. Henri VIII.
-Que pouvez-vous nous dire de lui ?
R. Le meilleur film de ces dernières années. Décors splendides. Spectacle sensationnel.
- Vous l'avez vu ?
R. Non. Voulez-vous connaître l'Angleterre ? Achetez une Baby Ford.
- Qu'aimeriez-vous voir le plus, Andy ?
R. La course Oxford-Cambridge, Monsieur.
- Combien y a-t-il de continents ?
R. Cinq.
- Très bien. Pouvez-vous les nommer ?
R. L'Angleterre et les autres.
- Quels sont les autres ?
R. Ce sont les Bolcheviks et les Allemands. Et l'Italie.
- Où se trouvent les îles Gilbert ?
R. En Angleterre. L'Angleterre n'ira pas se lier les mains sur le continent. L'Angleterre a besoin de dix mille avions. Visitez la côte sud de l'Angleterre.
- Vous nous permettez de regarder votre langue, Andy ?
R. Oui, Monsieur. Utilisez le dentifrice Flit. Économique, anglais et le meilleur. Voulez-vous avoir une haleine parfumée ? Utilisez ...
- Merci, ça suffit. Et maintenant dites-nous Andy ...

Et ainsi de suite. Le procès-verbal de l'entretien avec Andy comptait en tout soixante pages et fut publié dans The Natural Science. En conclusion, la commission de spécialistes résuma ainsi les résultats de son expérience :

1. Andrias Scheuchzeri, une salamandre du Zoo de Londres, sait parler bien que d'une voix un peu chevrotante ; elle dispose d'environ quatre cent mots ; elle ne dit que ce qu'elle a lu ou entendu. Il n'est pas question de pensée indépendante. Sa langue est assez mobile. Vu les circonstances, nous n'avons pas pu examiner ses cordes vocales de plus près.
2. Cette même salamandre sait lire, mais seulement les journaux du soir. Elle s'intéresse aux mêmes sujets que l'Anglais moyen et réagit d'une manière analogue, c'est à dire selon les idées reçues. Sa vie intellectuelle, dans la mesure où elle en a une, se compose de conceptions et d'opinions courantes à l'heure actuelle.
3. Il ne faut absolument pas surestimer son intelligence car elle ne surpasse en aucune façon celle de l'homme moyen de notre époque.
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Nous, les jeunes, nous frayons la voie au futur salamandrisme mondial, nous voulons être les premières salamandres, les salamandres de demain ! Et c’est ainsi qu’on vit naître le mouvement des jeunes poètes salamandriens, la musique tritonique (à trois tons) et la peinture pélagique qui s’inspirait des formes des méduses et des amibes marines dans lesquelles elle trouvait une nouvelle source de beauté monumentale.
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Que dirions-nous si une espèce animale autre que l’homme proclamait que, vu son nombre et son instruction, elle possède seule le droit d’occuper le monde entier et de dominer toute la nature ? C’est donc cette confrontation entre l’histoire du passé humain et l’histoire actuelle qui m’a poussé de force à m’asseoir à mon bureau pour écrire « La guerre des salamandres ». La critique l’a qualifiée de roman utopique. Je m’élève contre ce terme. Il ne s’agit pas d’utopie, il s’agit d’actualité. Ce n’est pas une spéculation sur les choses à venir, c’est un reflet de ce qui est, de ce qui nous entoure. Ce n’est pas une fantaisie ; de la fantaisie, je suis toujours prêt à en rajouter gratis tant qu’on en voudra ; mais je voulais parler de la réalité. Je n’y peux rien, mais une littérature qui n’a cure de la réalité, de ce qui arrive vraiment au monde, des œuvres qui ne veulent pas réagir devant cette réalité avec toute la force dont la pensée et la parole sont capables, cette littérature n’est pas la mienne.
Karel Capek, postface
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C'est là qu'est l'avenir de l'humanité.
Messieurs, les mers recouvrent quatre cinquièmes du globe ; il est certain que c'est trop ; il faut corriger la surface du globe, la carte des mers et des terres. Ce ne sera plus le style du capitaine Van Toch ; nous remplaçons le roman d'aventures de la pêche des perles par l'hymne du travail.
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- Vous vous rappelez, dit M. Bondy plongeant dans ses souvenirs quand vous veniez crier derrière moi : « Juif, Juif, le diable t'emporte dans ses griffes ! »
- Ja, déclara le capitaine et il manifesta son émotion en se mouchant avec un bruit de trompette dans son mouchoir bleu.
- Ach, ja. C'était le bon temps, ça. Ben, on n'y peut rien. Le temps passe.
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Ces rats, là-bas, en Europe, s’imaginent qu’il y a encore des découvertes à faire ici. Bon sang de bon sang, quels crétins ! Ils finiront par me demander de regarder dans les trous de nez des Bataks pour voir s’il n’y a pas de perles dans leur morve.
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La question se pose : L'homme est-il, a-t-il jamais été capable de bonheur ? L'homme certes, comme tout être qui vit, mais pas le genre humain. Tout le malheur de l'homme réside dans le fait qu'il ait été obligé de devenir l'humanité ou qu'il l'est devenu trop tard, quand s'était irréparablement différencié en nations, races, croyances, castes et classes, en riches et en pauvres, en hommes éduqués et en ignorant, en maîtres et en esclaves. Rassemblez de force en un même troupeau des chevaux, des loups, des brebis, des chats, des renards et des biches, des ours et des chèvres ; parquez-les dans un même enclos, forcez-les à vivre dans cette mêlée insensée que vous appelez l'Ordre Social et à respecter les mêmes règles de vie ; ce sera un troupeau malheureux, insatisfait, fatalement divisé, où nulle créature ne se sentira chez elle.
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L'auteur du présent article a été témoin de l'émotion qui s'est emparée des matelots, même les plus endurcis du bateau-réservoir S. S. 14, lorsque deux cent quarante salamandres de qualité supérieure furent saisies de violentes attaques de diarrhée. Ils allaient les regarder avec des yeux qui n'étaient pas loin des larmes et exprimaient leurs sentiments humains avec une rude franchise : « Quel diable nous a envoyé ces salopes-là ! »
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Rassemblez de force en un même troupeau des chevaux, des loups, des brebis, des chats, des renards et des biches, des ours et des chèvres ; parquez-les dans un même enclos, forcez-les à vivre dans cette mêlée insensée que vous appelez l'Ordre Social et à respecter les mêmes règles de vie ; ce sera un troupeau malheureux, insatisfait, fatalement divisé, où nulle créature ne se sentira chez elle
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