L' Ensanglanté: Le papillon de nuit homonyme doit son appellation à ses ailes tâchées de rouge, il devra la sienne à ses mains couvertes de sang.

Certains auraient pensé qu’une jeune femme de mon âge qui avait déjà deux enfants était plutôt quelqu’un de simple, casée rapidement par facilité ou sécurité. Lui avait saisi, sans que je n’aie à lui expliquer, que je n’avais tout simplement pas voulu faire les choses comme tout le monde. J’avais tout fait à l’envers. J’étais là où l’on ne m’attendait pas. C’était la démonstration de mon besoin de liberté et d’action. Il fallait qu’il se passe tout le temps quelque chose. En amour aussi, je recherchais la passion.

J’avais, cependant, une motivation extrême qu’il n’avait pas : mes enfants. Je me rappelais alors l’exploit extraordinaire de cette maman que j’avais vue à la télévision et qui avait soulevé une voiture à la seule force de ses bras pour sauver son enfant coincé en dessous. Pendant plusieurs minutes, avant l’arrivée des secours. Elle avait, littéralement, défié les lois de la nature. A mon tour, il me fallait accomplir un miracle pour m’en sortir et revoir mes enfants. Cette pensée de ne plus retrouver mes loulous était bien plus effrayante que l’évocation de ce que ce monstre avait prévu de me faire.

Il en avait fait du chemin depuis que, tous jeunes, ils droguaient les filles pour s’amuser. Frédéric se chargeait de choisir des filles de son lycée. L’autre préparait un baccalauréat technologique dans un établissement essentiellement masculin. Il mettait la poudre dans leurs verres. Les adolescentes ne se méfiaient pas d’un lycéen. Rapidement, il les faisait monter dans sa voiture et les ramenait dans l’appartement de son cousin, avant qu’elles ne soient trop shootées pour pouvoir marcher. Leur nouvel hobby était de déshabiller les filles quasi-inanimées pour les mater et les prendre en photo.

Ces instincts de voyeur étaient trop forts. Il ne pouvait les refouler. Ces dernières années, il avait commis beaucoup d’atteintes à la vie privée, allant de la filature au voyeurisme. Il avait espionné les toilettes publiques pour femmes, avaient tenté de mettre des caméras dans les vestiaires de la salle de sport

Un peu comme cette logique qui veut que les informations locales nous passionnent plus que les actualités de l’étranger, aussi extraordinaires soient elles.