A ton avis, qu'est-ce que j'aurais dû faire… Elles étaient là, toutes trois, dans cette mustang rouge. Trois nanas,
blonde, brune et rousse dans une décapotable rutilante. La
blonde m'a souri. Forcément, j'y ai cru comme une invitation informelle. La rousse se recoiffait avec son peigne assorti à son short. La brune, belle et bronzée, étalait ses longues jambes sur le tableau de bord. Et cette
blonde, Kristy, elle m'a souri en prenant sa bouteille de pepsi et en se rafraîchissant avec la condensation de la dite-bouteille. Ce que j'aurais aimé être à la place de cette bouteille lorsqu'elle l'a coincé entre ses cuisses.
Elle m'a souri, comme dans un rêve, comme un clin d'oeil. Une invitation, je te le jure. Alors lorsqu'elles sont reparties pour Pine Ridge, je suis remonté dans mon break et les ai suivies. Direction la colo des pom-pom girls. Parce qu'elles étaient belles, ces adolescentes et mon sang s'est fluidifié, les veines en état de surexcitation. Une colo avec que des pom-pom girls, tu images ce truc de ouf ? Même mes rêves n'avaient jamais été aussi loin.
Je me suis caché dans cette forêt du Dakota, je sentais la fumée de ce feu de camps, et les chamallows qui grésillaient sur leurs brochettes. Elles étaient toutes aussi belles les unes que les autres, à part peut-être cette grosse aux cheveux oranges. Une gouine, certainement. Et puis, j'ai revu cette brune aux jambes interminables s'écarter de la lumière avec le maître-nageur. Elle s'est déshabillée, sans peur et sans pudeur. Ils l'ont fait comme des clebs. Cela m'a retourné, chaviré. Étais-je tombé amoureux ?
Laura Kasischke est souvent comparé à
Joyce Carol Oates. Une descendance comme assumée. «
Rêves de garçons » est l'un de ces premiers romans. J'ai perçu aussi cette apparenté, dans le fait de traiter à partir d'un fait divers, presqu'anodin, un drame envoûtant. Si le sujet pouvait de prime abord, paraître superficiel, il se densifie au fil de l'histoire. Les rapports humains s'étoffent, les faits s'angoissent. Impossible de lâcher prise, l'envie de connaître la suite, la fin, tout de suite, comme le voyeur que je suis. Oui, j'ai toujours rêvé secrètement d'être une pom-pom girls aux moeurs légères. Maintenant, je peux me vanter savoir lever la jambe, me regarder dans la glace, et lisser interminablement mes cheveux longs. Je sais qu'il ne faut pas mettre un short blanc le jour des règles, et que l'arrière d'une décapotable ébouriffe mes cheveux.
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